the woman is wild /cat

Bobbi avait un jour de libre. Un jour où elle n'avait aucun rendez-vous professionnel, aucun article à poster sur son blog, aucun coup de fil à passer, d'amis à voir, ou de virée à faire avec son fils, gardé par Roos pour la journée. Elle avait un temps libre considérable sur les mains et décida donc d'envoyer un message à Cat pour lui donner rendez-vous au Tartine, ce nouveau salon de thé qui proposait tout un tas de pâtisseries françaises, ce dont Bobbi raffolait. Depuis la naissance de James elle n'avait pas beaucoup l'occasion de voyager (ou plutôt, elle refusait les occasions qui se présentaient à elle), et se rendait parfois au Tartine pour retrouver un petit bout de la France, pays qu'elle adorait et dont elle maîtrisait plus ou moins la langue. Bonjour. salua-t-elle le propriétaire dans un français impeccable, déposant un baiser sur sa joue avant de se rendre à l'arrière de la boutique où se trouvait le salon de thé improvisé. Quelques personnes étaient déjà attablées aux quatre coins de la salle mais il n'y avait pas foule, ce qui rassura Bobbi qui détestait le brouhaha des endroits trop peuplés. Elle s'installa à une table, déposa son sac sur la table et en sortit son BlackBerry (téléphone professionnel) pour jeter un coup d'oeil à ses emails et fixer quelques rendez-vous pour les prochains jours en attendant son amie. Bobbi souhaitait démarrer sa propre ligne de vêtements, elle avait les idées et même quelques croquis déjà réalisés, il ne lui manquait que l'aspect concret, financier, de la chose. Elle avait l'argent pour tout bâtir elle-même mais ce serait très stupide et elle voulait miser les bonnes cartes pour mettre toutes les chances de son côté. Elle était Bobbi Wilkes après tout, si elle se lançait dans un tel projet c'était pour que ça marche et que son affaire devienne une marque incontournable et non pas une parmi tant d'autres. Lorsqu'elle releva le regard de son téléphone, elle vit Cat s'approcher d'elle. Un fin sourire étira ses lèvres et elle rangea son téléphone dans son sac qu'elle vira de la table, hélant le serveur pour prendre leurs commandes. Elle n'avait pas décidé de voir son amie comme ça, sur un coup de tête, une soudaine envie. Cat lui avait envoyé un message il y a quelques jours pour lui demander qu'elles se voient. Bobbi espérait simplement que ça n'avait rien à voir avec Henry — la nouvelle de leurs fiançailles ne lui avait pas échappée. Se sentait-elle coupable d'avoir couché avec lui il y a quelques jours? Pas le moins du monde. Ces fiançailles étaient bidons et elle était encore en droit de coucher avec qui elle voulait quand elle le voulait; seulement Bobbi n'était pas vraiment la meilleure conseillère quant aux histoires de coeur, et entendre les autres se plaindre de leur vie pathétique n'était pas son fort. Comment vas-tu? Question banale qu'elle allait probablement regretter.

some women are lost in the fire.
- some women are built from it. -

Un soupire traversa ces lèvres. Depuis plusieurs jours elle déballait ces boîtes, rangeaient ces vêtements, de la vaisselle, ce genre de chose inutile. L'envie de passer directement à la décoration se faisait pressante, mais respectant les étapes, et méthodique, Cat abandonnait à chaque fois, sortant chaque objet avec précaution de leur boîte respective. Faute d'être perspicace, ou sociale. Cat ne voulait pas demander de l'aide, qui pourrait la blâmer. Le plan de déménagé avait été spécialement conçu pour qu'elle soit seule dans son espace personnelle. Plus de mésaventures pour venir pourrir sa vie. Enfin. Pour un moment. Quelque semaines plus tôt elle avait envoyé un message à Bobbi, une de ces amies, histoire de parler entre elle. Quelqu'un avait glissé quelque part que Bobbi et Henry se voyait souvent. Elle voulait partager ces inquiétudes sur l'homme. Puis le déménagement avait prit tout son temps et elle n'avait rappeler personne. Surtout pas Henry. Elle gardait le tout uniquement publiquement, allant le moins souvent possible lui rendre visite pour plus de deux minutes. Quelque chose la bloquait, l'empêchait à quelque part de coucher de nouveau avec lui. Tant pis, il avait des tas de conquête et Cat s'en trouverait une nouvelle. Ce n'est pas comme si elle était nymphomane. Le message de Bobbi la surpris, sans plus. Elle râla et grogna après ces boîtes cherchant quelque chose de potable à se mettre. Une fois fait, elle partie pour le Tartine, restaurant que Bobbi adorait. Cat ne chialerait pas pour quelque pâtisserie française comme leur fameux macarons. Elle arrive là-bas, et distingue Bobbi immédiatement. Elle se rend donc à leur table. « Comment vas-tu? » Formalité et politesse. Blabla dont elles peuvent toutes les deux se passer. « Sérieusement?! Je croyais qu'on était pas le type 'salut, ça va'. » Cat a un grand sourire sur le visage. Elle prend place assise. « Tu m'as pris de cours, je suis en plein rangement à l'appartement. Je déteste les déménagements. » Dit-elle en soupirant. « Mais j'aime la liberté et l'indépendance. Enfin! » Elle regarde son amie et se met à rire. Elle se sentait plus joyeuse depuis le déménagement. Du moins, en partie. Son altercation avec Leo, ça, elle aurait bien aimé que ça ne se produise pas. Le serveur arrive rapidement - merci à Bobbi - et est prêt à prendre leur commande. « Une boîte de macaron à la pistache ainsi qu'un café latté vanille. » Un sourire elle se retourne vers son amie.

