Lyov → tell me how it hurts.

- nom complet : Lyov Belinski pour son vrai nom, celui qui est à l'origine enregistré à l'état civil russe. Les américains ont juste remplacé ce nom de famille par Hollister, celui de ses parents adoptifs. Il y a bien le prénom qui va avec, Tobias, mais il n'a jamais voulu le porter. - âge, date et lieu de naissance : Le 2 février 1980 dans le froid glacial de Moscou, en Russie. - origines et nationalité : Il est originaire de Russie, bien qu'il n'en ait même plus la nationalité. Il est américain depuis son adoption aux yeux de l'État. - occupation, situation financière : A la tête d'une société de bourse, qui est une façade solide pour un trafic d'armes et de drogue. Sa situation est relativement aisée, si on oublie qu'il a récemment dû verser des millions de dollars pour éviter d'être percé à jour par un flic trop compétent. - statut civil : Marié à Jenna, mariage arrangé et en carton. Il ne l'aime pas, ne fréquente leur lit conjugal que quand il n'a que ça à faire, mais reste avec elle car l'affaire avec son père rapporte plutôt bien. A côté, il est l'amant de ces dames. - orientation sexuelle : Hétérosexuel homophobe. C'est malgré lui, cela le répugne. - traits de caractère : Ambitieux, vénal et prêt à tout. Il est inspiré par l'argent, le pouvoir, le respect qu'il impose généralement. Il écrase les gens comme de vulgaires insectes si cela peut lui permettre de prendre ses aises. Susceptible, irascible, rancunier. Ce n'est pas le genre qu'on tient à avoir dans sa liste d'ennemis. Mettez-le vous à dos, changez de continent, il vaut mieux. Brutal, provocateur, sournois. Il sait jouer des poings et des mots pour massacrer à sa guise. Un beau connard, n'est-ce pas ? Généreux, protecteur, et charmeur. Il est capable d'aimer et d'apprécier, et matériellement comme immatériellement, on peut avoir beaucoup à gagner avec lui. Intelligent, prévoyant, manipulateur. Tout va à sa guise, et rien n'est jamais laissé au hasard.  - quartier de résidence : Une belle baraque de Crystal Cove Road.  - groupe : King of the jungle.

my silver spoon has fed me good
Lyov n'est pas le genre d'homme fréquentable. Il n'a pas grand chose à faire des relations qui ne lui apportent rien. Il aime les femmes, l'argent, le pouvoir. Pas les amis désintéressé. Il sait parfaitement comment détruire une vie, comment ruiner un homme et le faire se retrouver seul. Mais il aime par-dessus tout le faire dans le dos des gens. Sa famille adoptive lui a fait prendre des cours de russe. Si il parle couramment cette langue désormais, il ne lui est jamais venu à l'idée d'aller passer ses vacances en Russie. Au fond, sa volonté de tout détruire sur son passage, d'être respecté et craint vient juste de sa peur secrète d'être encore molesté comme il l'a été dans son enfance. Sa femme lui refuse un enfant et s'il compte la faire céder bientôt, il patiente avec un chien. Un jack russel. Cela n'a rien de très viril, excepté que cette bestiole vous décharnerait le mollet juste sur ordre de son maître. C'est un homme à femmes. Il aime leurs formes, leurs seins, leurs fesses, leur odeur si envoûtante... Son alliance a souvent vite fait de se retrouver au fond de sa poche. On ne lui manque pas de respect, tout comme on ne manque pas de respect à ses proches. Sinon, il agit en conséquence, et cela ne fait pas que du bien. A travailler dans les armes et la drogue, il a rencontré des centaines de types pas nets, du gros vicieux vénal au tueur confirmé. Le problème, c'est que Lyov se fout de savoir à qui il vend tant qu'il a son argent. Il est fiché par la police. Ils savent que son argent est sale, qu'il devrait avoir sa place derrière les barreaux. Mais jusqu'ici, personne n'a réussi à le prouver. Cela semble normal vu la somme d'argent qu'il emploie à corrompre et camoufler. Lyov n'a aucune idée de s'il est vraiment heureux dans sa vie. Il ne se pose pas la question et si on lui demande, il répondra qu'il n'a pas le temps avec ces conneries. Il n'aime pas se salir les mains et préfère laisser le sale boulot aux autres. Quoique dans ses mauvais jours, il ne dit jamais non à aller régler quelques comptes avec les