she always wanted to believe in things ∻

- nom complet : Marcelina Irene Marsden. Elle se fait appeler Marcy, cependant, pour américaniser un peu le tout, et sans doute se détacher encore un peu plus de son héritage familial. - âge, date et lieu de naissance : 27 ans, née le 27 Octobre à Belmont Springs. - origines et nationalité : elle a des origines nicaraguayennes du côté de sa mère et américaines du côté de son père. Elle est de nationalité américaine. - occupation, situation financière : elle est rédactrice web dans une startup qui commence à se faire une solide place sur le marché. Elle s'en sort donc pas trop mal économiquement parlant ($$$$). - statut civil : elle est célibataire, par choix, et compte le rester. - orientation sexuelle : elle est homosexuelle. - traits de caractère : polyvalente, humble, flegmatique, engagée, conciliante, obstinée, indépendante, sarcastique, rigoureuse, pantouflarde, généreuse, serviable.  - quartier de résidence : del rey oaks.  - groupe : underdog.

my silver spoon has fed me good
Elle mange tout, et n'importe quoi. Surtout n'importe quoi. Elle peut ingurgiter des trucs périmés depuis une semaine sans broncher. Un hamburger tombé par terre ne lui fait pas peur. Elle ne fait qu'une bouchée des testicules frits de Dieusaitquoi. Elle n'a peur de rien. Ça va probablement finir par la tuer. ✰ Marcy est, en vérité, un véritable amour. Volontaire, disponible et créative, elle est absolument indispensable au bon fonctionnement de l'entreprise pour laquelle elle travaille. Ses airs revêche la rende parfois difficile à aborder, mais il suffit de croiser son regard pour découvrir une petite chose volontiers à l'écoute des autres. ✰ Marcy sait qu'elle est lesbienne depuis... eh bien en fait, elle a l'impression de l'avoir toujours su. Pendant très longtemps, elle a refusé de se l'admettre à cause d'une famille qui ne pouvait que rejeter une telle déviance. Et puis il y a eu Gene. Gene, avec qui elle se voyait faire sa vie. Gene, la petite chose rousse pleine d'énergie sans qui elle ne se voyait pas vivre. Gene, qu'elle a fait l'erreur de présenter à sa famille. Les choses ne se sont pas bien passées. Sa mère a failli lui arracher la moitié du visage avec ses ongles, et son père leur a sobrement désigné la porte. ✰  Depuis, elle n'est plus la bienvenue chez sa famille. Elle ne voit plus son petit frère, ni sa mère, ni son père. Elle ne voit que sa soeur, occasionnellement, qui ne cache néanmoins pas sa désapprobation. Elle envoie cependant régulièrement de l'argent à sa mère, qui l'encaisse bien volontiers, faute d'accepter de voir sa progéniture. ✰ Cet évènement a eu un impact assez fort sur la vie de Marcy. Elle s'est séparée de Gene – douloureusement – elle a également perdu son travail – celui d'avant – pour une raison obscure – soi-disant une perte d'efficacité, bien qu'elle soupçonnât sa famille d'avoir vaguement abordé ses penchants lors d'un repas organisé avec son oncle et employeur. Elle a également décidé de ne plus s'investir dans une relation tant que sa famille et toutes les autres familles du pays seront incapables d'accepter la sexualité de leurs enfants. Elle est devenue particulièrement investie dans la cause homosexuelle, dans l'espoir d'éviter aux jeunes amoureux qui n'attendent que l'approbation de leurs proches une douleur dont elle-même ne s'est toujours pas remise. ✰  Elle travaille pour Smoothics, une startup qui propose toute une gamme de cosmétiques faits maison et dont la petite fierté est la Kale Box (nom trouvé par Marcy pour se foutre allègrement de la tronche des aliments fancy qui sont à la mode chez les gens hype) dans laquelle on trouve cinq à sept produits adaptés au profil de chacun et chacune, avec les recettes pour les reproduire.

