ain't no rest for the wicked. (toni)

antonio juan flores

your time will come if you wait for it. it's hard, believe me, i've tried. but i won't wait much longer 'cause these walls they're crashing down, and i keep coming up short.

ft. bob morley | © imagine dragons et fairestcharming

- nom complet : Flores, c’est synonyme de galère. Ça rappelle le soleil qui coule dans ses veines et celles de sa famille, mais tout le monde s’en fout. Flores c’est des oubliés, des déchets. Flores ça trime dans son coin, ça grogne et ça joue des coudes pour survivre. Rien de plus, rien de moins. Même ses prénoms font écho à ses origines. Antonio, Juan. Ça lui paraît un peu cliché mais on lui a pas demandé son avis, m’voyez. De toute façon, on le surnomme toujours Toni. - âge, date et lieu de naissance : L’aube d’un six avril l’a vu naître, bercé par le soleil de San Diego à ses premières heures de vie. Ça fait aujourd’hui vingt-neuf ans qu’il traîne sa carcasse, même s’il arrive qu’on lui en prête un peu moins à la vue de son sourire de sale gosse. - origines et nationalité : Né sur le sol américain, il en possède donc la nationalité. Pourtant, il s’est jamais senti l’âme d’un patriote et a plus d’affinités avec ses origines mexicaines. Les États-Unis sont placardés sur ses papiers, certes. Mais son cœur appartient au sol qui a porté ses parents. - occupation, situation financière : Adepte des petits boulots, il a toujours eu tendance à enchaîner les jobs ingrats dont personne ne veut. Il a presque tout fait – d’éboueur à livreur de pizzas, plombier, barman et même toiletteur pour chiens. Le dernier en date, c’est jardinier chez une famille de bourges plus connue sous le nom de Carrillo. Autant dire que niveau financier c’est pas la joie, et puis les Flores ont jamais roulé sur l’or. Alors il se débrouille, mais ça reste modeste. - statut civil : Pas prêt de se poser, il a tendance à être adepte des coups d’un soir – mais il les enchaîne pas à la pelle non plus. Rester célibataire c’est mieux, c’est son choix. Pas le temps pour se lancer dans une relation, il préfère se consacrer à sa famille et éviter d’allonger sa liste d’emmerdes. - orientation sexuelle : La question n’a jamais eu besoin de se poser à ses yeux, il est hétérosexuel et n’a pas envie de tester autre chose. - traits de caractère : Fougueux, moqueur, (trop) franc, jaloux, débrouillard, (trop) rancunier, provocateur, courageux, impulsif, attentionné, généreux, travailleur, drôle, loyal, (trop) insolent, tactile, réaliste, tête de mule, entier, (trop) protecteur, possessif, rebelle, secret, battant, vif d’esprit, sarcastique, passionné, joueur, excessif. - quartier de résidence : Dana Point, du côté de Sleepy Hollow Lane. Le coin des parias, là où beaucoup préfèrent ne pas s’aventurer. Il vit avec ses frères et sœurs, dans une maison probablement trop petite pour leur tribu. - groupe : Underdog.

gnaw upon my roots:

well these days i'm fine
no, these days i tend to lie

Brosse à dents enfoncée dans la bouche, du dentifrice sur les lèvres et les cheveux encore humides, Antonio descend les escaliers quatre à quatre pour foncer vers la cuisine. Il enjambe au passage des fringues non-identifiées et quelques jouets, levant les yeux au ciel en ramassant un coussin qu’il balance dans une chambre au hasard. C’est le bordel. C’est toujours le bordel dans cette baraque – pas étonnant avec six personnes et un bébé. Le chaos ambiant, c’est dans leurs habitudes. Ça fonctionne comme ça chez les Flores, et ça changera probablement jamais. Ça coule dans leurs veines.

