≡ are we still family in heaven? (w/ gaspard)

Invité

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I must be strong
And carry on,
'Cause I know I don't belong
Here in heaven.
© lyrics by eric clapton.

Ta main tremblait mais s'accrochait fermement au goulot de la bouteille. Comme une envie de ne pas la laisser tomber malgré ton état d'ébriété avancé. Tu n'étais pas du genre à te mettre minable pour tout et pour rien, pour la beauté du geste ou pour les moments de solitude. Simplement, aujourd'hui était un jour difficile. Sans doute le plus difficile de l'année. Les personnes qui te connaissaient un minimum pensaient que ce jour coïncidait avec celui de la disparition de ta jeune soeur. Pourtant, ils se trompaient. Ce n'était pas le jour de la disparition de Janis. C'était le jour de son anniversaire. Le jour où, si elle n'avait pas disparu, tu l'aurais vu grandir au fil des années. C'était difficile d'accepter qu'elle se soit volatilisée de la sorte. Tu ne savais toujours pas si elle était vivante, si tu pouvais encore avoir de l'espoir. Tous les ans, à la même date, la bouteille était ta seule amie, tu t'asseyais près de la fontaine et tu attendais presque sagement que les flics viennent t'arrêter pour trouble de l'ordre public. C'était ta façon de baisser les bras. Cette fontaine signifiait tout à tes yeux. Ta relation avec ta petite sœur, ses dernières minutes en ta compagnie, son sourire qui s'effaçait chaque année un peu plus de ta mémoire. C'était ça qui te rendait encore un peu plus fou que tu ne l'étais déjà. Tu te détestais pour oublier certains détails. Son rire, la couleur exacte de ses yeux, son odeur... Tu ne te souvenais plus de grand chose et ça te désolait profondément. Pourtant, une scène te revenait sans cesse en mémoire. Janis courrait vers la fontaine en souriant, les yeux pétillants. « J'ai jamais vu cette fontaine avant. » avait-elle dit de sa voix enfantine. Tu avais souris et haussé les épaules. Elle ne t'avait pas marqué non plus. A huit ans, tu n'avais pas pour habitude de parcourir les rues de Belmont Springs en long en large et en travers. Située dans une ruelle excentrée de l'artère principale de la ville, cet endroit était paisible. Janis avait adoré. Elle s'était assise sur le rebord et tu lui avais dit pour faire le malin : « Tu sais qu'en Italie, ils jettent des pièces dans les fontaines en faisant des voeux ? » Janis avait trouvé ça à mourir de rire. Sans crier gare, elle avait fouillé dans sa poche et avait lancé toutes les pièces qui s'y trouvaient. Tu n'avais même pas essayé de l'arrêter, tu avais trouvé ça trop drôle. « On oublie la glace au chocolat alors ? » Ta mère vous avait donné des pièces pour acheter une glace chez le meilleur glacier de la ville. Janis avait haussé les épaules et regardé les pièces couler profondément dans la fontaine. « Tant pis. Je suis sûre que mon vœux se réalisera. » Du haut de ses quatre ans, Janis avait toujours été une enfant rigolote et étonnante. Extrêmement intelligente aussi. « Je peux savoir ce que c'est ? » avais-tu demandé en sachant pertinemment que les voeux n'étaient pas faits pour être divulgués. Naïve, Janis avait répondu. « Passer toute ma vie avec toi. » Janis avait toujours eu cette drôle de fascination pour toi ce qui exaspérait souvent ta mère. Elle ne supportait pas quand Janis te collait toujours aux basques. Le fait est que, vingt minutes plus tard, ce jour-là, Janis s'envola dans les airs. Dix-huit ans plus tard, tu te saoulais près de cette même fontaine. T'avais presque envie de te noyer à l'intérieur pour disparaître à tout jamais. Parfois, tu rêvais que ce soit toi à la place de Janis. C'était jamais facile d'être celui qui reste. Surtout quand la culpabilité te ronge jusqu'à l'os.