mauvais payeurs. Ce genre d'attitude lui a valu parfois quelques blessures superficielles, la plus "grave" étant un coup de couteau dans l'épaule dont il garde encore une cicatrice aujourd'hui. Lyov est paranoïaque, littéralement. Sa maison est pleine de caméras, son bureau toujours fermé à double tour avec une porte renforcée, un revolver chargé dans la commode de l'entrée. Il pratique la boxe depuis quelques années. Il ne frappe pourtant que des sacs, l'expérience a appris aux habitués de la salle à se méfier de lui. En combat, son seul objectif est de mettre à terre, peu importe les règles annoncées. Peu importe le domaine en général, il n'y a qu'une seule règle : la sienne. En dehors de cette image peu glorieuse, il lui arrive d'être tendre et attentionné parfois. La douceur des femmes est contagieuse chez lui, bien que cela ne dure jamais trop longtemps. Sa famille adoptive constitue les seuls êtres envers qui Lyov sera toujours reconnaissant pour l'avoir sorti de sa condition de pauvre gosse dans les bas-fonds de la ville. Un jour, il se vengera de l'homme qui a été son beau-père, l'amant de sa mère. Il en est juste encore à fantasmer sa vengeance. Lui poser un défi, c'est s'assurer de voir Lyov tenter de le relever. Cela marche dans tous les domaines de sa vie.

we kings of cosmopolitan love and nihilistic suffering
C'est pitoyable et invraisemblable à dire. Mais personne ne sait d'où vient Lyov réellement. Lui prétend l'ignorer, ou donne un mensonge censé satisfaire le monde. Mais en réalité, il se souvient de tous les détails qui ont fait de son enfance un joyeux merdier. Quoique joyeux, pas tant que ça. Au début, tout était destiné à bien se passer. Premier enfant d'un couple modeste, le salaire du père de famille suffisait à nourrir la famille de façon correcte. Il travaillait dans la politique. Quand il en parlait, il n'était pas peu fier de vanter son parcours professionnel, et se plaisait à penser qu'un jour, son unique fils ferait mieux que lui. Il s'imaginait déjà vieux, à regarder son enfant devenir puissant au sein du pays. Il y croyait, oui. Mais tout ne s'est pas déroulé comme il l'aurait fallu. Un soir, des hommes sont entrés pendant que les Belinski étaient à table. Inna, la mère, a pris son fils dans les bras et a enfouit son visage contre elle pour ne pas qu'il voit ou entende ce qu'il se passait. Tentative vaine, car Lyov a tout entendu. Il a entendu pour la trahison et l'exécution. Ce n'était pas juste et pas justifié non. C'était juste exemplaire. Juste pour faire vivre les habitants dans la terreur afin d'avoir la paix. Premier choc pour ce gamin de 5 ans qu'était Lyov, premier traumatisme profond vite suivi du second. Sa mère n'avait pas le temps de compatir. Les seuls mots qu'elle avait à la bouche se résumaient à « déshonneur » et « misère ». Désormais veuve d'un prétendu traître et sans aucun revenu, elle avait commencé par vendre les affaires de monsieur Belinski afin d'en tirer quelques pièces pour acheter de quoi manger. Puis, ça a été ses bijoux. Puis, une fois qu'il ne lui restait plus que son maigre corps, elle a vu son sauveur arriver. Un homme étrangement bien garni, étrangement bien riche au vu des temps qui couraient. Célibataire mais avec déjà plusieurs bâtards sous son aile, il n'a pas mis longtemps avant de charmer la mère de famille, et accepter le fils. Du moins, en apparence. Pour lui, Lyov était le pire bâtard qu'il voyait dans la maison. Il se faisait un malin plaisir à le lui faire sentir d'ailleurs, à le punir et l'enfermer. Mais là où il faisait le plus mal, et là où il le savait pertinemment, c'était en touchant à sa maman. Pas violemment, non. Mais à peine quelques mois après leur rencontre, le ventre de sa nouvelle femme s'était mis à gonfler jusqu'à donner naissance à un bébé qui fut chéri, et qui acheva de rejeter Lyov de cette prétendue famille. Arrivé au troisième enfant, la mère du jeune homme décéda en couche. Quelques jours après le drame, par les temps froid de décembre et une température qui flirtait avec les -20°, le jeune Belinski fut largué comme un malpropre devant un bâtiment à l'allure peu avenante. Un orphelinat.

