pretty but unpretty (neve).

i wish i could tie you up in my shoes, make you feel unpretty too.

Son pas était lent, mal assuré. Giulia déambulait dans les rues du centre-ville sans grande envie. Son téléphone portable en main, elle parcourait frénétiquement les derniers potins, s’attardait sur la lecture des articles et ralentissait le pas pour repousser le moment tant redouté. Enfin, pas tant redouté que ça. Disons tout simplement que Giulia Vescovi n’avait plus vraiment envie de se retrouver dans la même pièce que Neve Lewis, autrement dit la future femme d’Alex. Et encore moins pour discuter chiffons pour le mariage. Elle se foutait éperdument de savoir que North West adorait la reine des neiges. Et que Kendall Jenner accusait le magazine US Weekly d’avoir déformé ses propos. Mais l’écriture putride de ces journalistes lui faisait gagner quelques minutes précieuses. Lorsqu’il ne s’agissait pas des potins hollywoodiens, la jeune femme reportait son attention sur les vitrines qui ornaient la rue commerçantes. Vitrines qui contenaient des magnifiques créations qu’elle ne pourrait se payer un jour, à moins de racketter son frère aîné Alfeo pour parvenir à ses fins. Bien trop rapidement à son goût, Giulia finit par atteindre l’entrée de la maison de couture où on lui avait donné rendez-vous. Neve la possédait, de la même façon qu’elle possédait tout ce dont la jeune femme n’aurait jamais. Elle respira lentement, expira et finalement, se résout à entrer à l’intérieur de la bâtisse. La boule au ventre, Giulia s’approcha de la réceptionniste à qui elle adressa un bref sourire gêné. « Bonjour. » Une pause. « Je devais passer voir Mlle Lewis à 14h pour un essayge. » Oui, mademoiselle. Neve n’était pas encore marié, que Giulia sache, n’est-ce pas ? « Votre nom s’il vous plait ? » « Giulia Vescovi. » « Bien veuillez me suivre. » La blonde ne broncha mot et suivit la jeune femme docilement, la boule toujours au ventre. On la conduisit dans un showroom où étaient entreposées les créations de la maison, showroom probablement privatisé pour l’occasion puisque Giulia ne vit personne à l’horizon. On l’invita à s’asseoir et puis, la demoiselle finit par la délaisser pour retourner à ses occupations. Ainsi donc, elle était là, seule. Seule à attendre celle qu’elle n’arrivait pas à détester. Celle qu’elle enviait au plus profond d’elle-même. Neve n’était pas seulement l’exemple de la réussite professionnelle. Elle représentait aussi la réussite amoureuse, le bonheur d’une femme comblée. Parce qu’à partir de l’instant où elle avait fait irruption dans sa vie, Alex ne l’avait jamais quittée des yeux, contrairement à Giulia qui avait été brutalement reléguée au second plan. Et c’était désormais dans l’ombre que la jeune femme vivait. Mais quelque part, Neve rendait Alex heureux. C’était tout ce qu’on pouvait lui souhaiter, après tout ? Certainement. Giulia avait eu deux ans pour se manifester. Deux années au cours desquelles son innocence et sa jeunesse avaient pris bien trop de place, au point d’en délaisser le jeune homme. Et maintenant, elle se retrouvait là, à attendre sa future femme, en se maudissant d’avoir commis l’une des pires bêtises de sa vie.

i wish i could tie you up in my shoes, make you feel unpretty too.

En retard, tu allais l’être. Tu n’avais pas eu le choix, un coup de fil d’un de vos fournisseurs qui avait un problème avec votre commande, tu avais dû le régler avant de partir, tu ne pouvais pas laisser cela traîner derrière toi alors que tu devais rejoindre Giulia pour des essayages. Tu avais donc pris le coup de fil et réglé le problème le plus rapidement possible avant de laisser Alex s’occuper de l’entreprise pour le reste de la journée. Tu lui faisais totalement confiance et puis ce n’était pas comme s’il pouvait t’accompagner pour cet essayage. Enfin il aurait pu mais c’était un truc de fille. Tu pris ta voiture pour rejoindre le centre-ville. A cette heure-là le trafic n’était pas très important donc cela allait. Tu trouvais rapidement une place. Alors que tu marchais vers la maison de couture qui t’appartenait, tu ne pus t’empêcher de penser que Giulia devait t’y attendre. Giulia c’était comme une sœur pour Alex, c’était ce que ce dernier et sa famille t’avaient toujours dit. Tu avais pu voir qu’Alex tenait à la demoiselle alors il avait été normal pour toi de demander à la jeune femme de venir rejoindre le rang des demoiselles d’honneur avec Lola et Ava. Ce mariage était un événement que tu partageais avec Alex et tu appréciais Giulia, tu ne voyais pas pourquoi ne pas le lui proposer. Tu n’avais eu aucun regret quand tu avais vu le visage d’Alex s’illuminer quand tu lui avais annoncé que Giulia avait accepté. Seulement, depuis que cette dernière avait accepté ton offre, tu avais l’impression qu’elle t’évitait comme