Il aperçoit Lola perchée sur le plan de travail, clope au bec et café à la main, les yeux cernés de noir. Il s’approche pour lui coller un baiser sur la tempe, laissant une trace de dentifrice au passage. Elle grogne, s’essuyant la peau en lui lançant un regard meurtrier. « Mauvaise nuit ? » qu’il demande, terminant distraitement de se frotter les dents en mettant du pain dans le toaster. Elle ricane. « Mauvaise semaine, ouais. » Il ne répond pas et elle se redresse, vidant le reste de sa tasse dans l’évier. Puis elle se dirige vers les escaliers, entrant en collision avec Luis qui était manifestement en train de courir vers la cuisine. « Regarde où tu vas, cabrón ! » Le gosse se reçoit une tape sur la tête et répond par un doigt d’honneur une fois que Lola a le dos tourné. Antonio camoufle un sourire avant de se pencher dans l’évier pour se rincer la bouche, sa brosse à dents rangée dans la poche arrière de son jean. Et quand Luis arrive à sa hauteur, il lui offre lui aussi une tape à l’arrière du crâne. « Mais putain ! J’ai rien fait, pourquoi vous m’tapez tous là ? » Sans un mot, Toni réitère le geste avant de désigner un placard, où un bocal en verre est planqué derrière une boîte de céréales. « J’ai pas d’argent. » Toujours silencieux, Antonio plisse les yeux en le fixant avec insistance. Le benjamin finit par capituler, poussant un soupir dramatique avant de sortir une pièce de sa poche pour aller la placer dans le bocal. « T’façon ça sert à rien, après ce fric il reste juste là à prendre la poussière. » « Non, ce fric il sert à offrir vos cadeaux à Noël et aux anniversaires. D’ailleurs on t’est tous très reconnaissants de débiter autant d’injures. » Petit sourire moqueur au coin des lèvres, Antonio ébouriffe les cheveux de son cadet en lui tendant un bol et un paquet de céréales. Luis attrape les offrandes en continuant de marmonner dans sa barbe, allant s’asseoir à la table où Carmen est déjà installée avec son bébé.

Une odeur de brûlé sort Toni de ses pensées, et il se précipite vers le grille-pain. Trop tard. Il devra se passer de tartines pour aujourd’hui, sauf s’il a envie de manger du charbon. Ce qui n’est, évidemment, pas le cas. « Toaster de merde ! Jódete ! » Ça fait trop longtemps que ce truc crame un petit déjeuner sur deux, et Antonio est franchement à deux doigts de l’envoyer par la fenêtre. Ce sont les rires de Luis et Carmen qui le stoppent dans sa colère – ces idiots sont en train de se foutre de sa gueule. Carmen lui montre le placard, et il est presque tenté de protester. Mais elle a raison, il fait la guerre aux plus jeunes pour qu’ils évitent de balancer des insultes à tout va, il doit s’y plier aussi. Quel merdier. Il a vraiment des idées à la con parfois. Lâchant un soupir, il s’exécute et va poser un dollar dans le bocal, sous les applaudissements des deux autres. Leur petite scène est interrompue par Gaby, qui arrive à toute vitesse et se dirige immédiatement vers la sortie. Pas dupe, Toni lui court après et la saisit par l’épaule pour la stopper. Puis il prend le temps de la détailler. Court vêtue, trop maquillée à son goût, elle a l’air bien plus âgée que les quinze années qu’elle a vraiment. « T’es encore allée piocher dans les affaires de Lola, hein ? » « Qu’est-ce que ça peut t’faire ? T’es pas mon père ! » Fucking teenagers. Merci bien, il est au courant. Mais leur père est en taule, leur mère est morte, et il est présentement ce qui se rapproche le plus d’un parent dans cette famille. « Peut-être mais j’suis ton frère et ton tuteur légal. Donc tu vas aller te changer, rápido. » Elle lève les bras au ciel dans un geste théâtral avant de repartir d’où elle est venue en parlant toute seule.

Il a même pas le temps de reporter son attention sur les deux autres que son portable se met à sonner. Ouvrant le clapet, il fronce les sourcils en voyant le prénom de Diego s’afficher. Il sent déjà venir l’embrouille. « Allô ? » « Heeey, salut frérot ! C’est juste pour te prévenir que, euh. Ce soir j’pourrai pas garder les mioches, j’ai un– oh fuck. Je, hm, finalement j’ai un truc de prévu donc– euh. Ouais je pourrai pas. On échangera la prochaine fois ! » Les bruits à l’autre bout du fil sont suspects, et Toni reste silencieux un instant. Il se retient de se frapper le front contre un mur, vraiment – lui qui se faisait une joie de pouvoir sortir se changer les idées. Lola bosse, Carmen aussi, et il est hors de question de laisser Luis et Gabriella seuls avec le bébé. Ça sera donc encore pour sa pomme. « Diego ? » « Sí ? » « Primero, j’te déteste. Segundo, t’es sérieusement en train de m’appeler alors que t’es au pieu avec quelqu’un ? » Le petit rire qui lui répond veut tout dire, même pas besoin d’une réponse. Ce petit con est vraiment irrécupérable. « Estás pero si bien pendejo. » Et sur ces mots doux, il raccroche en soupirant. Quand il se retourne, il n’y a plus que Carmen et son bébé. Devant son regard interrogateur, elle se contente de hausser les épaules. « Luis est parti prendre son bus et Gaby s’est fait la malle pendant que tu discutais. » Elle lui dit ça le plus naturellement du monde, et il serait presque tenté de lui crier dessus. À la place, il l’observe d’un air profondément abasourdi, passablement énervé et quelque peu blasé – savant mélange qui est un peu sa marque de fabrique, vu son entourage. « Et tu l’as laissée sortir comme ça ? » « J’vois pas le problème, c’est une grande fille. Au fait, j’voudrais pas t’affoler, mais t’es en retard estúpido. » Un coup d’œil sur l’horloge et sa face passe de i hate my life à oh shit en un fragment de seconde. Choppant ses clés et son paquet de clopes, il met une chaussure, garde l’autre à la main et court vers la sortie. Carmen se marre, Lola gueule qu’elle veut dormir et Toni claque la porte derrière lui.

