(✰) give your heart a break.

- nom complet : Mia Jenner. Un nom moins connu en Amérique du Nord que dans le reste du monde. - âge, date et lieu de naissance : Vingt-quatre ans, née un vingt-sept septembre à Beaumont (Texas). - origines et nationalité : Américaine, elle possède des origines danoises et irlandaises. - occupation et situation financière : Ex apprentie peintre, elle travaille aujourd'hui comme fleuriste. Son maigre salaire suffit à ses besoins et lui permet d'acquérir son indépendance financière. ($$$). - statut civil : Célibataire depuis peu, elle ne semble pas prête à s'engager ou officialiser une relation de nouveau. - orientation sexuelle : Hétérosexuelle. - traits de caractère : douce, réservée, drôle, sociable, esthète, cultivée, loyale, sincère, secrète, naïve, impulsive, têtue, enjouée, souriante, maladroite. - quartier de résidence : Center Drive, à Del Rey Oaks. - groupe : Wild Rabbit.

( my silver spoon has fed me good )
Elle lit deux voire trois livres par semaine, des classiques de la littérature américaine, britannique ou française. Elle ne se sépare jamais de son exemplaire de Belle du Seigneur. Ces moments de solitude lui apportent une bouffée d'air frais. ★ Elle boit de la tisane matin et soir, en remplacement du café qu'elle trouve bien trop amer même en y ajoutant du sucre. Elle accompagne ce rituel, le matin, d'un footing le long de la plage, et le soir d'exercices de relaxation/yoga. ★ Elle se produit à l'occasion sur des scènes de bars peu fréquentés. Adolescente, elle chantait dans un groupe formé par plusieurs amis. Toujours en soliste, accompagnée d'une batterie et de deux guitares. Si elle sait travailler sa voix, elle s'avère bien vite médiocre en grattant les cordes d'un instrument. ★ Elle fait collection de poupées. Poupées russes, Barbie, porcelaines, chiffons. Cela remonte à son cinquième anniversaire, une figurine - danseuse espagnole - qu'elle reçut de son père entre deux avions. Elle en tient d'ailleurs son surnom, Dolly. ★ Enfant, elle gagna un prestigieux concours de beauté, se classa dans la demi-finale d'un concours d'orthographe, et participa au tournage d'un film sur grand écran en interprétant la fille que le petit garçon - un des personnages principaux - aimait beaucoup. Des lubies de gloire qui lui passèrent rapidement. ★

-☆-Garée dans l'allée, j'empoignai mon sac et rejoignis la grande maison. Je saluai le jardinier avant de passer la porte. Je poussai un soupir, accablée par le silence entre ces murs vides. Seuls mes talons contre le marbre vinrent briser la glace. Ma chambre, au premier, suffisait à me rendre mon sourire. Décorée par mes soins, avec l'aide généreuse de professionnels, elle donnait aux lieux son âme et sa vie. Unique pièce colorée, désordonnée, dérangée, avec des post-it sur le bureau, des posters, des photos. Iris aimait son ambiance chaleureuse. Après le ménage, elle me cachait un cadeau. Un petit emballage carré, souvent un bijou fantaisie. Ce jour-là, je trouvai dans le paquet, sous mon oreiller, un joli porte-clés. Pour ton futur chez toi, Iris. Je devais partir à l'université à la rentrée. Institute of Fine Arts. Je gardais l'objet dans ma main et redescendis à la cuisine où Iris préparait sûrement le dîner.
Je sentais déjà les effluves au bas de l'escalier. « Tu viendras me voir, à New York ? » Prise de court, Iris sursauta. Elle posa le couteau sur la planche et étudia attentivement ma tenue. Elle plissait le nez à la moindre contrariété. « Tu n'iras pas à la soirée dans cette robe, jeune fille. » Elle parlait du bal organisé par le lycée pour les élèves diplômés, et quoi que je dise, je savais qu'elle obtiendrait le dernier mot. Je feignis l'ignorance en soulevant le couvercle de la casserole. Mais elle me retint l'avant-bras et m'obligea ainsi à la regarder dans les yeux. Je détestais cet air sévère qu'elle prenait, teinté d'inquiétude. Elle devinait toujours sans mal ma pensée. Je songeais à cette soirée depuis ma dixième année, en croyant que ma mère m'habillerait et me coifferait, que mon père m'y emmènerait. « Les autres souriaient tous à quelqu'un, un frère, une soeur ou leurs parents. Et moi, je ne pouvais pas partager la fierté de ma réussite. Je voulais les voir applaudir, les entendre me féliciter. » Iris sécha une larme qui roulait sur ma joue. Je baissai la tête. Ils manquaient tous les événements importants, pourquoi m'étonner de leur absence à la cérémonie de la remise ? Ils ne tenaient jamais leurs promesses, Iris le faisait pour eux.
« Merci. » Elle accrochait la dernière épingle à mon chignon.


-☆-L'organisatrice lissait une dernière fois ma robe, replaçait les mèches de mes cheveux bouclés, avant de voiler mon visage. Le tulle devant les yeux, les souvenirs de nos trois ans de relation défilèrent sans que je ne puisse les interrompre. Notre rencontre, sa demande, et les disputes. Ces dernières me semblèrent soudain bien plus nombreuses et percutantes. Il me revenait les images de nos cris, de nos pleurs, de nos doutes. Bran voulait fonder une famille. Il répétait qu'à la naissance de notre enfant, je pourrais arrêter mes études. Il disait qu'il fallait que je reste à la maison. Je ne voulais pas me sacrifier, apprendre à notre fils ou notre fille le devoir avant la passion. Je savais que je ne trouverai jamais mieux que lui. J'aimais Bran aussi fort que l'amour le rendait possible, je me sentais heureuse à ses côtés. Mais, à cet instant précis, derrière la lourde porte de l'église, à quelques minutes de prononcer nos vœux, une douleur sourde attaquait ma poitrine. Comme si je m'apprêtais à commettre la plus grosse erreur de ma vie.
« Un verre d'eau, s'il vous plaît. » Ma meilleure amie me tendit une petite bouteille sortie de son sac, et posa une main réconfortante sur mon épaule dénudée. Le corset m'étouffait. Je bus une gorgée. Le feu aux joues s'estompait, la peur se noyait doucement. Je jetai un regard oblique à mon père qui arriva à ma hauteur, me tendant son bras auquel je m'accrochai fermement. « On doit y aller. » Je pris une profonde inspiration et vis défiler ma cousine, apportant les alliances, suivie de mes demoiselles d'honneur, sur la musique de l'orchestre. Enfin, les invités reportèrent leur attention sur moi. Mes jambes tremblèrent légèrement alors que je tentai en vain de me raisonner, de lire mon avenir dans les yeux de Bran, au bout de l'allée. Je ralentis le pas et, m'arrêtant brusquement, desserrai l'étreinte de mon père.
« Pardonne-moi. » Un murmure à peine audible plus tard, et je courais jusqu'à perdre haleine. La mariée en fuite. Voilà un scandale qui alimenterait le contenu des journaux new yorkais.