la peste et tu ne comprenais pas pourquoi. Tu ne lui demandais pas grand chose par rapport au mariage, ton comportement n’avait pas changé depuis que tu la connaissais. Mais peut-être que c’était toi qui était paranoïaque … Oui, ça devait être ça. Tu avançais d’un pas rapide vers la maison de couture en faisant claquer tes talons sur le sol. Etre classe en toute circonstance c’était absolument nécessaire pour toi. Tu avais demandé à la maison de couture de réaliser les robes pour tes demoiselles d’honneur et ils avaient terminé celle de Giulia, tu avais donc invité cette dernière pour l’essayer et la découvrir en même temps que toi. Tu avais donné des instructions très claires sur ce que tu voulais et ce que tu ne voulais pas donc tu espérais que cela aura été respecté. Tu passais la porte de la maison de couture et tu te dirigeais vers l’accueil. « Mademoiselle Lewis ! Comment allez-vous ? » Tu souris à l’employée qui était certainement ravie de toujours avoir son boulot, quelque mois plus tôt elle était en train de le perdre. Tu rangeais ton portable dans ton sac avant de dire : « Très bien Charlotte. Je viens pour l’essayage. Giulia est là ? » Lui demandas-tu en enlevant ta veste. Tu n’allais pas en avoir besoin de toute manière. Tu le tendis à Charlotte qui te dit : « Mademoiselle Vescovi vous attend. Venez, je vous accompagne. » Tu suivis donc Charlotte sans un mot et d’un pas rempli de confidence même si ce n’était pas ce que tu ressentais. Du moins pas totalement. Tu savais que la famille d’Alex t’avait donné son consentement mais tu ne pouvais t’empêcher de te dire que l’absence de Giulia dans ta vie ces derniers temps venait du fait qu’elle n’approuvait pas ton mariage avec Alex et cette idée ne te plaisait pas du tout. Tu finis par arriver dans la salle et Giulia était effectivement assise dans un fauteuil. Avant de fermer la porte derrière toi tu dis à Charlotte : « Merci Charlotte, on prendra du thé et des cookies s’il vous plaît. » Oui, cela risquait de prendre un peu de temps, autant en profiter. Tu posais ton sac près du fauteuil en face de celui de Giulia avant de lui dire : « Désolé du retard Giulia. Un fournisseur m’a appelé au dernier moment, j’espère que je ne t’ai pas trop faite attendre. » Lui demandas-tu avant d’aller lui faire la bise. « Comment tu vas ? » Oui c’était la première chose à demander, tu ne l’avais pas vue depuis un moment et puis vous n’aviez pas encore la robe entre les mains.

Si l’idée d’un mariage avait fait son apparition quatre ans plutôt, nul doute que l’adolescente de dix-huit ans aurait ri un bon coup. Alex Martelli marié, quelle idée saugrenue. Quelle horrible idée que de l’imaginer la corde au cou, sage comme une image, tel un adulte responsable et bien rangé et ce, bien loin de l’homme insouciant de ces vacances d’été. Mais voilà, la réalité avait repris brutalement le dessus. Se marier faisait partie de la suite logique des choses. Que ce soit pour Alex, pour Giulia, pour Battista et les autres. Contrairement aux autres, la jeune femme ne s’imaginait pas en mariée ; porter une longue robe blanche avec un homme à ses côtés ne faisait pas vraiment partie de ses plans d’avenirs. Elle voulait une histoire où la routine serait bannie du vocabulaire, une histoire qui malheureusement semblait impossible. Ses parents vivaient dans une espèce de routine, enfermés. Ceux d’Alex aussi. Sa patronne aussi. Partout où un couple faisait surface, l’Ennui les guettait, un sourire carnassier sur son visage. Et parce qu’elle allait contribuer à cette future routine, Giulia avait été choisie par la mariée elle-même comme demoiselle d’honneur. La jeune femme aurait pu refuser cette proposition mais elle se doutait bien que ça n’était pas ce que l’on attendait de son comportement. Qui plus est, jouer les demoiselles d’honneur à un mariage aussi important s’apparentait à un privilège pour les parents Martelli et Vescovi. Privilège que Giulia aurait pu déguster si seulement elle était un minimum enthousiaste de savoir son ‘ami’ marié. Alors elle attendait, dans ce salon, sur ce canapé, les mains docilement posées sur ses genoux. Droite comme un ‘i’, la blonde aurait pu vagabonder entre les créations pour s’imprégner du style de la maison mais que nenni. A croire que sur chaque robe que ses yeux observaient étaient écrits à l’encre rouge les mots ‘mariage’, ‘mensonge’ et autres. « Merci Charlotte, on prendra du thé et des cookies s’il vous plaît. » La voix féminine sortit temporairement Giulia de sa rêverie. La voilà, songea-t-elle en voyant cette silhouette blonde qui était en partie la cause de tous ses maux.  