Bobbi grimaça quand Cat la reprit sur sa façon de l'aborder. Elles n'étaient pas des amies "banales", dirons-nous, et effectivement les banalités du genre étaient proscrites de leur relation. Mais Bobbi n'avait tellement pas envie qu'elle se plaigne de sa vie, surtout de sa relation avec Henry, qu'elle appréhendait bien plus que la normale ce pourquoi Cat lui avait demandé de se voir. Autant pour moi, c'est l'habitude. Bobbi était passée maître dans l'art de l'hypocrisie et cette phrase bateau, elle la servait aux gens qui ne comptaient pas pour elle, qui n'était rien à ses yeux, le petit peuple. Ugh je te plains, les déménagements c'est le pire. Pourquoi tu n'engages pas quelqu'un pour tout faire à ta place? demanda-t-elle le plus sérieusement du monde, comme s'il s'agissait d'une évidence. Elle ne comprenait pas pourquoi Cat s'évertuait à tout faire toute seule, sa famille avait de l'argent après tout, les Whitelaw étaient l'une des familles les plus puissantes de Belmont Springs. J'avais un moment de libre alors c'était maintenant ou jamais. Mine de rien Bobbi restait très occupée malgré le coup de frein qu'elle avait mis depuis la naissance de son fils, et sa vie sociale se retrouvait très réduite — peu importe, elle préférait travailler que de voir des amis pratiquement inexistants, vu son caractère de merde. Tu as l'appartement, maintenant il te faut le job de rêve. Elle savait que Cat était en études de médecine et Bobbi la soutenait pleinement, elle savait aussi qu'elle était passionnée de mode et bien sûr, Bobbi travaillant dans le milieu, elle essayait de rattacher son amie à sa cause. Quand le serveur arriva, elle laissa Cat commander en première puis suivit le mouvement. Des macarons au citron pour moi ainsi qu'un chai tea latte. Aucun sourire, aucune formule de politesse; après tout c'était le job de ce garçon de les servir, il était payé pour ça. Bobbi se retourna vers Cat, le fantôme d'un sourire dansant sur ses lèvres. Pourquoi est-ce que tu m'as appelée la dernière fois? Il y avait bien une raison, non? Bobbi n'était pas de ces personnes qui traînaient avec des amis juste pour passer du temps ensemble. Il n'y avait qu'à voir la relation qu'elle entretenait avec Henry, sa plus longue et solide amitié. Pas du genre à aller boire un café pour papoter de leur vie amoureuse. Elle espérait simplement que Cat n'était pas de ce genre là, même si l'idée de jouer la grande soeur pleine de sagesse (ou plutôt pleine de vices, c'était plus réaliste) lui plaisait assez bien.