Ceux qui croient connaître son histoire ne la connaissent réellement qu'à partir d'ici. Il avait près de 8 ans quand il est entré pour la première fois dans ce bâtiment sans rien d'autre que ses vêtements sur le dos, bien trop légers pour un mois de décembre. Comme tous les autres enfants, il lui a été attribué quelques vêtements difformes et désagréables, une place dans un dortoir sur des lits grinçants et aux ressorts qui esquintaient le dos, ainsi qu'une maigre pitance tous les jours. Ce n'était pas la joie ici. Parfois, quelques adultes venaient jeter un coup d'oeil. Souvent des riches en mal de gosses à dresser comme des vulgaires chiens. Lyov avait l'habitude de les observer et de voir du dégoût dans leur regard. Ouais. Ils ne devaient pas avoir vraiment plus d'importance que quelques vulgaires chiens au fond, entassés ici, un nombre qui augmentait sans arrêt. Il arrivait que l'un d'entre eux repartent avec un enfant, voire très rarement deux. On ne les revoyait jamais, et ils étaient remplacés. On ne pouvait décemment s'attacher à personne. Chacun se démerdait comme il le pouvait pour se faire une place dans cette jungle et s'assurer qu'il ne serait pas le prochain sur la liste à se laisser crever de faim dans un coin, trop déprimé pour ne serait-ce songer à vivre. Lyov n'était pas de ceux là. Si il ne mangeait pas, c'est qu'il n'en voyait pas l'intérêt. Ou alors, c'est qu'il ne voulait pas avoir à exprimer une gratitude hypocrite. Il était dans cet état d'esprit quand le couple Hollister a franchit la porte de l'orphelinat. Un couple de journalistes américains, présents sous prétextes de venir rencontrer de la famille. Ils menaient un reportage sur la misère des pays, et avaient déjà en tête l'idée de parcourir les pays afin de voir où la situation était la pire. De la pure pitié ? Pas uniquement. Plutôt de la charité, pour les plus chanceux. Parce qu'ils ne pouvaient pas procréer. C'était un couple stérile et Susan, la femme, n'avait jamais envisagé d'avoir recours à la science et à tous ces moyens compliqués. Il faut dire qu'ils étaient jeunes. Mais ensemble depuis la période du lycée, ils savaient pertinemment qu'il souhaitaient une famille nombreuse. Ils auraient pu emmener plusieurs enfants de l'orphelinat, mais leur choix ne se posa pas sur les petits qui les suppliaient presque. Ils fouillèrent, jusqu'à tomber sur cette salle déserte et ce gamin solitaire qui visiblement se fichait bien de finir ses jours entre ces quatre murs. Le choix se porta sur Lyov. Deux heures après, des tas de papiers signés et de l'argent versé pour des raisons foireuses -comme les frais de médecin, médecin qui bien entendu n'était jamais venu jusqu'ici à moins de cas extrêmes-, ce couple de 25 ans emmenaient le petit brun d'à peine 12 ans.