Même si sa compagnie était loin d’être désagréable, la jeune femme ne désirait pas non plus passer toute l’après-midi à ses côtés. Peut être que si elles s’étaient rencontrées à un moment différent, sans Alex au milieu, elles auraient pu devenir d’excellentes amies. Mais ça n’était pas vraiment le cas. Du moins, pour Giulia. Désolé du retard Giulia. Un fournisseur m’a appelé au dernier moment, j’espère que je ne t’ai pas trop faite attendre. » La blonde articula un bref sourire, signe qu’elle comprenait le retard de son interlocutrice. Là où Neve était une femme active et occupée, Giulia, elle avait le temps de lire des magazines entiers durant ses journées de travail. « Pas de soucis », rétorqua-t-elle avant que Neve ne vienne la saluer. « Comment tu vas ? » Un léger sourire planait sur le visage de Giulia, sourire qu’elle arborait pour se forcer à être plus détendue. Même ce genre de question la figeait. Neve désrait-elle vraiment savoir comment Giulia allait ? Pas trop motivée par son travail, impuissante, épuisée, triste, voilà la réponse. Et pourtant, la blonde ne prononça mot. « Bien, très bien, merci. Beaucoup de travail, l’art est un milieu ingrat malheureusement. » Une excuse, une fois de plus. Comme toutes celles qu’elle sortait aux futurs mariés depuis quelque temps déjà. « Et toi, quelles sont les nouvelles ? » Non, Giulia ne parlerait pas de ce fichu mariage. Et si, malheureusement, il fallait qu’elle le fasse. «  Tout se déroule comme vous le voulez, pour les préparatifs ? Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à me faire signe. » Simple politesse. Si on lui demandait de l’aide, Giulia trouverait une nouvelle excuse. A force, elle deviendrait experte en la matière. « J’espère que je ne porterai pas une affreuse robe rose à froufrou, je risque de démissionner, sinon. » La jeune femme essayait tant bien que mal de plaisanter. D’oublier ce malaise qu’elle seule avait crée. Une fois encore.

Avec la famille d’Alex était entrée dans ta vie la famille de Giulia. C’était presque une obligation pour toi de tous les rencontrer. Tu avais été très stressée quand Alex t’avait amenée rencontrer tout son monde à lui. Bien entendu tu ne l’avais pas montré. Si les multiples campagnes de ton père t’avaient apprises quelque chose, c’était à toujours paraître parfaitement composée en toute circonstance. Beaucoup de gens en voudraient à leurs parents de leur faire vivre des campagnes de ce genre, de leur faire vivre une vie qui n’était pas celle d’une adolescente normale. Mais pas toi. Parce que dans cette vie tu avais appris des leçons de vie qui te servaient énormément aujourd’hui que tu possédais ton entreprise. Mais cet après-midi tu avais décidé d’oublier l’entreprise. C’était le mariage qui devait occuper ton esprit, le mariage qui ne cessait d’approcher et dont les préparatifs te prenaient de plus en plus de temps. Mais cela serait bientôt terminé de toute manière donc ce n’était pas un souci. Cet après-midi c’était la robe des demoiselles d’honneur que tu venais voir et tu avais pris Giulia avec toi pour qu’elle puisse l‘essayer. Tu savais que si elle te convenait les robes pour Lola et Ava seraient prêtes très rapidement. C’était un avantage de posséder la maison, tes commandes passaient avant celles des autres. Tu étais toute excitée à l’idée de découvrir cette robe et aussi de passer un peu de temps avec Giulia qui te semblait fuyante ces derniers temps mais tu n’avais pas eu le temps de trop y réfléchir avec le mariage et l’entreprise et ta relation avec Alex, c’était tout ce qui t’occupait ces derniers temps. Et puis tu savais pertinemment que Giulia ne se confierait pas à toi si quelque chose n’allait pas bien dans sa vie donc cela ne servait à rien de trop insister non plus. Tu commençais donc par t’excuser de ton retard parce que ce n’était pas dans tes habitudes mais l’entreprise t’avait appelée. Giulia ne sembla pas dérangée par cela et pour lancer la conversation, tu décidais de lui demander comment elle allait. C’était toujours le meilleur moyen de commencer une conversation. « Bien, très bien, merci. Beaucoup de travail, l’art est un milieu ingrat malheureusement. » Tu étais contente d’apprendre qu’elle allait bien. C’était le plus important. Ah l’art … C’était un milieu plus que compliqué, tu l’avais vu avec des amis mais tu avais pu voir lors de tes différentes rencontres avec la jeune femme qu’elle semblait passionnée par son métier donc elle s’en sortirait toujours. « L’essentiel c’est que tu ne te décourages pas. Je vais bien merci. Un peu stressée par les préparatifs mais tout se passe plutôt bien. » Oui, tu avais ce talent de l’organisation qui te venait de ta mère qui t’avait souvent laissée l’observer alors qu’elle préparait divers dîners chez vous quand ton père était maire de Belmont Springs. Alors que ta voix s’était évaporée, tu sentais un silence s’installer. Le silence tu n’aimais pas réellement cela. Giulia finit par le briser cependant. « Tout se déroule comme vous le voulez, pour les préparatifs ? Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à me faire signe. J’espère que je ne porterai pas une affreuse robe rose à froufrou, je risque de démissionner, sinon. » Tu laissais échapper un petit rire. Comme si tu allais laisser Giulia porter une telle robe à ton mariage. Tu ne savais pas ce que la maison te réservait mais tu ne doutais pas que cela serait parfaitement dans ton goût. Tu avais tout de même donné quelques instructions. « Les préparatifs avancent, ne t’en fais pas. Et puis tu dois être occupée avec la galerie. » Ce n’était pas que tu ne voulais pas Giulia dans les préparatifs mais tu lui avais déjà proposé de se joindre à Ava, Lola et toi et cette dernière avait refusé en trouvant une excuse, du moins c’était ce que tu en avais déduit car tu avais demandé à Giulia quand cela l’arrangeait pour organiser un petit repas. Alors tu doutais qu’elle ait envi de s’y pencher aujourd’hui. « Et ne t’en fais pas pour la robe, j’ai donné quelques instructions. On ne devrait pas tarder à avoir notre verdict. » Dis-tu alors que Charlotte revenait dans la salle avec le thé et les gâteaux et accompagnée par une autre personne qui vint accrocher la robe à un crochet sur le mur. La robe était dans un étui, vous ne pouviez pas encore la voir. « Je te laisse l’honneur ? » Dis-tu à Giulia. Tu voulais que la robe lui plaise aussi après tout.

Lorsque Giulia fit la connaissance de Neve, elle ne pensait pas un seul instant que la jeune femme deviendrait la source première de ses ennuis. A vrai dire, à l’instant même où elle passa le pied de la porte lors d’un de ces fameux repas dominicaux, Giulia avait été ravie par sa présence. Enfin une femme parmi tous ces hommes, s’était-elle réjouit. Enfin une femme aimable, gentille et légèrement plus âgée mais ne marquant pas trop l’écart qui les séparait. Enfin une amie, parmi ces deux familles ? Certainement, oui. Une amie qu’elle avait appris à connaître au fil des mois et puis des années. Et puis, lorsque que la relation devint sérieuse, lorsque le temps commença à s’étioler, que l’avenir se dessinait, Giulia s’était éloignée. Un peu, puis un peu plus. Et puis jusqu’à limiter les échanges. Lorsque le mariage fut évoquée, que la demande devint enfin concrète, Giulia s’était vue dans l’obligation de revenir en arrière. En tant que demoiselle d’honneur, elle se devait d’avoir un minimum d’interaction avec la mariée, de se réjouir pour la célébration, d’aider pour les préparatifs. Fort heureusement, Neve, certainement bien entourée, n’avait pas eu besoin de Giulia plus que ça. Un point positif, quelque part. Le seul effort qu’elle lui demandait maintenant était de venir essayer sa robe. De donner son avis. De s’extasier. De se réjouir. Assise dans le canapé à attendre que Neve s’installe, Giulia ne montrait pas grand enthousiasme. Polie mais peu bavarde, elle échangeait seulement des banalités. Pour faire passer le temps, en grande partie. « L’essentiel c’est que tu ne te décourages pas. Je vais bien merci. Un peu stressée par les préparatifs mais tout se passe plutôt bien. » La jeune femme acquiesça, en signe de compréhension. Enfin, pas vraiment compréhensive. Giulia ignorait la pression qu’un mariage représentait et quelque part, elle l’ignorerait pendant très longtemps. Elle enchaîna donc, polie, sur les préparatifs. Et puis, une plaisanterie sur le choix de la robe, la traditionnelle robe rose à frous frous que l’on pouvait généralement admirer dans les comédies romantiques. « Les préparatifs avancent, ne t’en fais pas. Et puis tu dois être occupée avec la galerie. » Giulia émit un faible sourire. « Oui, oui, c’est vrai… », se résout-elle à répondre, faute de mots. « Et ne t’en fais pas pour la robe, j’ai donné quelques instructions. On ne devrait pas tarder à avoir notre verdict. » La jeune femme acquiesça de nouveau, son petit sourire ne la quittant point. Faire faire les robes des demoiselles par sa propre maison de couture ne serait sûrement pas signe de désastre. Sans voir l’objet du délit, Giulia se doutait pertinemment qu’il serait réussi et qu’il représentait probablement l’une des rares chances qu’elle aurait dans sa vie de revêtir une robe de créateur. L’assistante revint avec la collation, suivit par une autre personne qui se chargea d’installer la housse sur le portant. La jeune femme ne bougeait toujours pas, de peur que le moindre geste ne trahisse sa pensée. « Je te laisse l’honneur ? » Un bref sourire traversa son visage et Giulia se décida enfin à se lever, peu convaincue et surtout, peu désireuse de d’avancer vers cette cérémonie de mariage. Elle s’approcha lentement, jusqu’au crochet, et défit délicatement la fermeture éclaire de la housse. Chaque centimètre que sa main parcourant dévoilait une magnifique robe en mousseline. Bien sûr. Giulia