Formalités non-comprises dans sa relation avec Bobbi, il faut avouer, que cette amitié, était quelque peu étrange. Même Faye était plus conviviale qu'elle. Cat avait demandé à Bobbi de la rencontrer au départ, simplement pour parler de Henry, et se plaindre, bien sûr. Une certaine crise de jalousie, quelque chose comme ça. Puis avec le temps, Cat avait tout simplement décidé de passer à autre chose. De demander à la brunette des explications en soit, sur Henry. Il la forçait à rester avec lui, alors que tout ce qu'elle voulait, était le contraire de lui; ne pas être fiancé à une ordure comme lui. Bien qu'il soit un dieu au lit, elle avait d'autre ambition dans la vie. Elle souhaite être reconnu en tant que Cat. Elle refusait de mettre le crédit sur les Whitelaw ou maintenant sur son fiancé. Elle regarde son amie avec un preux sourire lorsqu'elle parle de job et d'engager quelqu'un pour le déménagement. « Je suis pas une Whitelaw, je suis une Gallagher. Je préfère faire tout moi-même, merci quand même de la proposition. » dit-elle en préférant changer de sujet. Le job, maintenant. « Ne me parle pas de job, je suis indécise dans tout. » Elles commandent finalement quelque chose, rapidement. Macarons, cafés ou thé pour Bobbi. Elles arrivent enfin à la raison de leur rencontre. Cat s'éclaircit la gorge. « Henry Coleman, comme tu dois le redouter. Je voulais me plaindre, mais maintenant c'est pour autre chose. » Elle soupire en regardant la femme devant elle. Si intelligente, si féroce. Elle lui faisait pensé à elle-même, dans un corps différent. « Il me manipule. Je veux m'en départir au plus vite. J'ai besoin de quelque chose pour le menacer à mon tour. Conquête, surtout, qu'il a du mettre dans son lit. Puisqu'il ne peut pas retenir ses pulsions. » Parler de son fiancé de cette façon pouvait paraître étrange, mais pas pour elle. Appelons un chat un chat; Henry ne faisait qu'apprécié la compagnie des femmes dans son lit. Il avait un empire à lui, ou du moins, une petit part. Et il était ravi de présenté son charme à plusieurs femmes, dont Cat. « J'ai d'autres chats à fouetté, je veux me débarrasser de lui. », dit-elle finalement, voyant le serveur arrivé avec leurs boissons. Elle prend une gorgé de son café en souriant, loin de se douter que son amie avait elle-même goûté à Henry Coleman de prêt. Tout ce qu'elle voulait, était d'être libre d'être avec qui elle voulait. De pouvoir créer son propre chemin sans dépendre de quelqu'un. Whitelaw, Coleman ou autre. Elle voulait être Cat Gallagher, tout simplement. Être unique et indépendante. Être une femme.

Bobbi haussa un sourcil mais ne fit aucune remarque supplémentaire sur la question du déménagement. Elle savait que Cat et elle venaient d'un monde différent et que la jeune femme en face d'elle aimait son indépendance et se débrouiller toute seule, mais parfois le fossé qu'il y avait entre elles se ressentait et c'était l'un de ces moments-là. Bobbi ne se serait pas posé la question deux fois et aurait fait appel à une équipe de déménageurs pour transférer ses affaires d'un endroit à un autre sans se prendre la tête ou chercher à les aider — tout ce qu'elle aurait fait, c'est les regarder faire et en inviter un dans son lit si elle se sentait d'humeur. Tes études se passent bien? Bobbi n'admirait que peu de gens à part sa propre personne mais dans ce domaine, Cat lui en bouchait un coin. Il fallait en vouloir pour suivre des études de médecine et si Cat semblait parfois perdue, elle adorait ce qu'elle faisait et s'y jetait corps et âme. Elle la soutiendrait si elle souhaitait devenir médecin ou chirurgien, mais pour ses propres intérêts Bobbi était obligée de lui faire peser toutes les options qui s'offraient à elle. Si tu as du mal à te décider, tu peux toujours venir travailler avec moi quelques semaines, histoire de voir comment ça se passe. Cat était passionnée par la mode et Bobbi le savait, seulement elle n'avait jamais mis un pied dans ce monde alors comment pouvait-elle refuser quelque chose qu'elle n'avait jamais expérimenté? Quand son amie évoqua Henry, Bobbi se redressa, légèrement sur la défense. Henry était l'un de ses plus proches amis et si elle se fichait pas mal des histoires dans lesquelles il pouvait se fourrer et pensait même qu'il méritait parfois d'avoir autant d'ennemis, il fallait faire attention à ce qu'on disait sur lui devant elle. Leur amitié était complexe et aucun mot ne pourrait la décrire, mais elle avait ce besoin de le défendre telle une maman ours malgré qu'il en soit plus que capable tout seul. J'espère que tu me demandes pas des infos sur lui pour le faire chanter? C'est pas à moi qu'il faut s'adresser pour ça. Si Cat trouvait des secrets et s'en servait contre lui, tant mieux pour elle, mais Bobbi n'allait certainement pas trahir son ami de longue date pour une fille qu'elle ne connaissait que depuis quelques mois, aussi sympathique soit-elle. Je comprends pas, pourquoi tu lui dis pas de se foutre sa queue et sa bague où je pense? Je sais qu'il peut être dangereux mais enfin, qu'a-t-il sur toi pour que tu ne puisses pas partir quand ça te chante? Bobbi avait du mal à comprendre ce qu'elle ne connaissait pas, et jamais elle ne se laisserait autant manipuler par quelqu'un, surtout pas par un homme.

