don't make me your enemy /greese

Tenir un blog était un effort beaucoup plus important que ce que l'on pouvait penser. Depuis les années que celui de Bobbi était actif, elle était devenue une vraie femme d'affaire sollicitée de tous les côtés. E-mails, appels, déplacements professionnels; sa vie était rythmée par celle de son blog et ce n'était pas elle qui allait se plaindre. Elle avait mis un frein à tous ses voyages depuis qu'elle avait accouché de James pour pouvoir s'occuper un minimum de lui (elle refusait qu'il la voit comme elle voyait sa propre mère, elle préférait prendre modèle sur son père), mais elle n'avait pas mis un terme à toutes ses activités pour autant. Ce matin-là par exemple, elle avait rendez-vous sur un shooting pour une marque de prêt-à-porter très populaire chez les jeunes adultes, afin de donner son avis sur la nouvelle collection en exclusivité. Elle avait laissé son fils entre les mains de sa gouvernante — ce n'était pas de la négligence mais un enrichissement. Bobbi était bien placée pour le savoir, elle avait aussi grandi avec une gouvernante qui avait fait office de figure maternelle dans sa vie, puisqu'elle ne voyait presque jamais sa mère. Son père, lui, ne l'avait pas délaissée, et ça lui avait apporté un bon équilibre familial, une enfance heureuse, et une maîtrise parfaite du français. S'il y avait quelque chose que Bobbi détestait, c'était d'arriver en retard. Alors certes, c'était le cas aux soirées auxquelles elle était invitée, mais tout le monde savait qu'il ne fallait pas arriver à l'heure à une fête, surtout lorsqu'on était important dans la société, non? Mais pour ce qui était de ses rendez-vous professionnels, Bobbi était ponctuelle et c'était l'une des raisons pour lesquelles elle était si respectée dans le milieu. Alors puisqu'elle était en avance, elle décida de passer au Colonna & Smalls où elle avait ses petites habitudes. Garant sa Mercedes en face du café, Bobbi traversa la rue sans faire attention aux voitures qui pouvaient arriver dans un sens comme dans l'autre (peu importe si le piéton traversait n'importe comment, si accident il y avait le conducteur serait toujours en faute) et entra dans la boutique dont elle connaissait tous les recoins. Sans se soucier de la file d'attente qui faisait un kilomètre de long, elle avança jusqu'au comptoir. Bobbi ! Je te sers l'habituel? La jeune femme sourit en hochant la tête et sortit son BlackBerry (téléphone professionnel) de son sac pour répondre à quelques emails le temps que le barista lui prépare son café comme elle l'aimait. Relevant le regard l'espace de deux secondes pour évaluer la population, son regard s'arrêta sur une petite brune assise seule à une table. Et voilà pour toi, ma belle. Bobbi finit de taper son e-mail et se tourna vers le barista pour récupérer son café. Merci Jerry, t'es le meilleur. L'homme en question avait encore marqué son numéro de téléphone sur son gobelet, n'ayant toujours pas compris qu'elle ne le rappellerait jamais. La seule raison pour laquelle elle était si aimable avec lui, c'était pour passer devant tout le monde. Et parce qu'il faisait du bon café. Son BlackBerry toujours en main avec son café, Bobbi s'approcha de la brunette qu'elle avait repérée quelques minutes plus tôt. Bonjour, Bobbi Wilkes. se présenta-t-elle en s'asseyant sans y être conviée, posant ses objets sur la table devant elle. Vous avez un style très intéressant. Vous vous intéressez à la mode? De nos jours, les inconnus ne s'adressaient plus la parole. Bobbi, elle, préférait dire tout ce qu'elle pensait de tout le monde, positif ou négatif, qu'elle les connaisse ou non.