( no more shadows )

my silver spoon has fed me good
n'aime pas vraiment être touché - est allergique aux bananes - parle couramment le roumain, sa langue maternelle, l'anglais, évidemment et l'italien - autodidacte, principalement, il apprend de lui-même, loin des méthodes classiques et des diplômes - joue du piano et de l'harmonica, bien moins classe, certes, mais il semble que celui-ci le rende nostalgique - n'aime pas vraiment son job, mais ferait n'importe quoi pour ne pas finir à la rue. a déjà fait bien pire - a été élevé dans un camp Rrom nomade, mais a changé ses habitudes en grandissant. émigrant. pour son plus grand bien. - a débarqué aux états-unis sans famille, à treize ans. - eu un fils, Peter, l'année de ses vingt-deux ans - ayant passé quelques années dans la rue, est assez bon au corps à corps, de quelque nature qu'il soit - garde ses papiers et chaque dollar en extra dans son matelas. avec un couteau, juste au cas ou. - a été bien longtemps un rêveur, mais a renoncé à son american dream pour ses responsabilités, pour pouvoir en offrir un à son fils - est un excellent cuisinier, aurait d'ailleurs voulu en faire son métier - doué de ses mains en général d'ailleurs, aurait fait un excellent pickpocket s'il n'avait pas eu envie de poursuivre une voie plus noble - peter pan est sa pièce de théâtre préférée - il peut toujours renier sa culture, il ne peut s'empêcher parfois d'être nostalgique de cet endroit qui fut son chez-lui, ou seule la musique semble encore le porter alors que les souvenirs s'effacent - n'a plus aucune relations avec la mère de son fils - n'a jamais pu passer son permis - non qu'il ne soit pas vraiment une personne des plus sociables, il n'est pas habituellement extrêmement bon avec les gens - plutôt discret, il préfère rester chez lui à s'occuper de son fils que de sortir, se prendre des insultes dans les gencives que de riposter et finir traîné dans la boue. - ne se considère pas comme étant une personne extrêmement intelligente - gagner sa confiance entière n'est pas facile - malgré son travail qui lui mange pas mal de temps, fait de son mieux pour toujours avoir du temps pour son fils. comme une raison de vivre, et rester debout - naïf, ne se méfie pas des gens, même quand il évolue dans un monde de requins - fait de l'asthme depuis tout gamin

we kings of cosmopolitan love and nihilistic suffering
C'est étrange, comme on peut découvrir le monde d'un coup. Comme on peut penser en avoir vu beaucoup et d'un seul coup se sentir minuscule. D'un seul coup réaliser que c'est tout simple, mais on est né seul. On mourra probablement seul. Et qu'il faut pourtant avancer, peu importe ce qui pourrait arriver. C'est étrange d'arriver dans un endroit nouveau et de devoir tout redécouvrir. De vouloir pleurer mais de ne pas en avoir le courage. De vouloir avoir assez de courage pour grandir, d'un coup, être adulte. Garder la foi, aussi. Mais toutes ces choses qu'on veut, ou qu'on a pu vouloir, elles sont trop simples à oublier. C'était juste un gamin quand il est arrivé aux états-unis. Un gamin avec quelques vagues notions d'anglais, quelques vagues connaissances dans le pays, aussi légalement ici que lui. Treize ans. En Roumanie, ce n'est pas la guerre. Mais il n'était pas aimé. Sa famille non plus. Sa communauté. Il l'a bien compris, que c'est pour son bien, pour ses rêves, que ses parents l'ont envoyé si loin. Pourtant il ne peut s'empêcher de vouloir rentrer au pays, ou au moins de les retrouver. Peut-être qu'il n'a jamais vraiment eu de chez lui, mais au moins, avec eux, il avait quelque chose. Une famille. Des amis aussi. Ici, les quelques personnes qui l'accueillent, parce qu'on accueille toujours un membre de la communauté, il ne les connait pas. Pas vraiment. N'arrive pas vraiment à s'y faire. Et après tout, s'il a été envoyé jusqu'ici, c'est pour une raison. Devenir normal. Un gamin comme les autres. Pourtant il ne va pas à l'école. Pourtant il n'apprend que par lui-même, en jouant à se débrouiller dans les rues vides de villes trop grandes. Il ne voyage plus. Laisse les quelques connaissances qu'il avait repartir. La vie est grande, et sa tête pleine de rêves. Un gosse qui apprends le prix de la vie. Qui chaparde pour survivre, ne sait que trop ce qu'est le froid, ce qu'est ces nuits sans sommeil, sans un lit ou dormir. Mais on se contente de peu quand on a pas le choix. On se contente de survivre, et de l'espérance qu'on pourra vivre un jour. Il aurait voulu cuisiner. Mais qui embaucherait un gamin aux joues encore trop rondes? La débrouille est une chose. Parfois on veut plus. Le chapardeur se fait dealer, quelques semaines, se fait tout et n'importe quoi. Grandit. N'a jamais vraiment trop le choix. Grandit. Un sac à dos abîmé sur le dos et des fringues plus vraiment a sa taille. Les mois passent. Tout ceci n'est pas vraiment le rêve que ses parents avaient pour lui. Ni les siens. Il continue d'espérer. Sait qu'il n'a pas vraiment le choix, après tout, s'il s'arrêtait, ce serait comme ne plus respirer. Ce serait laisser tomber. Il ne voyage plus. Au moins, il a une ville ou rester. Ou se faire une place. Mais comment? La vie n'est pas simple pour un gosse à l'accent encore trop prononcé, sans nulle part ou rentrer, une fois le soir venu. Pour un gosse qui doit éviter les flics, histoire que tous ces jolis efforts n'aient pas été pour rien, histoire de ne pas se faire renvoyer d'ou il vient, quoi qu'il serait bel et bien toujours aussi seul. Aucune trace de ses parents. Aucune adresse. C'est con. Mais c'est la vie.