Son sourire est un petit jeux, une simple illusion. Depuis le déménagement, tout semblait se précipité et joué contre elle. Si à la base, ce devait être un événement heureux, ce n'était plus le cas aujourd'hui. Avec ces fiançailles presque forcé avec Henry, et cette lourde dispute avec Leo, elle se retrouvait seule, comme une adulte à affronter la situation qui se présentait à elle. Mais tant de chose jouaient contre elle, qu'en réalité elle ne savait plus sur quel pied danser. Peut-être que Bobbi pourrait lui être utile de ce côté-là. « Oh, euh assez bien. Toujours en tête des classements de mon niveau. » Un des accomplissements dont elle était le plus fière; ces études. Bien que la plupart des gens ne comprenaient pas son envie de devenir médecin et d'entamer de longues et pénible études, pour elle, le tout avait une signification particulière. Du moins, en entendant la proposition de Bobbi elle fronça le regard, réfléchissant. Depuis un moment, elle avait envie de tenter quelque chose de nouveau. La mode l'intéressait autant que Bobbi, peut-être était-ce cet échappatoire qu'elle attendait depuis longtemps. « Pourquoi pas? Envoie-moi un courriel avec les détails. » Dit-elle un nouveau sourire frôlant ces lèvres rosés. Vient ensuite le sujet principal de leur rencontre; Henry Coleman. À l'expression sur le visage de Bobbi, elle pouvait comprendre qu'elle n'aimait pas que Cat parle de lui ainsi. Elle le comprenait, l'assimilait. Il n'était pas une mauvaise personne, et n'a pas un mauvais fond, au contraire. « Non. J'essaie de comprendre. Il était... courtois, très gentil. Et tout à coup... je ne sais pas. Quelque chose à changé dans son regard, sans sa façon d'agir. Je m'inquiète surtout pour lui. Je tiens à Henry, je veux simplement... Ne pas le blesser. » Elle se rappelle le bateau, la réaction de Henry. Son regard vide, assombri, remplit de mélancolie. Elle ne pouvait pas se le retirer de la tête. « Ce qu'il tient sur moi? Il me fait chanter avec Leo Whitelaw. » Cat baisse le regard et se mord la lèvre. Elle n'avait encore jamais parlé de ces sentiments envers lui à son amie. Et bien qu'elle en est envie, elles n'étaient pas les meilleures amies du monde. « Il sait ce que j'éprouve pour lui. Ça pourrait le ruiner autant que moi. » Elle prend une seconde pour boire une gorgé de son café, soupirant. « Et puis, c'est pas comme si Henry était amoureux de moi. » Elle se met à rire. Son propre jeux de séduction, de manipulation, c'est finalement retourné contre elle, contre son gré. Et maintenant elle tente tant bien que mal de réparer les pots cassés, de se sortir de la situation qu'elle a elle-même commencé. Elle apprécie Henry, peut-être trop, pour se soucier de le blesser. Cat se devait de trouver quelque chose, peu importe, pour qu'ils arrêtent de prétendre. Elle ne voulait pas de mensonges avec lui. Plus maintenant. « Passons à autre chose. Je ne veux pas m'étendre sur lui. Je t'ai surtout appelé pour voir un nouveau visage. Quelqu'un que je ne vois pas tous les jours à qui je peux faire confiance. » Un nouveau sourire, elle s'empare d'un macaron et prend une bouchée la savourant.