s’en doutait. Giulia se doutait pertinemment que ça ne pouvait être que magnifique. Tout comme le mariage avec Alex. Tout comme la vie avec Alex. « C’est superbe…, souffla-t-elle, vraiment. » La jeune femme déglutit. Mal. Elle était mal à l’aise. Comment pouvait-elle porter cette…Cette chose avec tout ce qui la travaillait ? C’était une entrave, une sorte d’hypocrisie qui la bouffait de jour en jour mais qu’elle taisait, en espérant à chaque instant que tout s’envole et qu’elle retrouve une vie…Normale. Jamais, ô combien jamais, Giulia n’avait osé penser à elle. Après tout, elle aurait pu séduire Alex, réveiller ce qui avait toujours été là, quelque part. Mais elle ne l’avait pas fait. Et maintenant, il fallait composer avec cette hypocrisie. Jusqu’au bout. « Très beau travail, en tout cas. Ta robe de mariée doit être à la hauteur de cette beauté, j’en suis persuadée. » Giulia prononça ces quelques mots sans grande envie, un discours plus ou moins décousu avec le sourire légèrement forcé que son visage abordait. « Alex et toi allez être heureux ensemble, cela ne fait aucun doute. » Oui, cela ne faisait aucun doute. Mais pas pour Giulia, malheureusement.

Quand tu avais rencontré la famille d’Alex et de Giulia, tu avais très vite compris que la jeune femme jouait un rôle particulier dans la vie d’Alex. Tu avais alors cherché à mettre la demoiselle de ton côté si elle était si importante pour Alex. Pas de manière superficielle et juste pour faire plaisir à Alex. Quand votre relation était devenue de plus en plus sérieuse, tu avais tout fait pour te faire accepter dans cette famille qui allait bientôt devenir la tienne. Et tu pensais réellement y être arrivée. Avec les parents d’Alex les choses avaient été assez faciles, tu avais toujours eu un don pour plaire aux parents de tes amis en général. Face à ton visage d’ange on avait tendance à te donner à peu près ce que tu voulais. Avec Giulia les choses s’étaient bien passées aussi d’ailleurs maintenant que tu y repensais. Ce qui rendait son comportement actuel complètement incompréhensible à tes yeux. Tu ne l’avais pas vue à un repas de famille depuis un long moment et tu savais que cela ne faisait pas plaisir. Tu avais essayé de lui en parler une fois pour savoir s’il avait une idée de ce qui se passait car Giulia était aussi ton amie. Mais Alex n’en savait pas plus que toi et tu pouvais voir à quel point cela le frustrait ce qui t’avais fait laisser tomber le sujet. Tu connaissais assez bien Alex pour savoir que quand il voudrait des réponses il irait les chercher directement là où il était certain de les trouver. Il avait donc été évident pour toi de confier la troisième robe de demoiselle d’honneur à Giulia. Tu n’avais pas de sœur donc Giulia pouvait jouer ce rôle à tes côtés vu qu’elle était comme une sœur pour Alex. Cependant, alors que tu rentrais dans la salle de la maison de couture, tu ne pus t’empêcher de ne pas la trouver de très bonne humeur. Tu avais vu la jeune fille de bonne humeur auparavant et tu pensais que l’essayage était une partie amusante des préparations. Il n’y avait personne à appeler, personne sur qui crier pour que les choses soient prêtes à temps, aucun plan de table à reprendre à chaque fois car il y avait toujours un problème. Pourtant tu n’étais pas certaine que Giulia voulait réellement être là. Tu fis comme si de rien n’était cependant, tu étais une professionnelle pour faire comme si tout allait bien. Elle avait apparemment beaucoup de travail à la galerie et tu te contentais d’acquiescer à cette excuse, elle était certainement légitime, les métiers de l’art n’étaient pas toujours faciles. La robe finit par arriver dans un étui. La surprise était toujours là, toi non plus tu ne savais pas à quoi elle ressemblait. Tu laissais cependant la demoiselle aller la découvrir car après tout c’était sa robe à elle. Giulia s’approcha donc de la robe et tu soupirais de soulagement en voyant le résultat. C’était exactement ce que tu cherchais. Si ce n’était pas le cas, tu osais à peine imaginer les délais pour reprendre les trois robes car tu savais que celles d’Ava et de Lola étaient déjà en préparation. Un problème de moins à gérer. « C’est superbe… vraiment. » Tu étais d’accord, la robe était très belle. Et tu étais heureuse qu’elle plaise à Giulia parce qu’elle était à elle maintenant. Pour le mariage bien entendu mais même après, tu ne comptais pas récupérer les robes, c’était une manière de remercier tes meilleures amies et Giulia de partager cette occasion avec toi. « Je suis contente qu’elle te plaise. Je suis soulagée de voir le résultat, s’il avait fallu tout reprendre … » Tu secouais la tête, tu préférais ne pas l’imaginer, cela te faisait tourner la tête alors il valait mieux arrêter. Mais voir la robe ne semblait pas pouvoir mettre un sourire