Il grandit. Il a seize ans quand il fait sa première passe. Plus vraiment d'innocence, encore quelques rêves. Il faut bien tenter. Tout et n'importe quoi. Il faut bien survivre. Le sourire est devenu un automatisme, un bouclier, une façon de ne pas tomber. Il ferme les yeux et continue de penser à ce rêve américain qui lui a été promis. Sa première demande de papiers est rejetée. Malgré son petit appartement, juste une pièce aux murs trop blancs (tâchés), il n'est pas assez bien intégré. On ne le renvoie pas chez lui pour autant. Et puis, si c'était le cas, il saurait s'échapper. Mais ce pays fonctionne en exploitant ceux qui ne peuvent pas se plaindre. Il continue, enchaîne les petits boulots, les passes, et s'effondre au creux de son lit. Il n'aura peut être jamais mieux. Pourtant il continue. Fait de son mieux. Son anglais s'améliore, et certes, son accent reste là, comme trop prononcé, mais il se fait sa place. Une place bien discrète, invisible presque. Mais il vit. Peut-être qu'un jour tout sera mieux. Peut-être qu'un jour les rêves seront plus beaux, plus prêts. Du genre qu'on pourrait toucher du doigt. La famille ne semble pas être pour tout de suite, l'amour non plus, et une vie dans des cuisines semble bien loin, bien impossible. Mais les rêves sont toujours là. Les espérances. Pressées entre des draps, et d'autre travaux aussi fatigants. Pressés derrière ses paupières. Il faut bien s'accrocher à quelque chose.

Il ne s'attendait pas a être propulsé ailleurs. Dans un autre monde. La précarité, c'est à croire qu'on s'y habitue. Il ne s'attendait pas à voir une de ses clientes débarquer. Enceinte. Prête à avorter. Voulait juste le prévenir. Comme un bien joli geste, peut-être un peu stupide. Une riche damoiselle qui lui avait glissé un peu trop d'argent au détour d'une allée. Ce devrait être simple de hocher la tête. Il ne savait même pas pourquoi elle était venue le voir. Pourtant, le gamin qu'il était encore, tout au fond, n'a pas pu se résoudre à ne pas la supplier de ne pas faire ceci. Aucun sentiments entre les deux. Juste une nuit, et assez pour payer son loyer, juste pour quelques jours. Elle ne voulait pas du gamin. Il en prendrait soin. Et les rêves s'éclipsent. Elle s'évade un moment, que ses proches ne sachent rien de ce secret, de ce gosse qu'elle refuse même de voir un instant. Qu'il serre contre lui comme on s'accrocherait à une bouée de sauvetage. En ces quelques mois, elle lui a décroché ses papiers. Un boulot. Pas le meilleur, certes, avec aucunes qualifications et rien a offrir. Mais c'est quelque chose. Quelque chose d'assez stable pour s'occuper du gamin dans ses bras. Qui grandit trop vite. Du gamin a qui il fredonne les berceuses de son enfance, à l'accent parfaitement américain. Et peut-être qu'il est là, ce rêve qu'il n'a que trop attendu. Peut-être qu'il n'aura pas le sien. Mais quoi qu'il en soit, son fils touchera le sien du doigt, et il lui donnera les moyens de l'attraper. C'est ça que d'être un père. Et peut-être qu'il n'est toujours pas bien riche. Et peut-être qu'il n'est rien dans cette ville. Peut-être qu'il n'aura jamais la gloire, l'amour, ou même le bonheur vrai, pour lui même, mais il s'en satisfera bien, si son Peter peut les avoir ces choses là. Et Benjamin, plus américain, est bien loin du gamin à l'accent bien trop prononcé arrivé par les airs bien des années avant. Même son nom est parti. Envolé, comme toutes traces d'un passé effacé. Son fils est américain. Il ne grandira pas encombré par ce passé. Et lui? Lui il a simplement renoncé à avoir sa vie. Un sacrifice est après tout plus beau quand il est fait pour de nobles raisons. Et il n'a pas eu a y penser a deux fois pour faire le sien, dès la première fois qu'il a serré ce gamin contre lui, comme la promesse d'un avenir meilleur.