Bobbi esquissa un léger sourire. Elle était fière de son amie bien qu'elle n'irait jamais le lui dire. Elle était contente pour elle qu'elle poursuive son rêve et surtout qu'elle réussisse dans ses études, mais elle ne voulait pas non plus qu'elle s'enferme dans un truc sans en avoir essayé un autre qui la tentait tout autant. Tant mieux alors. Je t'enverrai l'adresse du prochain shooting où je suis invitée ou un billet d'avion pour New York. Bobbi tenait à amener Cat à la Fashion Week pour la simple et bonne raison que ça allait lui en mettre plein la vue et si elle pouvait la rallier à sa cause c'était bien avec ça. Elle s'empara de sa tasse de thé et en but une gorgée non sans souffler un peu sur le liquide pour le refroidir. Mais le sujet changea rapidement pour se concentrer sur Henry Coleman comme la jeune maman l'avait redouté en arrivant ici. Ca ne l'étonnait pas après ce qu'elle avait entendu sur ses deux amis et Cat n'était pas comme elle, elle était du genre à se confier aux autres. Bobbi se pinça les lèvres, réfléchissant à ce qu'elle allait dire. Il fallait qu'elle fasse attention pour ne pas trop en dévoiler sur son ami. Henry vit... des choses difficiles, en ce moment. Elle ne pouvait pas citer le nom de Dana car ça ne regardait que l'ancien couple et accessoirement Bobbi qui avait été mise dans la confidence, sans compter qu'Henry lui avait fait promettre de ne rien dire, même si une telle idée ne lui serait pas venue en tête; s'il voulait que Cat soit au courant, ce qui l'étonnerait fortement, alors il lui en parlerait lui-même. Leo Whitelaw? Bien sûr qu'elle connaissait ce nom puisqu'il était l'un de ses amis, l'un de seuls qui ne lui avaient pas tourné le dos quand elle avait trompé Everett. Elle savait aussi qu'ils faisaient désormais partie de la même famille mais elle était loin de se douter qu'il y avait quelque chose entre eux. C'est simple, fais croire à Henry que tu tiens quelque chose sur lui qui pourrait ternir sa réputation. Si tu joues les bonnes cartes tu n'as pas besoin d'être spécifique. Le chantage était une partie de poker et Bobbi excellait à ce jeu. Combien de fois avait-elle eu un jeu pourri et avait fait croire le contraire, obtenant ainsi gain de cause? Tu as toqué à la bonne porte. Je sais que je ne suis pas du genre à jouer les grandes soeurs mais tu sais que si tu as besoin de t'évader un peu, tu peux passer à la maison nous voir James et moi.

Bien que les deux femmes soient assez différente, que ce soit niveau âge ou dans la vie de tous les jours, Cat pouvait reconnaître une partie d'elle chez son aîné. Sans être relié par le sang, elles se ressemblaient assez physiquement pour passer comme deux soeurs. « Je n'ai jamais été à New York. Alors peu importe, je serai heureuse. », finit-elle par dire un large sourire sur ces lèvres. La conversation déviant sur Henry, ne prit que des tournures étranges. Cat soupire alors que Bobbi confirme ces pensés. « Oui. Cette mélancolie dans ces yeux. C'est de là, j'imagine. » Elle ne comprenait pas pourquoi elle pouvait déceler ce trait chez l'homme aussi facilement. Si au départ elle crut en un don d'avoir une mémoire d'enfer et de retenir les moindres détails chez les gens, elle comprit rapidement pourquoi elle était capable de voir la tristesse dans le regard du Coleman. Elle se voyait en lui. Ces yeux, perdus, manquant de vie, sans étincelles, tristes. Les mêmes qu'elle observait chaque matin dans le miroir depuis son déménagement. Depuis cette dur journée où elle avait croisé Leo Whitelaw dans le même building qu'elle. Cat éclaircit sa voix pour ne pas laissé distinguer sa tristesse lorsque Bobbi prononce son nom. « Je-je préfère ne pas m'étendre sur le sujet, si tu le veux bien. » Sans jamais la regarder, elle joue avec sa tasse ravalant durement sa salive pour s'éviter de recommencer à broyer du noir. Bien qu'elle faisait confiance à Bobbi, tout lui raconté n'était pas la meilleure idée du monde. « Je ne veux pas le blesser. Je veux simplement qu'il puisse à nouveau être heureux. Je sais, c'est stupide, mais je me suis donné comme mission de l'aider à retrouver cette étincelle dans son regard. » Un soupir plus tard, elle prend sa tasse et boit une nouvelle gorgée. Un large sourire arpente ces lèvres lorsque Bobbi lui dit qu'elle peut compter sur elle, en un peu plus de mots. « Je viendrai. Je crois que j'ai simplement besoin de temps. Pour oublier. », dit-elle finalement en relevant le regard vers la brune devant elle.