Le retour aux Etats-Unis fut long et fastidieux. Lyov découvrit des paysages inconnus, le train, le bateau qui le fit littéralement paniquer, et surtout une nouvelle langue. A l'orphelinat, l'éducation était un critère tellement mineur que les langues autres que le russe lui étaient étrangères. Surtout l'anglais. Il n'en parlait pas un traître mot, n'en comprenait pas un traître mot. Il se sentait juste extrêmement seul et arraché à tout ce qu'il avait connu. Plus rien ne l'y retenait, il faut dire. Après plusieurs années passées dans la solitude et la réclusion la plus complète, à vivre une vie misérable, il n'arrivait juste pas à faire confiance à un couple d'inconnus qui l'emmenaient à ce qui semblait être le bout du monde. Un peu comme un animal farouche qu'on tenterait d'apprivoiser, il ne se fit ni embobiner par les sourires, ni par les douces paroles qu'il ne comprenait pas. Il refusa les jeux, refusa la nourriture durant les premières heures de voyage jusqu'à ce que son estomac cède, et qu'il termina par engloutir le meilleur repas depuis bien des années. Il fallut plusieurs jours pour arriver à destination. Adam, le père adoptif, osa poser sa main sur l'épaule de son nouveau fils quand en sortant de la voiture, il lui présenta sa nouvelle maison dans la ville de Los Angeles. Une ville inconnue où personne ne semblait parler russe, oui. Mais malgré l'hiver, il n'y avait pas de neige. Il n'avait pas peur de perdre ses orteils. La maison était belle, spacieuse, lumineuse, et propre. Il avait même sa chambre à l'étage, décorée avec un goût certain d'américains. Un lit confortable, des vêtements décents... Lyov se sentait étranger là dedans oui. Pourtant, un regard vers ses nouveaux parents lui confirmèrent qu'il était bien chez lui désormais.

Au bout de deux ans, la vie termina par prendre un rythme normal et compréhensible. Lyov retrouvait la définition même du bonheur. Désormais adolescent, il était éduqué comme était censé l'être un vrai fils. A force de cours avec un professeur privé, il maniait l'anglais avec brio, son accent toujours présent au détour de quelques mots. Il était fier de lui, oui. Il comprenait maintenant à peu près tout ce qui se disait. Quand il alla en cours pour la première fois et au milieu de tous les élèves, sa mère tint à savoir quel nom il préférait garder. Sur les papiers, en plus du prénom russe, un prénom américain lui avait été rajouté -bien que selon Adam, le prénom de Cristobal soit plus espagnol qu'américain, mais sa femme n'avait rien voulu entendre-. Sauf que jamais il ne lui avait été imposé de l'utiliser. Et il ne l'avait pas fait ; Lyov restait le seul prénom qu'il acceptait qu'on utilise avec lui. C'était plus par principe que par fierté de ses origines. Une certaine revanche, aussi. Du genre, voyez comment s'en sort l'enfant que certains ont voulu briser ! En revanche, son nom devint celui de la famille adoptive. Hollister. Parce qu'elle était la seule qu'il avait désormais. 
D'ailleurs, sa famille s'agrandit un jour de juillet. Il arrivait que les parents s'en aillent le temps d'une semaine pour le travail, le laissant avec une gouvernante. Au début, il avait purement détesté ça. Mais en réalisant que quoiqu'il advienne, le couple revenait toujours, il avait tut ses angoisses et se contentait de profiter de sa liberté pour sortir alors qu'il n'en aurait jamais eu l'autorisation. Cette fois-ci en particulier, le voyage dura non pas une semaine mais dix jours. Le soir, en rentrant d'une journée de cours, Lyov comprit pourquoi quand il lui fut présenté cette petite indienne de six ans, Esha. Timide et apeurée, elle se cachait derrière les jambes de Susan qui la rassurant en murmurant doucement. Vu la façon qu'avait la petite de se calmer, elle semblait comprendre quelques mots de ce qui lui était prononcé. Elle tenait dans ses bras une poupée en chiffon. Cette image fut de loin la plus marquante pour le jeune homme, qui débuta son rôle de grand frère ici. Au vu de son histoire, il aurait dû se méfier d'un nouveau membre, se méfier d'être abandonné à nouveau. Pourtant, ce n'était pas le cas. Ici, il ne connaissait plus la haine. Du moins, elle semblait disparue.