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L’atmosphère dans la maison familiale était bien trop lourde. Le temps semblait carrément s’y être arrêtée. Un voile de tristesse était tombé, obstruant la vie de tous tandis qu’à l’extérieur le monde continuait de tourner. C’était la même chose tous les ans : il y avait deux dates maudites, deux jours par an où la peine doublait au profit d’une nostalgie dévoreuse et emplie de tristesse. Il y avait le jour de l’enlèvement et puis le jour de l’anniversaire de Janis. Gaspard avait toutes les peines du monde à choisir lequel de ses deux évènements le peinait le plus. A peu près une égalité. Peu importe, c’était vraiment pénible. Gaspard avait donc prit le parti de s’échapper de la maison familiale, quand bien même ses parents semblaient dire qu’en ce genre de temps, il était bon de rester en famille, pour surmonter. Ouais, enfin, rester avec ses parents, voir leurs airs chagrinés, n’aidait décemment pas à le pousser vers l’avant. Il n’aspirait qu’à avancer. Cela ne signifiait pas pour autant que sa petite sœur ne lui manquait pas, car elle lui manquait comme ça ne devrait même pas être possible, mais il savait également en son fort intérieur que sa sœur n’aurait pas voulu de ça, pas pour eux tous et puis il y avait aussi le temps. Dix-huit ans. Elle aurait été si grande maintenant, comme eux tous. Dix-huit ans. Gaspard en fut agité de tremblements tandis qu’il marchait dans les rues sans savoir exactement où il comptait aller. Il attrapa la fermeture de son blouson entre ses doigts et la fit glisser bien jusqu’en haut, en dépit de la température plutôt douce. Il n’a jamais été frileux, mais la vie lui semblait tout à coup si morose que le vent lui paraissait souffler plus fort sur lui. Il délirait, en somme. Peu importe, il avait le droit de virer un peu barge : sa petite sœur avait disparu il y a dix-huit ans et c’était son anniversaire. Il aurait dut manger une grosse part de gâteau en ce moment, tout en s’extasiant et en taquinant Janis sur le fait qu’elle aurait presque eut l’air d’une femme désormais. C’était là ce que la vie aurait dut être et tout aurait été foncièrement différent si Janis avait été là. Gaspard en avait la sérieuse conviction. Sans qu’il sache trop pourquoi, sans qu’il y ai sérieusement songé, le brun se mit en route vers une fontaine qui n’avait d’apparence rien de franchement particulier, mais où il savait pertinemment qu’il trouverait son frère aîné. Ca semblait être une sorte de tradition, pour Loup. Il faut dire que c’était symbolique, d’une façon bien douloureuse. Gaspard arriva bien vite sur le lieu en question et y trouva effectivement son grand frère, l’air sombre. Il trouvait souvent cette expression chez lui, néanmoins aujourd’hui elle ne le dérangea pas. Plus que jamais elle était justifiée. Gaspard s’approcha de quelques pas, se tâtant un instant à partir. Les deux frères Lannister n’étaient vraiment pas proches (encore une chose qui aurait put changer, dans un monde alternatif où Janis serait avec eux, en cet instant, Gaspard en avait l’intime conviction) et Gaspard craignait que Loup le repousse vivement, avec toute sa délicatesse habituelle. Mais voilà, Gaspard n’avait jamais manqué ni de courage, ni d’assurance. Il décida ainsi de tenter le coup et ouvrit la bouche, prêt à acquérir l’attention de son frère qui ne semblait pas encore l’avoir remarqué. « Salut » Lâcha-t-il, sur un ton un peu lourd, comme en accord avec l’humeur générale.

» family above all.
» family above all (anton)
» ★ stairway to heaven.
» family affair ~ w/Daniel
» Dans le jeu de la séduction, il n’y a qu’une seule règle : ne jamais tomber amoureux. (heaven)