Bobbi sourit malgré elle. Voir Cat enchantée à l'idée de passer du temps avec elle pour apprendre son métier, qui plus est dans la Grande Pomme, suffisait à lui faire plaisir. Elle était peut-être une garce au coeur de pierre, quand les gens auxquels elle tenait étaient heureux alors elle était heureuse pour eux. Cat ne faisait pas encore partie de ses proches mais elles s'entendaient bien et elle ne voyait pas pourquoi leur relation n'irait pas vers le positif. Si en plus elle pouvait énerver Ray au passage, c'était parfait. Mais le visage de la jeune blogueuse se referma lorsque le sujet d'Henry arriva sur le plateau. C'était difficile de parler de son ami à une tierce personne, leur relation était tellement complexe qu'elle ne savait pas où se situer. Mais elle savait qu'elle ne dirait jamais rien de mal sur lui (si ce n'est le taquiner sur ses défauts, car il en avait) et n'alimenterait surtout pas l'envie de Cat de piocher des informations sur le jeune PDG pour se débarrasser de l'emprise qu'il pouvait avoir sur elle. Bobbi fut momentanément distraite par l'évocation de Leo Whitelaw. Elle ignorait totalement ce dont elle parlait ce qui la contrariait puisqu'elle avait l'habitude de tout savoir sur tout et qu'en plus Leo était un ami à elle. Mais visiblement Cat n'avait pas envie d'en parler, et Bobbi n'allait pas l'y forcer. Comme tu veux. Bobbi n'avait pas l'habitude d'avoir des relations amicales normales, surtout avec des filles, mais il fallait qu'elle apprenne alors elle se reprit. Enfin si tu veux en parler un jour, je suis là. Elle n'était pas certaine de vouloir être là pour entendre Cat se plaindre mais d'un autre côté elle était curieuse de savoir ce qui liait Cat et Leo: il faut dire que Bobbi raffolait des potins et surtout, elle aimait bien être à l'origine de la plupart des rumeurs. Evidemment Cat était son amie et jamais elle n'irait colporter quoi que ce soit sur elle. La seule chose que tu peux faire pour lui, si tu veux vraiment être là pour lui, c'est être patiente et rester à ses côtés. Henry ne te dira pas ce qui ne va pas, c'est pas son genre. Distrais-le simplement quand vous êtes ensemble. Là aussi, elle ne savait pas la véritable relation entre Cat et Henry mais s'ils faisaient croire à tout le monde qu'ils allaient se marier, elle ne serait pas surprise de savoir qu'ils avaient déjà couché ensemble, plus d'une fois. Cat, t'as pas l'air dans ton assiette. remarqua-t-elle finalement en fronçant les sourcils. La mention de Leo avait contrarié la jeune femme mais là encore la tristesse était perceptible dans sa voix.

Cat était confuse, complètement mélangé. Elle ne savait plus sur quel pied danser, quoi faire, quoi dire, où aller. Tout était si flou dans sa tête et dans sa vie, et démêler le nœud qu'était devenu sa vie, ne semblait pas être facile. La tristesse dans son regard, sans tout son être qui coule doucement, et qui ne veut rien laisser paraître, elle se tient assise devant Bobbi, sans trop savoir pourquoi ni comment elles en sont venus à mentionner Leo. Son coeur se serre alors qu'elle se rappelle ce qui s'est passé dans l'appartement, celui qu'elle a dû laissé tomber pour en trouver un autre, le souvenir de sa mémoire trop vif. Bobbi laisse tomber le morceau finalement. L'étudiante en médecine était départagé; lui dire la vérité ou bien ne rien dire et laisser le tout passer. Après tout, Bobbi avait elle-même ces secrets. Leur relation, même si elle était de l'amitié, n'était pas au stade de la confidence. La confiance régnant entre les deux étaient palpable mais omniprésente. Forcément, elles étaient amies, mais avec une certaine limite. Cat décidé d'écouter les conseils de Bobbi en ce qui concerne Henry. Après tout, elle est sûrement la mieux placé pour le savoir. Et pour le distraire, Cat savait bien qu'elle en était capable. Mais connaissant l'homme, d'autre femme en était tout aussi capable. Son jeu préféré, sa façon de tout oublier préféré. Sa dernière phrase laisse une expression d'étonnement sur le visage de la brunette. Était-ce si perceptible? Elle soupir avant de prendre une nouvelle gorgée, décidant de finalement s'ouvrir un peu plus. Ça lui ferait sûrement un peu plus de bien. « Ça va. Le déménagement m'a épuisé. Deux fois en une semaine, ça m'a tué. » Dit-elle avec un semblant de sourire afin de rassurer son amie qui maintenant devait se demander pourquoi deux fois. « Bon allez d'accord, tu as gagné. » Elle soupire avant de rouler les yeux pour prendre une bouché de macaron. Elle le repose et se prépare à parler. « Tu connais Leo, il aime ces jeux de chat et de souris. Et à un moment, les sentiments ont embarqué. Et tout à dégénéré. Le premier appartement était dans son building, on a eu un accrochage et... on a décidé de ne plus se revoir. » Elle se mord doucement la lèvre, sachant que Bobbi et Leo étaient des amis, elle ne voulait pas que la brune réagisse mal suite à ces prochaines paroels. « Dans le processus je l'ai frappé et embrasser. Et il... il m'a aussi embrassé. Il a eu un moment de lucidité et il est parti en proposant qu'on se voit plus. Je n'ai pas pu le contredire. » Elle baisse le regard se trouvant complètement stupide. Cat se met à rire réalisant sa connerie. Elle était tomber amoureuse du mauvais garçon, sûrement le pire. Leo était fiancé et le fils du mari de sa mère. Ils faisaient parti de la même famille, dorénavant. Ces sentiments faisaient pire qu'étrange. « Je suis ridicule! C'est moi qu'on devrait giflé. » Elle relève le regard vers Bobbi, ne sachant absolument pas comment la bloggeuse réagirait.