La vie se passa ainsi, au milieu de cette famille pas très conventionnelle qui s'attirait les doigts pointés. On en arriva au Lyov, avec son caractère propre, devenu un grand garçon au fil des années. Il n'avait vraiment rien à envier à personne. Intelligent, charmeur, extrêmement roublard, il savait exactement où se placer quand il le fallait. Quand il lui a fallu trouver un cursus d'études, il a réfléchit d'une seule manière : qu'est-ce qui, selon lui, pourrait rapporter le plus ? Ambitieux, l'aîné Hollister avait fait jouer les relations de ses parents afin d'obtenir des informations. Obsédé par l'argent ? Peut-être. Il le camouflait bien auprès de ses parents, mais à chaque décision importante, c'était devenu une de ces obsessions : se faire un nom, assez pour se venger de ce qu'il s'était pris dans les dents dans le passé. Étrangement, l'idée de mener des recherches pour retrouver son beau-père le tenaillait parfois. Mais pour faire quoi, le tuer et se venger ? Cela semblait trop simple. Enfin, quoiqu'il en soit, Lyov se tourna vers le commerce, les finances plus particulièrement. Grâce à son dossier, il entra dans un grande école de Los Angeles où il obtint même une bourse de mérite. Il n'y eut rien de vraiment passionnant à raconter sur cette période, hormis son rythme de vie. Il travaillait comme un fou quand il en sentait la nécessité. Puis, il allait se détendre avec les jolies filles du coin. Il avait vite appris comment les charmer, comment faire mine d'y aller amicalement pour au final les faire tomber dans son filet. C'était le genre de séducteur redoutable à qui on ne résistait pas grand chose. Fut un temps, il tenait même un tableau de chasse, allant jusqu'à noter les filles qui avaient occupé son lit le temps d'une nuit. C'était chargé, autant le dire. Pour le reste, on lui décelait une mauvaise habitude de traîner dans les bars ou les soirées étudiantes, ou tout autres lieux indécents. C'était juste un étudiant en somme. Qui arriva premier de sa promotion cette année là, il fallait tout de même le faire remarquer.

Il avait à peine 28 ans qu'il arrivait à la tête de cette société d'investissements de Belmont Springs, qui raflait de loin toutes les meilleures mises en bourse du moment. La société avait eu un coup de mou suite au décès du patron, et Lyov en avait profité pour se faufiler et jouer de ses relations. Il avait été nommé. Pas à la loyale, certes. Il avait fait virer son principal concurrent sous prétexte de grosse faute professionnelle, juste à l'aide d'un faux courrier divulguant des informations privées. Après ce scandale, personne n'ayant cherché à comprendre, Lyov avait posé ses fesses sur le siège de directeur. Quelques semaines après, il dirigeait l'entreprise quasiment seul, écoutant à peine ses conseillers. Il les choisissait bien, comme il choisissait son personnel. Ces gens qu'il connaissait intimement et talentueux, des gens avec qui il y avait gros à gagner, des jolies secrétaires pour l'accueil. Cela faisait doucement sourire, dans le sens où venant de quelqu'un comme Lyov, c'était presque normal que ça ait dérivé ainsi. Quant à sa famille, il tentait de leur donner juste l'image la plus positive qui soit. Il y avait bien Esha qui n'était pas dupe, mais les autres admiraient le travail qu'il avait fourni. Lui-même n'en était pas peu fier.
Le seul ennui, c'est que tout ne se fait pas dans la légalité. Le problème de l'ambition, c'est qu'elle bouffe les gens jusqu'à les rendre fou. Lyov voulait que sa société soit la plus réputée des Etats-Unis, pas qu'elle soit juste une au hasard qui réussissait bien. Alors il a trouvé comme une... solution permanente. L'idée lui était venue lors d'un fait divers à la télé, une société qui avait été détectée comme une façade pour du trafic principalement de drogue. Une entreprise en coton, selon Lyov. Un inconscient à la tête pas fichu de prendre des précautions. Mais l'idée lui trotta en tête quelques temps. Il y avait un chiffre à faire, qui se comptait bien en millions. Et une part pour sa pomme. Il fallut presque deux ans pour que les premières affaires louches se mettent à arriver au sein de sa société. Des cartons qui passaient, de la marchandise stockée dans un hangar souterrain ne figurant sur aucun plans. Seuls quelques personnes connaissaient l'existence de ce lieu et de ce trafic. Au début, cela commença par des armes. Cela allait du petit revolver à quelques rares armes militaires. Et ça marchait plutôt bien oui, tant que cela restait dans la discrétion. Mais cela ne touchait qu'à une petite minorité de la population. Les ventes étaient plus rares que Lyov l'aurait souhaité, si bien que souvent, la marchandise se retrouvait refourguée à d'autres fournisseurs. Il y avait plus risqué, mais qui rapporterait plus. Le trafic de drogue. Tous les jeunes ou presque y étaient accro désormais, et ce n'était pas un trop grand travail. On embauche quelques dealers qu'on fournit, on attend qu'ils rapportent l'argent, on les tabasse si ça traîne trop. Et encore, monsieur s'arrangeait toujours pour superviser le travail de loin. Tout était prévu pour qu'en cas de pépin, il ne soit pas responsable.

