FILS DE P(ute)IRATE

( j'veux planer dans les airs et m'fumer un gros teh / y'a ma latte dans le ciel, j'veux m'envoler comme un aigle royal / nager dans les mers d'hawaii, aller dans mes rêves / ou m'en aller, juste sans faire d'voyage, jamais dans le stress )
et c'est assis dans un canapé, dans une magnifique villa, que nino se sentirait presque bien. seul dans l'immensité. seul face à la vie, face au monde, face au danger.
si au début son coeur battait, les premiers coups étaient toujours difficiles, maintenant il y va comme un premier de la classe en cours. au début, la première porte qu'il a forcé il avait cru mourir. alors forcément il faisait bonne figure, il donnait des coups de coude à son pote, il souriait, il la jouait pro. mais au fond de lui, son coeur manquait de s'arrêter. ses jambes de céder. sa vie de s'arrêter. et puis il était rentré chez lui, dans sa chambre, avec une clef. et il avait su que ça allait aller. il vit avec une épée de damocles sur la tête. il lui faut être discret, le prénom de nino ne doit ressortir nul part. il se doit de n'être qu'un fantôme dans la vie des gens. et c'est ce qu'il est. il rigole, enquête. et s'efface pour jouer de mauvais tours. et c'est dans le coeur des filles qu'il préfère rentrer. il se faufile, parle doucement, parle amoureusement. mais oui je t'aime. mais oui. j'ai nul part où aller. s'il te plait. et autres mensonges. et autres surprises. il a toujours un bon alibi. une bonne excuse. un mensonge, un regard triste, beaucoup de compassions. je t'aiderais, bébé. et autres mensonges.
maintenant il s'enivre du danger. de ce poison dans ses veines, de cette adrénaline. il se faufile toujours autant. et il aime ça de plus en plus.
et il revient toujours chez lui, le coeur lourd, le pas léger, le regard pétillant, le fond de l'oeil coupable. mais il camoufle ça du mieux qu'il peut. nino le fantôme.

il sait que, maintenant, il ne rentre plus sous les hurlements d'un homme, d'une femme. d'une pute et de son mac. de cet étranger et de cette menteuse.
maintenant il rentre se faufiler dans les draps de cette fille. de la seule qu'il estime, respecte, il l'aimerait presque. d'un amour fraternel, d'une amour intemporel, imperceptible. il l'aimerait presque d'amour. il la regarde et s'envie de pourvoir seulement la voir. de l'avoir sous les yeux. et il voudrait qu'elle ne soit qu'une énième princesse dans une tour. sa princesse. mais elle vit dans les bas-fonds. elle vit là où rien n'est à personne, tout est à tout le monde. alors forcément qu'il sert des poings quand il la voit sortir comme ça. forcément qu'il sert des dents quand elle lui parle d'un autre. mais que peut-il faire d'autre ? à part serrer les poings.
il sortira bien assez tôt pour se défouler sur un énième golden boy en couche culotte. il y aura forcément une victime dans la foule ce soir.

et assis sur le bord du lit de kayla, la regardant dormir, un joint entre les lèvres.
et assis-là il est sûr d'être bien. heureux. des bouts de nuage qui se créent sous ses yeux.
et un bout d'univers à quelques centimètres seulement.
kayla.