Wesley ◊ I'll need a fix now, to believe, to feel...

- nom complet : Wesley Lindson. Nom banal, sans notoriété pour la plupart, précieux pour quelques individus que l’on compte sur le bout des doigts, parce qu’il te désigne, toi le garçon qui embaume le cœur de tes rares proches. Il est symbole de ce que tu as perdu, les Lindson ne sont plus là, ils sont partis. Et parfois tu te dis que c’est tant mieux. Du moins, quand ta sœur ne faisait pas encore partie des tombes à visiter. - âge, date et lieu de naissance : Ton histoire a commencé il y a presque vingt-cinq ans, durant les premiers jours du printemps. Le 26 mars 1990 pour être précis. Tu es né à Belmont Springs, voué à éternellement envier ceux qui ne vivent pas dans la misère, ceux pour qui la vie n’est pas un combat quotidien. - origines et nationalité : Comptent-elles vraiment ? Tu es américain, tu as tes papiers, tu es reconnu comme étant un civil des illustres États-Unis d’Amérique, pourtant tu vis comme un chien, l’état s’en fout de toi, il te considère comme un déchet. Tes origines sont diversifiées, ton père en ayant un peu de l’Écosse, d’autres de l’Argentine, et ta mère venant tout droit du Mexique. Ou était-ce de l’Espagne ? Tu ne sais plus, tu t’en fous. - occupation, situation financière : La dèche totale. Tu n’as pas un métier digne de ce nom, tu n’es qu’un caissier à Walmart, inutile, discret. On ne te remarque pas, on te gueule dessus à longueur de journée, on te traîne dans la boue alors que tu t’imagines voler avec le reste des oiseaux là-haut, dans le ciel azur. Tu patientes, tu ne peux pas te permettre de perdre ton travail, le client est roi, et il peut tout se permettre. Tu dois encaisser. Parce que sans ça, sans ces quelques dollars que tu empoches et qui ne valent pas toute la fatigue, tu es voué à finir dans la rue, à y dealer comme ces gens qui essaient de t’attirer dans ce milieu, en excitant l’appât du gain qu’ils ne savent pas inexistant chez toi. Tu ne veux pas finir comme lui. Non, jamais. Tu préférerais mourir. - statut civil : Tu vis dans le mensonge, dans le remords. Tu le regardes, et il est à ton goût. Dans un contexte différent, dans une autre vie, tu aurais sûrement craqué pour lui, tes intentions auraient été bonnes et tu aurais voulu le séduire pour le séduire, et non pas pour te frayer un chemin dans son existence afin de soutirer de lui ce que tu recherches inlassablement. Tu aimes l’embrasser, mais tu le hais. Tu aimes sa peau sur laquelle tes doigts courent avidement, mais tu le détestes de tout ton être. Pourtant, ton corps réagit, il s’emporte et il adore votre union, il ne ment pas lui. Et ça te dégoûte, parce qu’il est lui, et que tu es toi, que c’est impossible. Avec un pincement au cœur, parfois, tu souhaites qu’il n’ait pas été des leurs… - orientation sexuelle : Tu as su bien assez tôt que tu es épris des corps masculins, ceux qui puent la testostérone, les bras puissants qui te plaquent contre des torses qui n’ont rien à leur envier. Tu ne couches pas avec n’importe qui. Tu ne couches presque jamais. Tu as cette honte au fond de toi, d’être ce que tu es. Plus jeune, tu t’es rebellé, tu es tombé amoureux de filles, de leurs cheveux longs, de leurs courbes généreuses. Pourtant, tu n’as pas pu aller bien loin, parce qu’au fond, tu savais. Tu l’as nié, tu t’es menti. Tu ne crains pas le jugement des autres, tu n’as pas grandi dans un monde qui te permette de briller dans leurs yeux. Il n’y a que toi. Tu te fous de la pression, d’où tu viens, les garçons baisent avec n’importe qui, avec tout ce qui leur vient. Tout pour assouvir leurs besoins primaires. Et toi, tu te permets d’être sélectif. Tu veux tomber amoureux. Pas que pour une seule nuit, mais pour toujours. Et dans ta tête, un homme ne peut pas te fournir ça. Ou du moins, pas un individu qui vient de là où tu habites. Dégoûté de ces envies qui pulsent dans tes veines, tu les rejettes comme tu peux, et quand cela ne devient plus possible, tu t’abandonnes et tu regrettes. - traits