Elle est somnambule ✰ Elle déteste le sable. ✰ Elle s'hydrate beaucoup, beaucoup, beaucoup, beaucoup. ✰ Elle porte des lunettes, parfois, quand elle a le goût. ✰ Elle est nulle en calcul mental. ✰ Elle tient plus ou moins assidument un blog. ✰ C'est une championne des grimaces. ✰ Elle écoute du Queen de bon matin pour se réveiller et en vocifère les paroles toute la journée. ✰ Elle aime les pulls hipster avec des hiboux dessus.

we kings of cosmopolitan love and nihilistic suffering
La gifle lui mordit la joue avec une virulence telle qu'elle en esquissa un pas de recul, les yeux écarquillés. Pendant l'espace d'un bref instant, elle se dit que c'était peut-être tout. Elle espéra que ça serait tout. Elle pouvait supporter une gifle déchirante et un regard glacial. Elle pouvait vivre avec ça. Mais ce n'était pas tout.
Un silence pesant s'installa, durant lequel Marcy crut percevoir l'écho persistant de la claque qu'elle venait d'essuyer. Gene restait derrière elle, muette, sans doute choquée par un type d'interaction qui n'avait jamais eu sa place dans son foyer. Sa mère lui faisait face, le regard sévère et la mâchoire serrée, sa poitrine soulevée par une respiration furibonde. Son père se tenait à l'écart, comme toujours, la main posée sur le buffet du hall d'entrée comme s'il avait besoin d'un soutien. C'était elle qui avait besoin d'un soutien. Des larmes lui picotaient les yeux, et elle savait que c'était tout autant des larmes de douleur que de chagrin. Elle jeta un coup d'oeil à Joe, au petit Joe, à son Joe, qui était le seul à avoir saisi un pan de robe de sa mère comme pour l'éloigner de Marcy. Elle lui en fut reconnaissante. Même si ça ne suffisait pas.
Elle compta cinq soulèvements de poitrine saccadés avant d'oser ouvrir la bouche. « Maman, » tenta-t-elle misérablement, les larmes se déversant désormais doucement le long de ses joues. Elle n'eut pour toute réponse qu'une seconde gifle, moins abrupte, mais ô combien plus destructrice. « S'il-te-plait, » s'obstina-t-elle. Un autre assaut, plus doux encore, comme une caresse, comme une fleur qui viendrait effleurer sa joue pour en apaiser la douleur, avant de planter ses épines cruelles dans la peau enflammée. Elle ne comprit pas tout de suite que sa mère était en train de la griffer. ce n'était pas quelque chose qui aurait pu lui venir spontanément à l'esprit. Sa mère ne griffait pas. Sa mère fulminait, vociférait, privait de dessert et jurait dans un espagnol rouillé. Elle ne griffait pas. Elle ne pouvait pas griffer. Et pourtant, voilà qu'elle se jetait sur elle, toutes griffes dehors, sans un mot s'échappant d'entre ses lèvres sinon un amer « Maman ? » comme si elle était incapable de croire une seule seconde qu'elle pouvait être la mère d'une telle abomination.
Marcy ne se défendit pas tout de suite. Ce ne fut que lorsqu'elle sentit les ongles de sa mère transpercer la peau de sa joue et y tracer un sillon écarlate qu'elle recula à nouveau, ses bras protégeant fébrilement son visage tandis que Gene la tirait en arrière. Elle supplia d'arrêter, supplia encore et encore, sans savoir si elle s'adressait à sa mère punitive ou à celle qui tentait de lui faire échapper à un châtiment bien mérité. Elle détesta soudain Gene. Elle se détesta elle-même, aussi, mais elle détesta surtout Gene. Elle se dégagea alors de l'emprise de celle qui lui attirait les foudres de sa mère, et se jeta en avant dans l'espoir d'obtenir de son bourreau une étreinte salvatrice. « Pardon, » murmura-t-elle en s'élançant vers sa mère, s'apprêtant à promettre s'il le fallait qu'elle ne serait plus homosexuelle à partir de maintenant, qu'elle allait renoncer à tout ça, qu'elle 'aimerait qui ils voudraient. Mais elle ne lui répondit toujours pas, si ce n'est en la repoussant brutalement en arrière. Les yeux bouffis, les joues en feu, et le coeur en miettes, elle jeta un regard implorant à son père, qui avait cessé de prendre appui sur son buffet bancal pour venir presser sa main sur l'épaule de sa furieuse femme. Elle croisa son regard désemparé, sans y déceler la moindre once de la compassion qu'elle espérait trouver. D'un geste bref de la tête, il lui désigna la porte, et elle sentit le peu d'espoir qui demeurait en elle s'effriter misérablement jusqu'à disparaitre complètement. Elle vit Gene s'approcher d'elle au ralenti, en prenant soin de se tenir à distance de l'aura hostile qui émanait de la génitrice de Marcy. Elle la sentit saisir la manche de son pull et y tirer doucement dessus, comme effrayée de la briser si elle tirait trop fort. Elle se sentit reculer péniblement jusqu'à la porte d'entrée, la franchir, trébucher sur le perron, et s'engouffrer dans l'obscurité nocturne sans quitter des yeux la silhouette sanglotante de Joe, qu'elle ne reverrait plus.