Je connais mes limites. C'est pourquoi je vais au-delà.

( we kings of cosmopolitan love and nihilistic suffering )
A l'origine Noël est une fête chrétienne, dans ma famille nous sommes tous des chrétiens. Le dimanche ma chère mère tient à ce que nous allions tous ensemble à l'église. C'est dans la belle ville de Lucerne, en Suisse où j'ai pu naître que nous vivions, Adèle ma mère, Henry mon père et Gaby ma petite sœur. Le froid asséchait ma peau, les flocons de neiges s'abattaient sur ma longue chevelure brune, j'attendais sur le perron l'arrivée de mon père… Il avait déjà une heure de retard, mais j'espèrais sa venue, il devait célébrer Noël avec sa famille et ne pas rester à Hong Kong. Ma petite peluche en panda dans les bras, j'entendais le téléphone sonner à la maison, j'ouvrais la porte d'entrée en vitesse et je voyais le visage de ma mère se décomposer au fur et à mesure.  Les sourcils fronçaient, j'attendais avec impatience que ma mère raccroche. Elle m'annonça qu'il n'allait pas venir, la neige l'aurait soi-disant bloqué. Je jetais ma peluche contre le mur, énervée. Je suis restée dans ma chambre enfermée plusieurs heures, ce n'est que lorsque ma mère a réussi à me tenter avec les biscuits de Noël que j'ai décidé de sortir. Voilà un Noël de plus sans mon père, il n'a jamais été présent, en grandissant j'ai compris qu'il avait des femmes un peu partout dans le monde, il doit même avoir d'autres enfants. Quelques minutes avant, je lui tenais la main, ma tête posée sur son épaule, le sourire aux lèvres nous allions en Guyane, j'étais heureuse, je n'avais jamais été aussi heureuse, je venais de me marier à l'amour de ma vie. J'étais enfin Madame Park ! Il avait un grand avenir devant lui, étant pompier, il voulait aller dans une zone différente. Je n'ai pas hésite une seule seconde à le suivre quand il m'avait avoué qu'il avait acheter une magnifique maison en Guyane. Mais l'avion a eu un problème, un soucis technique selon l'enquête qui a été menée… Tout allait bien et se fût le trou noir. Je me suis réveillée, à côté de plusieurs autres corps, ils étaient sans vie, j'avais du sang partout sur mes vêtements, j'avais horriblement mal à l'un de mes bras. Mais mon esprit fût clair rapidement, mon mari où était-il ? J'ai crié son nom, mais il n'y avait aucun bruit, je remarquais une femme souffrir le martyr, me supplier de l'aider, mais aucune autre vie ne m'importait à par celle de mon mari. John. Je ne cessais de crier, les larmes aux yeux, des corps étaient dans la mer, des autres sur cette petite île perdue… J'ai commencé à perdre les pédales, crier si fort, mes larmes ne cessèrent de couler, mes jambes tremblaient et je tombais sur mes genoux, m'apitoyant sur mon sort, mon coeur battant si fort, un poids sur la poitrine. C'est une femme, d'une cinquantaine d'année, qui se précipita vers moi pour me calmer et me prendre dans ses bras. Elle était elle-aussi en vie… Ce fameux 20 octobre 2013, nous avons été cinq survivants, nous avons des séquelles psychologiques, l'un de nous est même handicapé. Je n'ai jamais pu revoir le corps de John, nous n'avons jamais pu le récupérer, selon les secours, il avait du être emporté par les vagues. J'ai été rapatriée en Suisse, chez mes parents, ceux de John m'attendaient aussi… Mais ils m'en ont voulu d'être en vie, ils auraient même préféré que je décède et que leur fils vive, alors chaque jour je me suis répétée cela, me faisant encore plus de mal. Ils ont été tellement affreux avec moi, je me suis levée un matin et sur mon miroir était indiqué : Tueuse. Ma mère a décidé de porter plainte et de m'envoyer voir un psychologue. Cependant, rien ne m'aidait, je pleurais jour et nuit son décès, je me remémorais tous nos moments heureux. Mon père a décidé de m'acheter une magnifique maison aux Etats-Unis, loin de la Suisse. Et j'ai repris mon nom de jeune fille. Il voulait que je m'éloigne des souvenirs, de mon passé et surtout de mes beaux-parents. Une fois seule dans cette grande maison, je me suis sentie seule et ma meilleure amie fût la bouteille de vodka. Je ne voulais pas travailler, pourtant je tenais un blog sur la mode et aussi culinaire, que je rédigeais en français, en anglais mais aussi en espagnol. Mon père avait même réussi à me dénicher un contrat dans une agence de mannequinat, mais je n'ai jamais voulu y pointer le bout de mon nez. Je me suis effondrée dans l'alcool.