sur le visage de Giulia, du moins pas un sourire sincère. Tu souriais bien trop souvent faussement pour savoir reconnaître ces derniers sur les visages de tes amies. « Très beau travail, en tout cas. Ta robe de mariée doit être à la hauteur de cette beauté, j’en suis persuadée. Alex et toi allez être heureux ensemble, cela ne fait aucun doute. » Ta robe de mariée n’était pas réalisée par la maison de couture malheureusement. Tu leur avais confié les robes des demoiselles d’honneur mais vu que tes parents payaient pour ta robe de mariée, c’était chez Chanel que tu étais allée la chercher. « Ma robe de mariée n’est pas mal je dois l’avouer mais elle ne vient pas d’ici. » Dis-tu simplement à Giulia. Cela te fit penser que la jeune femme ne l’avait pas vue. Tu étais allée la choisir avec Ava et Lola. « On pourra passer chez ma mère pour aller la voir si tu veux. » Dis-tu simplement. « Alex et moi on est déjà heureux, le mariage ce n’est qu’un pas de plus. » Oui, vous n’attendiez pas d’être mariés pour être heureux, cela faisait déjà quelques années que vous l’étiez. « Tu l’essayes ? » Demandas-tu à Giulia en lui désignant la robe.

En ouvrant la housse qui contenait la robe, Giulia n’avait su retenir son souffle. Une beauté sans nom trônait là, sous ses yeux, beauté qui n’attendait que d’être portée. Et pourtant, un doute la retenait. Mettre cette robe signifiait approuver le mariage, l’union, l’amour que partageaient Neve et Alex, tandis qu’elle, tapie dans l’ombre, restait silencieuse. Cette robe, au contraire, ne lui permettait guère de rester à l’écart. Parce que le jour du dit mariage, même si Giulia n’était pas celle sur qui tout le monde porterait son attention, elle ferait tout de même partie du cortège. Et tout ça impliquait naturellement qu’on l’observerait sur toutes les coutures. Alors la jeune femme déglutit et se décida enfin d’émettre un avis sur la création que ses yeux dévoraient. « Je suis contente qu’elle te plaise. Je suis soulagée de voir le résultat, s’il avait fallu tout reprendre … » Enième sourire bref et amer que Giulia servit à son interlocutrice, histoire de montrer au minimum son intérêt pour tout ce cérémonial.  La jeune femme enchaîna donc avec des banalités, comme quoi la robe de mariée de Neve devait être tout aussi magnifique et blabla. « Ma robe de mariée n’est pas mal je dois l’avouer mais elle ne vient pas d’ici. » La jeune femme laissa échapper un bref cri de surprise. Allons bon, si cette robe ne provenait pas de sa propre maison de couture, où avait-elle pu donc l’acheter ? Giulia l’ignorait mais une chose était certaine : le nom du designer la ferait très certainement pâlir d’envie. Après l’homme parfait, la vie parfaite, le mariage parfait, il y aurait la robe parfaite. La robe du grand jour. « On pourra passer chez ma mère pour aller la voir si tu veux. » La blonde émit un petit rire et lâcha un « Pourquoi pas, oui », sans grande conviction. Si Neve l’invitait véritablement chez sa mère pour aller voir sa robe de mariage, nul doute que Giulia devrait faire preuve d’un sang froid imparable pour ne pas fondre en larmes. Par ailleurs, ce mariage allait lui demander un contrôle total. Pas de mot de travers, ni de regards équivoques. Giulia devait faire bonne figure. Et par bonne figure, elle entendait très certainement fumer toute la soirée à l’extérieur, loin de tout ce faste. « Alex et moi on est déjà heureux, le mariage ce n’est qu’un pas de plus. » Aie. Oui, Aie. La blonde ne releva point et se contenta de sourire une énième fois. Ce fut tout ce dont elle était malheureusement capable à l’heure actuelle. Bien sûr que Giulia et Alex étaient heureux. Elle en bouffait à toutes les sauces, à tous les repas, que ça soit via Neve, ou Alex, ou leurs familles respectives. Ils étaient heureux, elle connaissait la chanson. Et elle, de son côté, menait une existence banale, sans intérêt. « Tu l’essayes ? » Une pause, pendant que la jeune femme sortait de ses pensées. « Oui, oui bien sûr. » Sans attendre un instant de plus, Giulia prit la housse et l’emmena derrière l’une des cabines d’essayage du showroom. Elle la sortit délicatement, entreprit de retirer ce qu’elle porter pour l’enfiler avec le plus grand soin. Une beauté, songeait-elle à  nouveau. Une beauté qui pourtant semblait révéler au grand jour ce qu’elle s’efforçait à dissimuler. Giulia trouvait la robe magnifique mais point sur elle. Elle ne lui allait pas, tout simplement. Alors la jeune femme sortit de la cabine un brin gênée, ses bras croisés de telle façon qu’on ne puisse pas voir le haut de la tenue. « Elle est superbe…Mais je ne suis pas sûre d’être celle qui faut pour la porter. » Elle prononça ces quelques paroles avec une pointe de regret dans sa voix. Non vraiment, cette histoire de mariage ne la passionnait pas des masses.

