got to make the best out of this situation /colton

Bobbi n'avait que très rarement donné son coeur à quelqu'un d'autre depuis la mort de son père, qui avait été un véritable coup dour dans la vie de la jeune femme. Elle avait passé des années à repousser les autres après ça, refusant de s'attacher à qui que ce soit pour ne pas finir en mille morceaux si elle venait à les perdre. Une attitude auto-destructrice qui lui collait à la peau et qu'elle n'avait pas perdue depuis, sauf quand Everett Bushwick était arrivé dans sa vie et l'avait complètement retournée. Aujourd'hui qu'elle avait trahi sa confiance et refusait de lui redonner la sienne (il n'avait techniquement rien fait mais le fait qu'il refuse de la voir en prison lui avait fait prendre un sacré coup), le seul être sur cette terre pour qui elle serait prête à remuer ciel et terre, c'était son fils, James. Elle l'aimait comme jamais elle n'avait aimé personne, et cet amour n'était même pas comparable à ce qu'elle avait pu un jour ressentir pour Everett. Elle serait prête à mourir pour son fils, chose étonnante quand on connaissait la personnalité de Bobbi et cette manie qu'elle avait de se placer avant les autres. Depuis la naissance de James, Bobbi refusait beaucoup d'invitations aux quatre coins du monde, n'assistant désormais qu'à la Fashion Week de New York et non plus à celle de Milan, Paris ou encore Londres. Elle n'y renonçait pas définitivement, juste le temps que James grandisse et soit en âge de comprendre que sa mère avait des obligations professionnelles. Les relations qu'entretenaient Bobbi avec sa mère étaient compliquées voire inexistantes mais elle avait toujours été très proche de son père de son vivant et elle voulait que son fils la voit comme elle avait pu voir son père, comme un modèle, une personne sur qui compter. Bobbi rentrait tout juste d'un voyage à New York où elle avait dû se rendre pour parler affaires avec une très célèbre marque de chaussures qui avait son QG dans la Grosse Pomme, et son premier instinct fut de rentrer voir son fils et de passer un maximum de temps avec lui. Peu importe les heures d'avion et la fatigue qui menaçait de la faire s'écrouler, une retouche de maquillage et une nouvelle tenue suffisaient à lui redonner la pêche et Bobbi était prête à faire une petite ballade au parc. Elle avait toujours détesté ça mais c'était mieux de se promener au milieu des fleurs plutôt que des voitures. C'est donc dans le parc de son quartier résidentiel que Bobbi se rendit, James dans la poussette. Elle marchait depuis quelques minutes quand son regard se posa sur une silhouette familière. Alors qu'elle avait royalement ignoré les salutations de ses voisins sur le chemin, c'est elle qui s'avança vers son ami, un sourire sur les lèvres. Colton? l'interpella-t-elle pour qu'il se retourne. Leurs relations étaient compliquées depuis l'incarcération d'Everett et elle savait qu'il risquait de vite repartir, mais elle savait aussi que la présence de James était sa meilleure arme pour l'attirer dans ses filets.

