like a cool kids.

   NICOLE CARRILLO
   

you're the light, you're the night, you're the color of my blood, you're the cure, you're the pain, you're the only thing i wanna touch, never knew that it could mean so much, so much

ft. marie avgeropoulos | © ellie goulding et weheartit

   

- nom complet : Nicole, en hommage à son arrière-grand-mère maternelle. Une patte blanche face aux sourires des gens, une lionne dans la pénombre grandissante. Carrillo, un nom que l'on murmure, par crainte ou respect, probablement les deux. Ils font partis des étoiles montantes, des lions à qui l'on ne tient ni tête ni choix. - âge, date et lieu de naissance : Vingt-huit ans, la promesse d'une jeunesse éternelle et pourtant déjà le lourd poids des responsabilités sur ses frêles épaules. Trente-et-un décembre, dans le froid sec de Saltillo, au Mexique. - origines et nationalité : Mexicaine de sang pur, elle n'a pas une seule once de croisement bâtard dans ses gênes. Elle en fait sa fierté. Américaine plus par nécessité que par choix. Les Etats-Unis sont un lieu de chasse de premier choix. - occupation, situation financière : Expert comptable, une situation qu'elle met au profit du business familial et qui sert, énormément. Encore une fois tout est calculé chez les Carrillo, jusqu'au moindre détail. Riche, immensément riche. Sans compter la richesse de la famille réunie, elle s'en sort divinement bien la petite. Elle mène son bout de chemin, pose ses pieds sur des mines d'or. - statut civil : Célibataire, par choix et par devoir. En tant que potentielle héritière du business familial, elle ne peut s'offrir à n'importe quel blaireau du coin. Elle est exigeante, sélective, cruelle, à l'instar de son arbre généalogique. - orientation sexuelle : Hétérosexuelle, bien qu'elle a déjà essayé avec une femme. Mais la déception a été grande. Elle a besoin de la virilité d'un homme, de sa force. Pour se mesurer à lui. - traits de caractère : sauvage, impatiente, obstinée, ambitieuse, sournoise, libérée, charismatique, passionnée, loyale, familiale, observatrice, impulsive, manipulatrice, enjouée, charmante, polie, réaliste, mélancolique.  - quartier de résidence : Ocean groove.  - groupe : Dark horse.

gnaw upon my roots:

mummified my teenage dreams. no, it's nothing wrong with me.
the kids are all wrong, the story's all off. heavy metal broke my heart

Et tu souris. Le dimanche, le jour on ne peut plus sacré chez les Carrillo. Le temps pour la famille, bien loin des soucis. Tout business est en stand by jusqu'au matin suivant, il y a un temps pour tout. Bien mal vu est celui qui ose prendre un appel professionnel lors du repas de midi. La spécialité résidera à jamais dans les fajitas, même si la fin de monde devait avoir lieu demain. Tu termines de rincer les tomates lorsque la sonnerie retentit. Les conversations vont bon train sur la terrasse, et tu t'étonnes qu'il puisse manquer qui que ce soit. Avant que tu aies eu le temps d'esquisser le moindre mouvement, ton paternel pose déjà sa main sur la poignée. On ne se fait pas de mauvais sang chez les Carrillo, mais toute surprise est tout sauf bienvenue. On n'aime pas l'inattendu, on aime que les choses sont simples, claires, concises, ainsi. Des ah d'allégresse achèvent de détendre tes muscles, et tu relâches même le manche du couteau que tu tenais fermement. Tu files un mauvais coton. Et lorsque tu aperçois les nouveaux arrivants, ton coeur explose littéralement dans ta poitrine. Il est là. Cet ami, ton ami, l'unique et indispensable. Cet être qui dévaste tout par son absence, et refleurit par sa présence. En un bond tu es dans ses bras, rayonnante. Mi amigo, qué alegria. Ven con migo! Et sans lui laisser le temps d'esquisser le moindre mot, le moindre geste, tu l'entraînes avec toi sur la terrasse, débordante de bonheur, d'impatience de faire savoir à la famille entière qu'il est là. Avec toi. Mira quién está aquí! Et on s'exclame, s'émerveillant sur le retour de l'ami, de ce garçon qui a toujours traîné dans la famille depuis le début. Lino. Ta main ne lâche pas la sienne, pas un seul instant, et la famille s'attendrit, espère. Depuis le temps qu'ils n'ont de cesse de te rabacher que una mujer debe tener un hombre et que tu les envoies sur les roses. Mais Lino, lui, il est bien plus que cela. Il est le soleil qui se lève à l'est, le vent du sud, la peau d'amande. Il est son exostime, son ave maria.