Tu essayais de faire de ton mieux pour que la situation soit moins tendue avec Giulia. Tu ignorais pourquoi cette dernière l’était en réalité mais tu pouvais voir que la jeune femme n’était pas détendue. Il ne fallait pas être un géni pour le voir. Tu avais connu Giulia complètement détendue et tu savais que la jeune femme que tu avais devant toi ne l’était pas. Tu ne comprenais pas pourquoi, tu ne voyais pas ce que tu avais fait. Tu lui avais demandé d’être ta demoiselle d’honneur parce que tu voulais faire plaisir à Alex mais aussi à Giulia pour lui permettre de faire partie de ce mariage, pour lui montrer que si elle comptait pour Alex alors elle comptait pour elle aussi parce que c’était ce qui était important. En te mariant avec Alex tu adoptais sa famille et ses amis et tu ne voyais pas pourquoi Giulia ne pourrait pas être ton amie, vous étiez parties sur une bonne pente en tout cas. Mais quand tu lui proposais d’aller voir ta robe de mariée, tu vis que cela ne l’enthousiasmait pas non plus. « Pourquoi pas, oui. » Alors si sa robe ne l’enthousiasmait pas, si la tienne non plus, tu ne savais pas vraiment quoi faire pour lui faire plaisir. Tu avais essayé de la faire participer aux préparatifs mais tu avais vite arrêté, tu pensais donc que cela lui aurait fait plaisir mais tu avais l’impression de toujours mal faire avec la demoiselle et tu détestais cette sensation. Tu étais quelqu’un qui réussissait ce qu’elle entreprenait et qui cherchait toujours des solutions pour tout faire marcher. Mais cette fois tu étais à bout de solutions. Finalement, tu proposais à Giulia d’enfiler la robe parce qu’elles étaient là pour cela et que s’il y avait des retouches à faire, elles puissent être faites le plus rapidement possible. Alors que Giulia se dirigeait vers la cabine, tu vis Charlotte se diriger vers la porte pour aller chercher ce qu’il fallait. Charlotte s’occupait de la réception mais c’était juste pour ne pas embaucher quelqu’un en plus, pas pour l’instant. Elle était une merveilleuse couturière et tu avais été heureuse de l’accueillir dans la maison. Une fois Giulia dans la cabine tu soupirais en mettant tes mains dans ton visage. Tu ne savais pas ce que tu allais faire mais il allait falloir que tu comprennes une partie au moins du comportement d’une de tes demoiselles d’honneur. Tu commençais à te dire que cette décision pour faire plaisir à Alex allait te coûter cher en temps et en émotions. Finalement, Charlotte revint alors que tu pris plusieurs gorgées de ton thé. Tu discutais avec la demoiselle jusqu’à ce que Giulia sorte de la cabine d’essayage. Elle était magnifique, la robe lui allait très bien voilà pourquoi tu ne compris pas pourquoi elle te dit : « Elle est superbe…Mais je ne suis pas sûre d’être celle qui faut pour la porter. » Tu levais une sourcil. Ah non ? Et pourquoi pas ? Tu soupirais en te tournant vers Charlotte. « Vous pouvez nous laisser quelques minutes Charlotte ? Je viendrai vous chercher pour les retouches. » Dis-tu avec ton plus beau sourire. Tu attendis que la porte se referme derrière la jeune femme. Tu avais besoin qu’elle se referme. Tu ne savais pas ce qui allait advenir de tes questions mais peu importe, tu préférais que cela ne se passe sous les yeux de personne. « Giulia, cette robe te va à ravir. Bon, il y a quelques retouches à faire mais elles sont minimes. » Dis-tu en regardant la jeune femme. « Qu’est-ce qui se passe exactement ? Parce que je ne sais plus quoi faire pour arranger la situation. Je pensais vous faire plaisir tous les deux avec Alex quand je t’ai proposé d’être ma demoiselle d’honneur. J’ai essayé de t’impliquer dans tout cela mais tu ne voulais pas alors je n’ai pas insisté et là alors que tu essayais cette robe j’ai l’impression que je suis en train de te torturer. Alors qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que j’ai fait ? » Oui, tu ne comprenais pas du tout ce que tu avais fait de mal.