de caractère : Vase fragile, vase en porcelaine, la bourrasque a été trop forte. Brisé en mille et un morceaux. Incapable de remettre les pièces en ordre, le puzzle est trop énorme, un challenge que personne n’arriverait à relever. Tu n’as pas toujours été comme ça. Ce sont tes émotions qui t’ont conduit à ta perte, ce sont tes sentiments excessifs qui t’ont dévasté. Éternel sensible, tu es la proie de tes propres humeurs, de tes propres émois. Déterminé, tu ne lâches pas l’affaire, tu es résolu, têtu, rien ne te détourne de tes objectifs, si peu que tu en as. Tu es calculateur, manipulateur quand il le faut, la vie est un plan qu’il faut parfois suivre à la lettre, même si parfois le plus sage est de justement s’en détourner. Tu n’aimes pas que les choses échappent à ton contrôle, tout doit aller selon ton bon vouloir. Tu es parfois protecteur envers ceux qui le méritent, envers ceux que ton cœur choisit sans raison apparente. Dès ta jeunesse, tu as appris à être débrouillard, indépendant, comprenant que si tu comptes sur les autres, tu ne serviras jamais tes propres intérêts car les leurs primeront toujours. Ton côté enjoué, sociable et spontané te vaut d’avoir la côte dans les milieux que tu fréquentes, tu es populaire, désiré, et on apprécie beaucoup ta compagnie. Ta curiosité te met souvent dans l’embarras, tu es touche-à-tout, tu aimes tout savoir, tout découvrir, tu ne supportes pas les zones d’ombre que tu ne cesses jamais d’essayer d’éclaircir. C’est dans cette optique qu’on te qualifie parfois comme étant intrusif, tu ne laisses pas les gens tranquilles, tu aimes savoir ce qui se cache, tu aimes découvrir leurs secrets. Tu es rarement gêné, tu assumes tout ce que tu fais, tu ne te caches pas derrière des prétextes ou de fausses excuses. Maladroit, autant dans tes paroles que dans tes gestes, tu es sincère en toutes circonstances, sauf quand tu n’en as pas la possibilité. Tu reconnais ta valeur même si presque personne d’autre ne le fait. Tu es avide de bonnes choses, tu as l’impression de t’estomper dans ce monde auquel tu ne penses pas appartenir, tu t’accroches à l’idée selon laquelle tu es destiné à bien mieux que ça. - quartier de résidence :  La pauvreté t’a asservi, t’obligeant à frayer avec ceux que tu n’estimes pourtant pas être de ton niveau. Tu n’aimes pas la location de ton appartement, tu te vois plutôt appartenir à la grandeur, au lieu de louer un espace qui se trouve dans un quartier mal famé, dans ce Dana Point. Plus précisément dans cet ex-terrain vague qui a laissé la place au changement, et qui s’en vient petit à petit.  - groupe : Lone Wolf.

my silver spoon has fed me good
◊ De Titanic, Requiem for a dream à The vow et The fault in our stars, tu les as tous vus. On dirait que tu te fais du mal tout seul d’ailleurs, parce que l’effet que ce genre de films possède sur toi est dévastateur.  Tu deviens un homme fontaine, tu veilles à garder une boîte à mouchoirs près de toi en visionnant l’un d’eux d’ailleurs.
◊Tu es incapable de traverser la route si ce n’est pas par le biais d’un passage piéton.
◊Tu parles très bien anglais et espagnol, et tu as quelques rudiments en allemand, vestiges d’une éducation que tu t’es toi-même donnée mais qui n’est plus le centre de tes intérêts depuis bien longtemps.
◊Tu aimes beaucoup lire. De tout. Tu n’as qu’à t’allonger sur un canapé, un livre à la main et tu t’en vas, tu quittes tout pour voguer dans ton propre univers. Tu peux rester des heures à consulter le même roman, tu peux en finir un de huit centaines de pages en un jour.
◊ Tu possèdes une quantité hallucinante de livres, plus spécifiquement de romans, de revues scientifiques que tu ne comprends pas toujours à cause de tes failles en la matière, de livres historiques, philosophiques sans oublier des bouquins culinaires même si tu préfères inventer tes propres recettes.
◊ Car oui, tu es un cuisinier. Tu as appris tout seul, comme beaucoup de choses, et tu es plutôt doué d’après ceux qui ont goûté à tes plats.