Le crépuscule étale son voile sanguin sur Belmont Springs, et tu soupires. Tu n'aurais pu rêver de meilleure journée, de plus bel achevement. Tu tires lentement sur la cigarette que tu tiens, trempant de temps à autre tes lèvres dans un verre de rosé. Il est près de toi, allongé sur une chaise longue, subissant la paisible ambiance d'une famille aimante. Tu aimerais que cet instant s'éternise, à jamais, se fige dans l'espace-temps. Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Querida, tengo que decirte algo. Tes sourcils se froncent, tu as horreur de cette tournure de phrase. Celle qui annonce une catastrophe, un cataclisme. Tu l'interroges du regard, en suspension face à ses lèvres. Que pasa? Je vais me marier. La chute libre. Tu devines à son regard inquiet que tu viens de virer à toutes les couleurs, pour terminer blanche comme une linge. Tu sais que ce n'est pas ce qu'il espérait de ta part, et tu t'en veux d'avoir mal. D'être égoïste, jalouse de cette femme que tu ne connais pas. Et que tu ne dois jamais, ô grand jamais, rencontrer un jour. Je suppose que c'est une bonne nouvelle? La Carrillo reprend le dessus, sèche, grinçante, l'amie se cache dans un coin pour bouder. Il soupire et passe une main sur son visage fatigué (désespéré). Pourquoi est-ce que tu réagis comme ça? T'es censée être heureuse pour moi. Surtout qu'elle voulait que tu sois sa demoiselle d'honneur. Tu te liquéfies sur place, lui jetant un regard horrifié. Il plaisante? Mais passé la stupeur, c'est la fureur qui prend le dessus. Tu es ainsi. Explosive, imprévisible, changeante. Au gré du vent. Pour notre propre bien, à tous les deux, ne me la présente jamais. Et tu menaces, tu sais si bien le faire. Mais tu te connais, tu sais que tu pourrais lui faire du mal. La faire hurler, jusqu'à ce qu'elle se taise à jamais. Il te connait, lui aussi, et sait qu'il n'y a plus de place pour la communication. Plus pour aujourd'hui. Il se lève et, doucement, pose sa main sur ton épaule rigide. J'espère sincèrement qu'un jour tu trouveras l'amour. Et sa remarque te blesse, te poignarde au plus profond. Tu sais qu'il a raison. Mais il se passera un monde avant que tu ne l'admettes.

mummified my teenage dreams. no, it's nothing wrong with me.
the kids are all wrong, the story's all off. heavy metal broke my heart