Le mensonge faisait désormais partie intégrante de sa vie. Cette façon de faire, longtemps bannie par la famille Vescovi, prenait finalement forme en la personne de Giulia Vescovi. En présence de personnes neutres, telles que ses quelques amis, sa patronne, mentir lui paraissait impossible. Peu importait ses rapports avec les autres, Giulia cultivait une sincérité à leur égard qu’elle considérait sacrée. Mais lorsqu’elle devait supporter les membres de sa famille et amis proches, le comportement changeait. Au lieu d’une jeune femme souriante et enjouée, il ne restait qu’une silhouette vide. Pas un sourire n’arborait son tendre visage. Pas une expression, qu’elle fut positive ou négative, ne détendait ses traits. Giulia parlait d’un ton neutre, inventait une vie qui n’existait pas, des sentiments qui n’existaient pas pour faire comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Alors que ca n’était pas le cas. Car la présence de sa famille voulait aussi dire la présence des Martelli, et donc, du futur couple marié. Elle ornait ses mensonges d’un sourire bref, sec, sans éclat.  Elle variait ses mensonges en fonction du jour et de son humeur. Un coup, il s’agissait d’une excuse bidon pour rater un repas. Un autre, il fallait s’extasier devant la bague de fiançailles. Et là, en ce jour, il fallait s’extasier sur la robe que Giulia porterait. La beauté de l’objet ne faisait aucun doute. Fluide, d’une couleur agréable, confortable. Mais bien évidemment, la jeune femme sentait que cette robe n’était point faite pour elle. A cause de ses mensonges. De ses faux-semblants. Porter cette chose ne ferait que confirmer ce que Giulia pensait déjà d’elle : une hypocrite, sertie d’une mythomane. Un cocktail dangereux pour ceux qui la connaissaient. « Vous pouvez nous laisser quelques minutes Charlotte ? Je viendrai vous chercher pour les retouches. » La jeune femme leva la tête, et ne se soucia guère de la suite des événements. Allons bon, la dénommée Charlotte n’était qu’une employée et n’avait donc pas besoin de s’immiscer dans la vie privée de sa patronne. Giulia, quant à elle, continuait à s’observer dans le miroir, presque à regret. « Giulia, cette robe te va à ravir. Bon, il y a quelques retouches à faire mais elles sont minimes. » La jeune femme esquissa un nouveau sourire peu sincère avant de décrocher un « Oh merci » à peine audible. « Qu’est-ce qui se passe exactement ? Parce que je ne sais plus quoi faire pour arranger la situation. Je pensais vous faire plaisir tous les deux avec Alex quand je t’ai proposé d’être ma demoiselle d’honneur. J’ai essayé de t’impliquer dans tout cela mais tu ne voulais pas alors je n’ai pas insisté et là alors que tu essayais cette robe j’ai l’impression que je suis en train de te torturer. Alors qu’est-ce qui se passe ? Qu’est-ce que j’ai fait ? » Wow. Giulia eut un mouvement de recul devant ce discours peu ordinaire. Depuis quand Neve pouvait s’autoriser à lui parler de la sorte ? Et à mesure qu’elle entendait ces paroles, son visage s’était décomposé. Ainsi, Neve devinerait-elle la supercherie ? Non. Impossible. Personne ne l’avait découvert jusque là alors pourquoi elle, pourquoi maintenant ? Et puis, une idée lui vint en tête. Une idée quelque peu cruelle mais qui l’aiderait à sauver la face. « J’essayais juste d’être humble face à ça…, commença-t-elle en désignant la robe, parce que contrairement à toi, tout le monde n’a pas l’habitude de se voir dans une robe de créateur. » La jeune femme soupira longuement avant de reprendre. « Et pour tes interrogations…Ma vie ne tourne pas vraiment autour de toi et ton mariage seulement. J’ai, moi aussi, des jours avec, des jours sans, des coups de blues, des préoccupations. Alors oui en ce moment, c’est pas la joie pour moi. Maintenant, je pense que tu devrais cesser de penser en permanence à tout ça parce que oui, la plupart des gens ont une vie en dehors de la préparation de ce jour. Vous vous mariez, c’est cool, mais ça ne résout pas les problèmes des autres. » Giulia savait pertinemment que c’était méchant. Faire culpabiliser Neve, lui faire croire qu’elle ne voulait pas sourire et s’exclamer parce qu’elle n’était pas d’humeur, tout ça, comme d’habitude, relevait du mensonge. Un art que la jeune femme maîtrisait à la perfection, ces temps-ci. « Je pense qu’on devrait passer aux retouches. » Une suggestion pour s’éloigner du sujet et très probablement, pour écourter cette visite.