◊ Tu es un grand amoureux de l’eau. Que ce soit à la piscine, à la mer, dans ton bain, tu veux passer le plus de temps possible dans le bassin, tu te sens revivre lorsque le liquide vient refroidir ta peau.
◊Quand tu es nerveux, tu te passes la main dans tes cheveux comme si tu essayais de les remettre à l’endroit. Tu as également ce tic de te frotter l’espace entre ton nez et ta bouche par le moyen de ton index quand c’est le cas, mais il est moins courant.
◊ Les espaces étroits, très peu pour toi. Les endroits où tu pourrais te retrouver coincé, tu évites comme la peste. Tu montes à pied, tu redoutes les caves. A l’opposé, tu ne supportes pas les endroits bondés non plus. Tu es un claustrophobe doublé d’un agoraphobe, alors tu mets une croix sur les fêtes, et quand tu es dans une foule, tu tiens la main de la personne qui t’accompagne et tu la serres fort, de peur de te perdre. Nelly a toujours trouvé ça mignon. Toi, tu trouves ça très contraignant.
◊ Aimer une personne, c’est lui donner une part de soi-même, alors il te semble que dans la logique des choses, protéger cette partie est indispensable, ce qui fait que tu es prêt à montrer tes griffes et tes dents si on s’en prend à quelqu’un que tu affectionnes. C’était le cas avec ta sœur, Nelly. Oui, c’était…  
◊Il y a une chose que ta tante t’a apprise, et c’est de jouer au violon. Elle en avait un qu’elle a toujours refusé de vendre, et elle te l’a offert, puisque ses doigts qui tremblent ne sont plus en mesure d’accomplir les miracles qu’il faisaient avant.
◊ Tu ne supportes pas le contact du daim ou de la fourrure, de tous ces vêtements qui sont faits à partir de peaux d’animaux, ça te révulse.
◊ Tu apprécies énormément le chocolat, c’est ton péché mignon, et tu ne peux pas résister à la vue d’un morceau ou d’une tablette.
◊ Tu as des troubles obsessionnels compulsifs. Qui ne ressurgissent que lorsque tu vas vraiment mal, que lors de tes périodes les plus sombres. En plus de t’inciter à tout ranger, ils te font faire des listes mentales, et te font compter jusqu’à un nombre précis, la plupart du temps avoisinant les 3000.
◊ Tu as froid absolument tout le temps, tu es extrêmement frileux, que ce soit en hiver, en été, au printemps … Peu importe, ton corps est toujours froid, et c’est très désagréable.
◊ Tu respectes les choix de toutes les personnes, tu ne les juges pas à partir d’une décision qu’ils ont prise ou de leur apparence extravagante. Tout à ton opinion mérite sa place dans ce monde, parce qu’il a besoin de diversité pour exister.
◊ Les rares fois où tu te rapproches vraiment de quelqu’un, tu es à lui, tu lui appartiens, il peut tout te raconter, tout te confier, tu l’écouteras sans hésiter, même à quatre heures du matin quand tout le monde dort. Tu seras à son écoute, tu seras à son éternelle disposition.
◊ Tu changes d’avis trop souvent, quand il faut prendre une décision, tu mets un temps fou. Ça se répercute également sur ton humeur, qui est très versatile. Tu peux être heureux une minute, et tirer la gueule celle qui suit, ce qui est très déstabilisant pour ton entourage.
◊ Tu aimes beaucoup les enfants, tu les trouve très amusants et très sincères. Tu n’hésites pas à inventer des jeux avec eux, ils t’inspirent beaucoup. Et si un bébé est dans les environs, tu ne peux que foncer vers lui pour demander avec des yeux qui brillent l’autorisation de le prendre dans tes bras.
◊Tu avais un ami. Un meilleur ami même. Mark qu’il s’appelait. Il s’est mis en danger. Il s’est mis dans le pétrin avec les lâches qui grouillent dans la ville. Il a fini mort, à cause de la drogue, parce qu’il dealait. Ça t’a complètement retourné.
◊Tu as l’impression d’être entouré par une malédiction. Tous les gens autour de toi meurent, inévitablement. Et jamais de façon naturelle. Toujours dans la violence, toujours dans l’horreur…
◊Tu es un grand phobique des araignées. Quand tu en vois une, la panique fuse dans toutes les parties de ton corps, et tu te retrouves incapable de réagir, incapable de bouger.