Querida, ven aqui! Tu ronchonnes, t'enroules dans ta couette. Pour une fois que tu pouvais flâner, traîner, glander, il était inadmissible que quelqu'un te réveille. Qui que ce soit. Tu descends ou c'est moi qui viens te chercher? Tu reconnais la voix paternelle, et à la seule pensée du soufflon que tu pourrais prendre, tu sors d'un bond du lit. Et c'est en jogging, les cheveux emmêlés, les yeux gonflés de ta réunion de la veille que tu descends au rez-de-chaussée. Maugréant, marmonnant, mais assez bas pour qu'il ne t'y prenne pas. Carrillo père, ça ne plaisante pas. Je te présente le nouveau jardinier, il remplacera Pedro jusqu'à ce que ce dernier revienne. Du moins s'il revient. Tu avises le nouvel arrivant d'un oeil critique, glacial. C'est à cause de lui qu'on te réveille aussi tôt? Sans blague. Et le nouveau il veut quoi, une piña colada de bienvenue? Tu es cinglante, et bien plus encore lorsque tu es de mauvaise humeur. Ton père s'affaire à autre chose, il a l'habitude de tes sarcasmes. Il faut bien que tu te fasses les dents. Le petit nouveau il veut juste que princesse lui montre les jardins. Soufflée. Tu dois avouer que tu ne t'attendais pas à ce qu'il ose, à ce qu'il dise quoique ce soit. N'importe qui se serait fait le plus petit possible, et aurait attendu que l'orage passe. S'il passe un jour. Tu croises les bras, t'adossant contre la porte. Tu ne te gênes pas pour l'observer à loisir, le jauger, l'estimer. T'as tout d'un survivant toi, pas vrai? Il ignore ta question, regarde sa montre d'un air nonchalant, s'impatiente. La provocation. Ton terrain de jeu préféré. Que le meilleur gagne. Suis moi champion, que tu profites de ta seule et unique journée ici. Tous les gosses de riches sont aussi insupportables que toi? Tu fais volte face, tu es proche de lui, beaucoup trop, mais tout est prévu, calculé, dans les moindres détails. Comme toujours. Non trésor, je suis la pire. Et tu pinces doucement sa joue, un sourire forcé au visage. Non, il ne tiendra pas la journée. Tu lui fais vaguement faire le tour du propriétaire avant de l'abandonner aux autres agents d'entretien. Sans un mot, sans un regard tu t'échappes, oubliant presque immédiatement son existence. Vraiment? Non. Absolument pas. Tu ne peux te l'enlever de la tête, à dire vrai. Il a tout ce qui te plaît chez un homme. Du mordant, des tripes, de l'indifférence. Et un joli minois.

L'obscurité s'est installée depuis bien longtemps, il ne doit pas être plus de trois heures du matin. Mais tu ne parviens pas à dormir, tu te tournes et te retournes, souffles, râles, t'arraches les cheveux, et finis par te lever. Au diable le sommeil, ton corps ne le voulait pas. Ta tête non plus. Les nuits commencent à se réchauffer, et c'est pieds nus que tu descends dans la cuisine te servir un jus d'orange, attrapant au vol ton paquet de cigarettes. Ce truc là va te tuer. Tu t'installes sur la terrasse, brûlant le bout de la clope, aspirant la satisfaction d'être dehors, et l'impatience ne pas avoir réussi à trouver le sommeil. Comme tant d'autres nuits en ce moment. Tu vires ta conscience d'un coup de pied au derrière, pas de sermon, ce n'était pas le moment. Des bruits de pas approchant te font te raidir, tu te lèves presque instantanément. Tu n'es pas armée, mais tu peux aisément casser un bras. Ou mordre une main. Relax princesse, je ne suis pas là pour te tuer. Enfin, pas encore. Tu pestes dans ta barbe, reprenant place sur la chaise. T'aurais pas bouffé un clown toi? Il ricane et prend place face à toi, étendant ses jambes paresseusement. Je t'en prie, fais comme chez toi. Merci. Tu te surprends presque à esquisser un sourire. Il a tellement d'aplomb, tellement de culot que tu en viendrais presque à l'apprécier. Cela fait à présent un mois qu'il bosse pour toi, pour vous, et il ne s'est pas passé un seul jour sans que vous n'échangiez un regard, une insulte, une bourrasque. Son pied vient rencontrer le tien, par hasard, sans faire exprès. Tu sais que certains sont morts pour moins que ça. Il sourit et croise les bras derrière sa tête, nonchalant. A croire que tu m'aimes bien alors? Ton petit sourire en coin glisse de ton visage, et tu remercies l'obscurité de ne pas montrer le rouge de tes joues. Oui, tu l'appréciais. Beaucoup, probablement trop. Tu avais ce pincement au coeur lorsque tu l'apercevais au loin, cet espoir qu'il croise ton regard, cette impatience qu'il te découvre. Et tu avais peur de ces nouveaux désirs, de ces changements. Tu avais peur car tu n'en voulais pas. Tu ne veux pas être faible. Jamais.