Cat n'allait pas bien, c'était évident. Si elle avait réussi à paraître enjouée à l'idée de ce rendez-vous, son visage se renfermait petit à petit au fil que les sujets fâcheux étaient abordés et Bobbi était assez attentive pour voir quand quelqu'un n'était pas en forme. Elle avait beau être assez égoïste, elle était plutôt douée pour deviner les émotions des autres et Cat n'était pas passée maître dans l'art de cacher les siens, contrairement à la blogueuse qui se trouvait devant elle. D'où les déménageurs. Faut m'écouter quand je dis des trucs. rajouta-t-elle, un sourire amusé sur les lèvres. Bobbi avait grandi dans le luxe, elle ne savait pas ce que c'était que de joindre les deux bouts alors elle ne pouvait pas comprendre l'indépendance que Cat s'efforçait de garder. A sa place elle n'aurait pas hésité deux secondes avant d'engager quelqu'un pour bouger ses affaires d'un endroit à un autre, s'y rendant que quand tout était installé. Pourquoi deux fois? demanda-t-elle finalement, ne faisant attention à ce détail que maintenant. Elle savait que Cat avait déménagé mais pourquoi deux fois en une semaine? C'était complètement débile, on réfléchissait avant d'accepter un logement, ce n'était pas pour le quitter quelques jours après. Wow. Vous faites pas les choses à moitié. Bobbi se croyait drama, ce n'était rien comparé à ce qui se passait entre ses deux amis. Bobbi fronça les sourcils, réfléchissant à quelque chose. Attends, Leo n'est pas le frère de Ray? Et Ray est ta demie-soeur, ce qui fait que Leo est... CAT GALLAGHER, petite coquine ! Les yeux de Bobbi s'écarquillèrent tandis que ses lèvres s'étirèrent dans un sourire incrédule et amusé. Elle n'arrivait pas à croire ce qui se passait, cette nouvelle l'excitait plus qu'elle n'aurait dû. Il faut dire qu'elle aimait posséder des informations sur les autres qu'elle pourrait éventuellement utiliser contre eux mais là n'était pas le plus important. Bobbi aimait toujours un bon scandale et voilà qu'on le lui servait sur un plateau d'argent. La jeune femme leva les yeux au ciel quand Cat commença à s'apitoyer sur son sort. Elle laissa passer un silence pendant lequel elle dégusta un macaron, avant de reposer le bout qu'il lui restait et de reprendre la parole, plus sérieusement cette fois. Est-ce que tu l'aimes? Quand Cat releva un regard surpris vers elle, ne sachant visiblement pas comment répondre, Bobbi haussa les épaules. Crois-moi, quand tu aimes quelqu'un, tu as beau tout faire pour lutter tu finis toujours pas revenir vers cette personne. Bobbi n'avait pas l'habitude de laisser transparaître ses sentiments mais elle était bien placée et savait de quoi elle parlait.