◊Tu aurais adoré explorer le monde… Tu es un voyageur dans l’âme, mais tu n’as jamais quitté le pays. Tu as même rarement quitté la ville, tu n’as pas les finances pour ça. Tu t’étais dit qu’un jour, tu risquerais le tout pour le tout et que tu irais n’importe où, tu survivrais au jour le jour. Depuis la mort de Nelly, tu as autre chose en tête.

we kings of cosmopolitan love and nihilistic suffering
Tu es prêt. C’est quelque chose que tu as toujours rêvé de faire, l’une de ces folies qui se trouvent inscrites dans la liste de ce que tu veux accomplir avant de mourir. Pourquoi maintenant ? Parce que tu as besoin d’oublier, de t’oublier. De sentir le flot d’adrénaline couler harmonieusement dans tes vaisseaux, de retrouver ce calme intérieur qui n’est ton compagnon que lorsque tu te retrouves en situation de danger. Tu t’avances vers la porte de ton salut temporaire, tu sens que les larmes tentent de te trahir en s’incrustant malicieusement hors de tes prunelles. Tes instincts reviennent à l’assaut, essayant de te dissuader de cette stupidité à ne pas commettre. La prudence primaire essaie de se mettre en travers de ton chemin. Tu es aveuglé par ta peine, tu t’en fous, puis tu sautes. Il n’y a que le vide qui t’attend. Et lui un peu plus bas. C’est la chute libre. Ta vie défile devant tes yeux…

Tu ne les aimes pas. Et tu te sens coupable. Un gosse devrait aimer ses parents, à moins d’être ingrat. Mais ils sont trop bizarres, trop agressifs. Tu n’as pas l’impression qu’ils sont les tiens. Tu aurais préféré évoluer dans un décor qui aurait été tien, celui du luxe, c’est pour quoi tu as toujours eu l’impression d’être prédestiné avec tes goûts qui coûtent chers. Mais ce n’est pas là la raison pour laquelle tu ne les portes pas dans ton cœur. Ils imposent cette distance avec toi, comme si tu n’es qu’un rebut. Avec ta sœur aussi, ils ne l’épargnent pas alors qu’elle ne mérite que le meilleur. Vous restez donc soudés. Vous contre eux. Obéissant à leurs ordres pour ne pas vous faire engueuler, profitant du calme avant la tempête qui ne tarde pas à venir, qui les emporte. Ils se sont mêlés aux grands de la ville, et ils se sont coupé les ailes. Escrocs, charlatans, ils ont fini par voir clair dans leur jeu, ils se sont fait avoir. Ils ont voulu fuir, ils ont voulu vous abandonner lâchement derrière, avec la somme amassée qu’ils pourront dilapider loin de tout, loin de vous. Ils ont fini dans le ravin. L’argent qu’ils ont dépouillé aux autres a brûlé. Ils vous ont privé du foyer, du mobilier. Tout à zéro, petits enfants malheureux, orphelins, recueillis par un oncle et une tante qui n’ont pas assez de moyens mais qui n’ont pas voulu vous laisser tomber comme l’ont fait vos géniteurs. Ils ont fait de leur mieux, tu ne les blâmes pas. Venue la majorité, il a fallu que tu te débrouilles tout seul, toi et Nelly, ta petite poupée de cire fragile qui en est sortie trop affectée. Toi aussi, tu as fait tout ton possible. Passables efforts.

"Je ne cesserai pas de te protéger, Nel. Tu es ma petite sœur, et je ne te laisserai jamais tomber." Tes bras l’entourent, l’attirant contre toi, créant un cocon dont le but est de tenir ta promesse. Elle s’est foutue dans de beaux draps, Nelly, à faire affaire avec des gens pareils, sans scrupules, qui se croient plus hauts que la loi. Elle a commis l’erreur de sa vie, mais tu es là pour l’aider à la réparer. "Demande leur un court délai d’une semaine. Il est absolument hors de question que tu te prostitues. Je ne le permettrai pas. Ma princesse n’est pas une pute." Les larmes coulent, et tu serres encore plus fort. Tout ça pour ne pas finir comme toi, pour changer la donne, pour réaliser son vœu qui est de devenir médecin et pour vous sortir de la mouise où vous vous trouvez depuis votre naissance. Elle s’est mise dans une situation où elle doit beaucoup d’argent aux mauvais quidams. Travailler dans un café n’est pas suffisant, bien qu’elle se tue à la tâche, bien qu’elle se prive du sommeil et des belles choses qu’elle aimerait s’offrir. C’est cher d’étudier, ce n’est pas fait pour n’importe. Et ce n’est jamais assez. Les gens dans votre situation n’ont pas le droit de concrétiser leurs rêves, pourtant elle s’est insurgée et te voilà tenu à la soutenir durant sa rébellion. Tu dois la sauver. Une princesse comme elle ne mérite pas d’être déchue. Déjà que ça t’indigne qu’elle serve du café, qu’elle se fasse reluquer ouvertement par des clients dégueulasses… Tu ne la laisseras pas vendre sa beauté au plus offrant, à qui ne sait pas l’apprécier à sa juste valeur. Quitte à ce que tu sois endetté jusqu’au cou. Quitte à devoir des faveurs à des personnes que tu méprises. Quitte à vendre ton propre corps, ton sang, tes organes. Quitte à abandonner tes principes et à te salir les mains. Tout pour elle. Tout pour la plus chère à ton cœur.