Les Flores sont un putain de champ de bataille, y’a pas à dire. Plus de parents, une sœur qui les a abandonnés, et une sale équipe de bras cassés. Ils sont l’exemple parfait de la vermine que les gens des beaux quartiers ne veulent pas côtoyer. Mais ils sont là, et ils comptent bien survivre malgré l’environnement qui les entoure. Leur famille est aussi chaotique qu’une matinée typique de chez eux, mais Antonio l’échangerait pour rien au monde. C’est sa vie.

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Antonio est même pas encore sorti de la propriété qu’il a déjà une clope à la main, un nuage de fumée entre les lèvres. Ça fait des heures qu’il attend ça, alors il va pas se priver une minute de plus. Et puis, il a fini sa journée de travail, donc on a rien à lui reprocher. Si ? Il s’en fout, de toute façon il est seul. Enfin, c’est ce qu’il pensait. Jusqu’à ce qu’il entende des pas s’approcher – et il a même pas besoin de faire volte-face pour savoir de qui il s’agit. Ça devrait l’effrayer, d’être capable de la reconnaître si facilement. Mais tout ce qui traverse son esprit, c’est une simple question : qu’est-ce qu’elle veut ? « Antonio. » Il attend jusqu’au dernier moment pour daigner se retourner, son regard tombant sur celui, électrique, de Nicole. Un sourire en coin se pointe sur le visage de Toni, et il arque un sourcil en tirant une taffe de sa cigarette. « Qu’est-c’qui t’arrive, princesse ? Je te manque déjà ? » C’est au tour de la demoiselle d’arquer un sourcil moqueur. « T’aimerais bien, mais non. » Ouch. Ça, c’est fait. Il rit doucement, continuant de consumer son bâton de nicotine. C’est ça, qu’il aime le plus chez elle. La façon qu’elle a de lui rentrer dedans, son air angélique qui cache un volcan de sarcasmes. Elle le fait rire, même s’il veut pas l’avouer. « Alors que me vaut l’honneur de ta présence ? » Elle le jauge du regard un instant, et il se surprend à être déstabilisé. Il blâme ces putains de prunelles au vert trop intense, qui ont l’air de le scanner à chaque fois qu’elles le croisent. C’est pas des yeux qu’elle a, la Carrillo. C’est des foutus rayons X. « T’as oublié ta cabine téléphonique. » Elle sort quelque chose de sa poche avant de le lui tendre, et il met une seconde à reconnaître son portable. Cette fâcheuse manie qu’il a de le perdre partout, ça va finir par lui jouer des tours. « T’es au courant qu’on est en 2015 et qu’à ce jour, il existe des portables beaucoup mieux que cette antiquité ? » Évidemment. Le classique commentaire sur l’âge de son téléphone, on lui fait le coup à chaque fois. Il sait très bien que ce truc est digne de parents ou grands-parents réfractaires à la technologie – mais voilà, Toni est un peu comme ces gens-là dans ce domaine. Il aime pas les engins dernier cri. « J’te remercie pour cette information capitale. Mais ma cabine téléphonique me convient très bien, donc t’en fais pas pour moi. » Il attrape son portable et le fourre dans la poche arrière de son jean, sans la quitter du regard. « Tu vas me donner autre chose ou j’peux y aller ? » Son sourire se fait railleur, ses prunelles se teintant d’une lueur de défi. Nicole fait mine de lever les yeux au ciel et ne prend même pas la peine de répondre. Elle lui tourne le dos pour commencer à s’éloigner, et il reste planté là, à l’observer partir. Puis elle se stoppe, se retournant aux trois quarts en lui adressant l’un de ses sourires indescriptibles. « Au fait, les employés ont pas le droit de fumer sur la propriété. Essaie de t’en souvenir, Flores. » Et sur ces mots, elle s’en va pour de bon. Il peut pas s’empêcher de sourire comme un pauvre con, sans même savoir s’expliquer pourquoi. Il tente même plus de comprendre à vrai dire – au fond de lui, il sait déjà. C’est trop tard.

Citation :

Maestro des fourneaux, il est capable de préparer des plats délicieux avec pas grand-chose.

Le tablier mon chat, le tablier.