Le déménagement l'avait épuisé alors que cette dispute l'avait achevé. Elle ne savait déjà pas où aller, que faire de sa peau ou de sa vie, perdu dans l'ombre de sa propre personne. Ce qui était arrivé avec Leo, n'avait fait qu'augmenter ces propres craintes envers elle-même. Et elles semblaient toute sortir maintenant que le pire était arrivé. Cat ne voyait pas Bobbi comme une vilaine personne, au contraire. Elle était à la fois l'amie de son 'fiancé' et de son demi-frère. Elle était le juste milieu, et sûrement la meilleure personne pour lui dire la vérité. La brunette avait raison pour les déménageurs. Elle aurait peut-être dû le faire, mais ce n'était tout simplement pas elle. Jamais elle n'avait apprit à le faire, pourquoi maintenant? Cat était devenu populaire dans la sphère sociale rapidement grâce à Henry. Mais elle ne resterait pas fiancé avec l'homme pour toujours, c'est une réalité à laquelle elle devrait se faire. « Si j'ai à déménager, fais-le moi pensé. » Dit-elle afin de clore le sujet une fois pour toute. Enfin ou presque. Quelques secondes après, à peine, la curiosité habituelle de Bobbi refait surface. Bien sûr, ça ne prend pas deux minutes à Cat pour tout lui dire. Et probablement que ce n'était pas la meilleure idée du monde. La Gallagher avait déjà assez de problème avec Leo à la base, si elle devait ajouté une couche, elle ne s'en sortirait jamais. En criant son nom - et toute sa phrase en somme - Cat se réveilla et ouvra les yeux, surprise de sa réaction. Son sourire ne fit que la faire soupirer. Visiblement elle n'aurait pas du lui en parler. Elle trouverait une façon de la ruiner avec cette simple notion. Si jamais Cat osait dire quelque chose à Henry, ou tout simplement lui faire mal, c'est elle qui coulerait, pas lui. « D'accord, assez! » Dit-elle reprenant sur elle et souriant bien que c'était totalement faux. Après quelques secondes, Bobbi lui posa cette question. La seule qui la déstabilisait, qui avait un réel impact sur elle. Cat baisse le regard et soupire. Heureusement, avant qu'elle ne réponde Bobbi enchaîne lui laissant le temps de penser à ces mots, à ces paroles. « Hum..... oui. » Avoue-t-elle difficilement avant de boire une nouvelle gorgée de sa tasse. « J'espère ne pas faire cette erreur alors. Je crois qu'on est assez blessé tous les deux pour ne pas se revoir. Et puis il est fiancé. » Inutile de dire que ces propres fiançailles étaient une connerie, elle le savait.

Bobbi avait quelques amis — ils n'étaient pas nombreux, certes, mais ils existaient. Pour l'instant Cat en faisait partie, mais elle ne devenait jamais amie avec quelqu'un sans en apprendre un peu plus sur eux, sans avoir de quoi les détruire s'ils venaient à la doubler. Elle vivait comme ça depuis des années, elle était incapable d'avoir une confiance aveugle en quelqu'un. Le seul avec qui elle avait un jour baissé sa garde était Everett, et voyez où ils en étaient aujourd'hui — par sa faute, certes, mais le résultat était le même et tomber amoureuse l'avait menée à un coeur brisé. Elle possédait même des informations capables de détruire Henry, qu'elle pouvait pourtant considérer comme son plus proche ami, car elle était incapable de s'engager dans une relation sans une quelconque forme de protection. Henry avait sûrement des éléments qu'il pourrait utiliser contre elle si nécessaire, ils fonctionnaient de la même façon après tout. Alors ce qu'était en train de lui donner naïvement Cat était du pain béni. Bobbi se demandait si elle était aussi stupide, si elle se rendait compte de tout le pouvoir qu'elle venait de lui donner. Mais si elle se tenait à carreaux, si elle ne faisait aucun faux pas, il n'y avait aucune raison pour Bobbi d'utiliser cette information contre elle — et dieu sait que si elle venait à se savoir, elle ferait beaucoup de dégâts. Toi aussi tu es fiancée, et on sait toutes les deux ce qu'il en est. Bobbi arqua un sourcil. Elle connaissait Leo et connaissait sa fiancée, la situation entre eux était bien différente de celle entre Cat et Henry mais même ses propres fiançailles n'avaient pas empêché Bobbi d'aller voir ailleurs. Ce qu'elle regrettait, mais ce n'était qu'un détail. Si tu veux te le faire, je vois pas pourquoi tu t'en empêcherais. Bobbi finit d'une traite le fond de sa tasse et avala un dernier bout de macaron avant de se lever de la banquette et d'attraper ses affaires, glissant la lanière de son sac sur son épaule et posant sa veste sur son avant-bras. Ce n'est pas que je n'ai pas envie de t'entendre gémir à propos de notre très cher Leo-- (si, un peu) --mais ça ne va pas t'aider de rester assise ici à m'en parler. Soit tu te bouges pour l'oublier, soit tu te bouges pour le récupérer. Either way, c'est pas moi qui vais pouvoir t'aider. Prête à ajouter que c'était sympa de l'avoir vue, Bobbi se contenta de se pencher vers la jeune femme et de déposer un baiser sur sa joue pour la saluer, lui murmurant prêt de l'oreille qu'elles se reverraient bientôt.