there’s a hole in my soul, can you fill it ?

we kings of cosmopolitan love and nihilistic suffering
Elle monta dans la voiture, lança son sac à l'arrière. Sans jeter un regard derrière elle, Debra alluma le contact de la vieille voiture qu'elle avait pu se dénicher à bon prix. La maison était endormie, ses cadets rêvant d'une vie meilleure dans leurs petites chambres, sa mère écroulée comme à son habitude sur le canapé devant la télé allumée. La jeune fille rêvait de mieux, elle savait valoir mieux que ça. Tant pis pour les amis qu'elle abandonnait et les cadets qu'elle laissait à leur mère, elle se devait de partir. Elle avait tout de même laissé un mot à sa soeur Jackie, la plus grande des petits, de cinq ans sa cadette, afin de lui expliquer son départ. Elle comptait garder contact avec elle, même s'il fallait qu'elle passe par un silence de plusieurs mois. Elle n'abandonnait pas sa famille. Elle s'en allait juste chercher une meilleure vie pour eux tous. Les expériences de son adolescence lui avait appris comment faire, mais le vol à l'étalage ne suffisait pas pour le genre de vie dont elle rêvait. Les villas, les yachts et les dépenses sans compter, voilà à quoi aspirer Debra. Elle se savait jolie, elle savait qu'elle pouvait attirer les vieux riches. Elle était intelligente, elle savait éviter les forces de l'ordre et sans sortir sans ennuis. Elle allait y arriver, elle n'avait pas le choix après tout. Et cette nuit-là, elle roula, roula sans vraiment avoir de but. Et après avoir roulé jusqu'au petit matin, elle arriva à La Nouvelle-Orléans. Ses faux-papiers à la main, elle finit par descendre de la voiture. Debra Sanders n'était plus, Esther Andrews avait débarqué.


Dear Jackie,
Je me trouve actuellement près de Los Angeles où je m'apprête à me fiancer avec un bel entrepreneur. La vie qu'il m'offre est belle, bien mieux que ce que maman aurait pu jamais nous offrir. Il faut dire que ce n'est pas difficile de faire mieux que cette épave. Tout ce qu'elle a jamais su faire, c'est de se faire engrosser entre deux verres de whisky. Mais assez parlé d'elle, elle ne mérite pas toute cette attention. Je ne comprends d'ailleurs pas pourquoi tu continues de t'occuper d'elle. Tu mérites bien mieux que ça, Jackie. Tu es jolie, trouve-toi un mari capable de t'entretenir et laisse l'autre à la rue. Elle n'a jamais rien fait pour nous, pourquoi devons-nous l'aider à présent ? Comment se passe ton nouveau boulot ? Peux-tu me donner des nouvelles des gamins ? Prends soin d'eux autant que j'ai pu prendre soin de toi, Jackie. La famille, c'est sacré.
Promis, un jour tu pourras me rejoindre.

PS : tu trouveras 500$ dans l'enveloppe, cadeau de mon futur fiancé. Fais-en bon usage, ne file rien à l'épave allongée constamment sur ton canapé.