Esben. Il a besoin de se vider l’esprit. De flirter avec quelques verres d’alcool. Ça ne lui ressemble pas de se pavaner dans ce genre d’endroit, à même de lui vriller les tympans à cause de la musique, des corps qui se heurte au rythme qui possède l’âme. Il ne sait plus. Il ne sait plus ce qu’il doit faire avec ce gamin qui ne cesse de s’imposer dans sa vie. Peu importe la force avec laquelle il tente de le repousser, il ne cesse de revenir pour semer le doute, pour poser cette foutue graine d’incertitude qu’il tente d’ignorer depuis des années. Il n’est qu’un monstre. Que le reste de quelques souffrances de son passé. Esben, il n’est que cette foutue conséquence aux sévices qu’il a pu subir. Il se dégoute. Ça le rend fou d’être ce qu’il est. Un monstre. Un pervers. Sans plus. Un désaxé.

Il repousse quelques corps qui se font imposants. Des femmes. Elles ne l’attirent pas. La femme. Ce n’est que cette chose à même de le rendre las, de ne rien faire naître en lui. Il tente de se convaincre que celle qui erre dans sa demeure est celle qui devrait faire battre son cœur, mais il semble qu’il soit trop pourri pour que ce soit le cas. Il doute qu’il puisse encore battre à l’heure qu’il est. Cette femme, il rêve qu’elle soit éteinte alors qu’il ouvre les yeux dans le lit conjugal. Elle est encore là, vivante. Remédier à la situation lui semble une alternative plus que plaisante, mais il ne tente rien. Pas encore.
Un soupir. Il se penche pour se commander un verre de Whisky. Il est largement plus vieux que la moyenne de la populace dans cet endroit. C’est banal. Il ne sait pas ce qu’il a pu venir chercher en se posant dans ces lieux. Ça ne lui ressemble pas. La musique. Les femmes qui en montrent trop. Les hommes qui se comportent comme des animaux. Quelques billets qu’il lance sur le comptoir avant d’attraper son verre de se diriger dans le sens contraire du courant. Le flot qui entre, il tente de s’en défaire pour retrouver la sortie. Il est las. Déjà trop las. Il avale le fond de son verre en quelques secondes, le pose dans un coin et ses phalanges repousse une femelle devant lui. Partir. Ça lui semble la meilleure option. Il n’aurait pas dû venir de toute façon.

Il pousse la porte, enfonce une cigarette entre ses lèvres et alors qu’il convoite l’idée de partir, il laisse son regard s’accrocher à des formes connues. Il a fini par céder aux charmes de la plantureuse sirène. La seule femme à faire naître des envies salaces au creux de ses reins. C’est rare. C’est plutôt impossible, mais elle, elle y arrive. Elle et son caractère. Elle et ce volcan qu’elle peut être. Il ne s’approche pourtant pas, mais reste au pas de la porte à s’intoxiquer les poumons. Qu’elle s’approche de lui. Qu’elle vienne. C’est elle qui chasse. Lui, il se laisse distraire par elle. Elle l’attire, mais pour combien de temps. Les femmes ont tendance à le lasser, à le faire soupirer. Elle. Elle est différente.