Une journée en plus à aller parler, affalé sur un canapé, à un soi-disant docteur qui était censé nous faire aller mieux. Oui il aimait bien parler, de tout et de rien, du vent et du soleil mais de lui ? C'était une chose pour laquelle il présentait encore quelques difficultés. Pire que secret sur sa vie privée, Colton avait grandi à ayant l'habitude de tout intérioriser quand il était question de lui. Si il se sentait mal ou triste, jamais il n'allait aller le dire à quiconque ou le montrer clairement, préférant de loin se couper du reste du monde pendant un moment.  C'est ce qu s'était passé avec sa maladie. Après avoir appris que plus jamais il n'allait pouvoir chanter comme avant, une frustration et un lourd chagrin s'étaient emparés de lui et l'avaient enfermé dans une sphère inaccessible aux autres.  Lui qui était d'un tempérament naturellement sociable, voilà que depuis le diagnostique il était particulièrement versatile et préférait la solitude que la présence d'autres êtres humains. L'un de ses meilleurs amis, Everett, avait réussi à le persuader d'aller parler à quelqu'un qui était sous secret professionnel, quelqu'un à  qui il pourrait parler librement. Car effectivement, aussi proche que vous ne l'étiez avec Colton, celui-ci ne parvenait jamais à s'ouvrir complètement. Il avait pensé que peut-être, avec un ou une inconnue, cela allait possiblement changer? Eh bien pas du tout. Il perdait actuellement son temps et son argent dans des rendez-vous qui lui faisaient tout sauf du grand bien. Une fois sa séance terminée, il remercia froidement le Docteur Kushner et s'en alla. Il n'avait certainement pas envie de croiser quiconque à présent et surtout près de la résidence et en passant cabinet du célèbre psychiatre. Une fois dehors, il s'arrêta quelques instants pour profiter de l'air frais du printemps, un petit plaisir qu'il appréciait singulièrement , sachant qu'il n'y avait plus grand chose qui le rendait heureux à présent. Le visage de Roos s'afficha alors dans son esprit mais mal à l'aise que son esprit fasse l'amalgame entre bonheur et la belle, celui-ci tenta rapidement de penser à autre chose. « Colton? » Cette voix. Oui, il la connaissait. Même trop bien, en fait. Il se retourna avec une nonchalance peu ordinaire et vit le visage de Bobbi, des traits qu'il n'avait plus eu la chance de croiser depuis un moment déjà. Il se souvenait avoir été le messager entre Everett et elle quand l'un des deux voulait dire quelque chose à l'autre sans devoir à le faire en face. Il se souvenait avoir essayé de comprendre pourquoi elle fait ce qu'elle avait fait mais jamais n'était-il parvenu à le saisir. Sans trop montrer d'émotions et avec un ton glacial, celui-ci se peina à répondre. « Bobbi.. ça fait bien longtemps » Il ne détestait pas Bobbi, loin de là. Au contraire, il fut un temps où ils étaient très proches. Peut-être était-ce pour ça qu'il avait tant du mal à présent. « Ecoute je dois vraiment parti— » il s'arrêta net. Que faisait cette poussette à côté d'elle? est-ce que Bobbi s'était tournée au kidnapping d'enfant? au baby-sitting? Sceptique, il se reprit. « Tu promènes — » il s'arrêta à nouveau. Promener? mais enfin, ce n'était pas un chien! colton recommença, toujours avec un air terriblement dubitatif. « Tu... » fit-il finalement, en regardant successivement l'enfant, Bobbi, Bobbi, l'enfant.

Revoir Colton de manière aussi improvisée était légèrement perturbant pour la jeune femme, qui était pourtant très rarement prise au dépourvu. Elle contrôlait toujours tout, ce qu'elle disait, ce qu'elle faisait, où elle allait et à qui elle adressait la parole. Elle était une machine, avec très peu d'émotions, mais c'était différent avec Colton, surtout en ce jour ensoleillé après des semaines voire des mois sans s'être vus ni parlés. Fut un temps où ils avaient été très proches, du temps où Bobbi et Everett étaient encore ensemble et très heureux, s'apprêtant à faire leur vie ensemble. Elle avait regretté que Colton prenne le parti de son ami de longue date dans toute cette histoire et elle n'avait même pas essayé de le comprendre pour être honnête: elle lui en avait simplement voulu pour ne pas se considérer comme la Suisse et rester neutre. Trop longtemps, avait-elle envie d'ajouter mais elle se rétracta au dernier moment. Colton lui manquait, c'était évident, mais elle restait Bobbi Wilkes et exprimer ses sentiments aussi facilement ne faisait pas partie de ses habitudes. Au lieu de cela, elle allait jouer d'autres cartes, des cartes qui lui permettraient de se cacher, de dissimuler ce qu'elle ressentait réellement. Quand Colton chercha un moyen de s'enfuir, la jeune femme n'essaya même pas de le retenir mais quand son regard se fixa sur son fils, un léger sourire vint étirer les lèvres de la jeune femme alors qu'elle élaborait déjà un plan pour se rapprocher de son ancien ami. Je te présente James, mon fils. N'était-il donc pas au courant. Certes elle ne l'avait plus vu depuis très longtemps mais quand même, le mot devait circuler en ville, surtout qu'elle criait partout qu'il s'agissait du fils de Nicholas Jordans. Mais si Colton n'était pas au courant alors probablement qu'Everett non plus, ce qui lui convenait parfaitement. Tu veux le voir de plus près? demanda-t-elle comme s'il s'agissait d'un gros diamant. Bobbi fit le tour de la poussette et en détacha James qu'elle installa dans ses bras. Elle s'approcha ensuite de Colton, ignorant la soudaine proximité entre eux. Regarde, c'est tonton Colton ! s'extasia-t-elle d'une voix gâteuse, attrapant la toute petite main de James pour lui faire faire un salut de la main. Dis coucou à tonton. Colton était resté parce que son regard avait atterri sur James, Bobbi n'allait pas passer à côté de cette opportunité de passer plus de temps avec lui, essayant ainsi de rattraper le temps perdu. Elle n'avait pas l'habitude d'exhiber son enfant de cette manière mais elle n'allait certainement pas dire non à cette occasion en or.