~ i bet my life (loup)

« C'est drôle, quand même. » Le silence sur la tablée des Lannister glaçait Loup. Ils n'avaient décidément rien à se dire. Alors il avait décidé, comme souvent, de lancer un sujet de conversation sachant pertinemment que, comme toujours, cela se terminerait mal. Que ce soit ses parents ou ses frères et sœurs, ils n'appréciaient généralement pas son sens de la parlotte. « Quoi encore ? » demanda sa mère, d'une voix glaciale. Loup se mordilla la lèvre inférieure, un rictus sur les lèvres. Il ne comprenait pas comment il avait pu être engendré par une telle femme. Elle était tout ce qu'il détestait dans ce fichu monde. « C'est juste que, toi, Papa, tu fabriques des médicaments dans le but de sauver les gens et moi j'enterre ceux que t'as pas réussi à sauver. » Son père frappa violemment du poing sur la table, faisant sursauter les autres convives. Loup avait encore raté une bonne occasion de se taire. «  Loup... » grogna son père. Sa famille détestait quand il parlait de son métier. Directeur d'une entreprise de pompes funèbres, ce n'était pas assez noble pour eux. De toutes façons, depuis qu'il était gamin, aucun de ses choix n'avait été le bon. « Ne nous impose pas d'entendre encore parler de ton terrible métier. » Sa mère prenait des grands airs mais Loup la considérait comme une idiote. Il n'avait aucune estime pour elle et lui faisait bien ressentir. Pour comprendre pourquoi, il fallait remonter bien des années en arrière. Quand il est parti se promener avec sa petite soeur Janis. Qu'il lui a tenu la main tout au long de la balade mais qu'un taré a quand même réussi à l'attraper et à l'emporter avec lui. Quand il a compris qu'il ne la reverrait plus jamais. Qu'il était rentré à la maison, que sa mère avait hurlé qu'elle aurait préféré que ce soit lui qui disparaisse. Loup n'avait jamais pu accepter ces paroles. Cela l'avait rongé de l'intérieur. Cela avait rongé la moindre parcelle de sentiments qu'il avait en lui. Depuis ce jour-là, sa confiance, il ne la donnait à personne. « Je sais que mon métier ne te plaît pas, Judith mais... » Il n'appelait jamais sa mère Maman, ce qui avait le don de l'énerver un peu plus encore. « ... Laisse-moi juste te dire qu'entre cracher sur des imbéciles connus parce qu'ils montrent leurs fesses à la télé, je préfère faire un métier utile. En quoi tu es utile, toi ? Tu as fait quelque chose de bien, dans ta vie ? » Judith accrocha ses doigts dans la nappe blanche, le regard figé sur son fils. « N'oublie pas que tu m'es redevable. Je t'ai donné la vie. » Cette fois, Loup explosa de rire. Cette femme était une garce. Le démon en personne. Si le diable avait un nom, il porterait le sien. Il ne lui était en rien redevable. « Tu sais quoi ? Je pense que Janis a été chanceuse dans le fond. Elle n'a plus à supporter ta connerie. » Judith se leva d'un bond, envoyant valser avec elle une bonne partie de la nappe. Kane, le père, restait silencieux, tous comme les autres membres de la famille. Judith s'approcha de son fils, si près qu'il pouvait sentir ses tempes battre sous la colère. « Tu es une honte pour cette famille, Loup. Tu m'entends ? Une honte. » Loup se contenta de sourire, comme toujours. « T'inquiètes pas, ça fait longtemps que je t'ai entendue. »