Après, il y avait bien d'autres détails, comme des alliances et des contrats importants. Mais cela amène parfois à des conséquences. Jenna, par exemple, était une conséquence de tout ça. Son père, homme important, avait proposé des parts de sa société qui à priori étaient sûres de bien marcher. À condition que Lyov marie sa fille. C'était une des préoccupations les plus tenaces de cet homme, choisir le bon mari pour sa chère fille. Un mariage pareil, c'était une aubaine. Lyov a fait son tour de charme, lui a offert des fleurs et des bijoux, l'a emmenée dans les restaurants les plus raffinés, l'a baisée, l'a épousée finalement. Il n'y comprenait rien à cette femme. Elle était trop docile, trop parfaite. Parfois, il lui semblait qu'elle était trop fidèle, alors que lui ne l'était pas. Il ne lui avait jamais dit explicitement, ne l'avait jamais prouvé, et faisais un effort de discrétion afin que ces potins n'apparaissent pas dans les médias ou même dans les oreilles du beau-père. Mais il n'accordait pas trop d'importance à sa femme. Ils faisaient l'amour, sortaient au bras de l'autre et faisaient des beaux sourires quand ils le devaient, et hormis cela, son mariage ne lui était d'aucune importance. Elle lui réclamait toujours tout, il disait toujours non ou lui disait qu'elle faisait comme elle le sentait. Ils avaient une maison, de l'argent. Elle voulait faire du shopping, s'acheter un chien ? Qu'elle fasse. Ça lui était égal, tant qu'elle ne racontait pas tous les détails de sa journée. Très clairement, il agissait comme un con auprès d'elle. Jenna n'avait sûrement rien demandé de tout cela. Parfois, dans un excès de bonne conscience, Lyov se disait qu'il pourrait faire un effort, être un meilleur mari. Après tout, il avait tenté de l'être pendant qu'il la séduisait. Il en était presque arrivé à se dire parfois qu'il pourrait vraiment l'aimer, ce brin de femme. Puis, cette idée s'était envolée et anéantie.

Même aujourd'hui, on ne peut pas dire que leur couple aille bien. Il a renoncé à être un bon mari, bien qu'ayant encore le minimum de respect de cacher ses nombreuses conquêtes. Mais vice-versa, il ne lâche pas sa femme d'une semelle. Il n'aime pas quand elle rentre tard, quand elle est en compagnie d'autres hommes. Elle est sienne, et il se montre aussi possessif qu'un chien avec son os. D'autant plus depuis qu'elle s'obstine à se refuser à lui, à oser lui dire non quand il veut quelque chose. Comme un enfant. La vérité, c'est que le fait de ne pas avoir de descendance commence à sincèrement le tracasser. Il aimerait avoir un fils à qui apprendre les finesses de sa société et de ses magouilles. Mais non, rien ne vient. Madame dit ne pas se sentir prête, ce qui agace au plus haut point son mari. Ce n'était pas comme s'il lui demandait son avis. Il fallait bien qu'elle serve un peu à quelque chose. De toute façon, Lyov ne compte pas laisser tomber. Ce n'est qu'une question de temps. Un défi pareil ne lui a jamais fait peur. Il est vrai qu'en levant la main sur elle une fois, une pauvre gifle de rien du tout, elle se  montre encore plus rétive. Elle tente de lui échapper, de s'éloigner, il ne compte pas la laisser faire. Et puis pour une fois qu'il s'intéresse vraiment à elle...