Tu as échoué. Tu as mal jugé. Tu t’es démené et ça n’a servi à rien. Quand elle est venue t’en parler, c’était déjà trop tard. Elle ouvrait déjà ses cuisses pour des hommes aussi différents les uns que les autres. L’un d’eux a fini par la maltraiter, par la détruire. Elle qui était si frêle n’a pas tenu. Elle s’est échouée sur le sol pour ne plus se relever. C’est à cause de cette maudite famille de voleurs, ils lui ont forcé la main, ils l’ont assassinée. Ils t’ont assassiné aussi. Plus aucun admirateur ne se retournera, ébahi, pour voir ses cheveux aux reflets dorés flotter gracieusement dans le vent. Plus personne ne se sentira bien après avoir fait face à son sourire qui réchauffe le cœur, qui guérit les blessures. Les tiennes sont grandes ouvertes, béantes. Les mots qui cherchent à te rassurer ne t’atteignent pas, tu ne fais que hocher de la tête, ne prenant même pas la peine d’écouter, tenu à assister à ces funérailles que tu renies de toutes tes forces. Tu es une œuvre d’art. Un tableau peint par une âme torturée. Représentant le désespoir, le désarroi, l’égarement. Les cinq étapes du deuil n’ont aucun sens pour toi, elles sont toutes présentes en même temps. Puis il vient, et tu le reconnais instantanément. Séduisant, ses iris reflètent de la désolation, ravagés par la tristesse. Trop affecté, trop meurtri. Trop concerné. Il se présente, et son nom t’arrache un frisson, confirmation de tes craintes. Le responsable du crime revient s’assurer que sa victime est bel et bien sous terre. Tes poings se serrent, tes veines rageuses se révèlent. Tu te retiens tant bien que mal d’abîmer sa jolie gueule trop parfaite, aux traits trop magnifiques, qu’il ose venir arborer ici, durant l’enterrement de ta petite chérie. Tu murmures un merci trompeur, tu le laisses s’éloigner, et la machine se met en route. Tu réfléchis. Tout ce dont tu es sûr, c’est qu’il paiera.

Tes doigts caressent la crosse de cet objet jusqu’ici inconnu. Tu auras le droit à une seule chance. Continuellement entouré par ses bulldogs personnels, Owen Carrillo n’est pas une cible facile. Il est impératif que tu saches donc te servir de l’arme à feu en ta possession, que tu vises un point vital pour qu’il ne se relève pas. Tu perdras ta vie aussi. Que ce soit tout de suite après, ou dans la prison où ils te jetteront tôt ou tard. Tu seras maltraité, défiguré. Tu subiras le courroux de ces monstres, tu souffriras. Tu ne les laisseras pas. Dès que ce sera fini, une autre balle finira dans ta propre tête. Tu l’emporteras avec toi en Enfer. La vengeance qui a trouvé refuge dans tes entrailles gronde, demandant à être assouvie. Tu n’as plus aucune raison d’exister, de toute façon. Elle est partie et a emporté toute ta joie de vivre, tous tes espoirs avec elle. Son absence pèse, elle te ravage impitoyablement de l’intérieur. Durant ces quelques jours qui ont séparé votre première interaction et ce moment précis, tu t’es entraîné sur beaucoup de choses, sous les directives de l’ami qui t’a fourni le pistolet. Tu te sens prêt, l’esprit tranquille. Tu as toujours flirté avec le danger, et aujourd’hui, il te sera fatal. Tapi dans la ruelle sombre, tu attends. Tu dégaines. Tu t’approches. Avant même que l’on t’aperçoit, tu retournes d’où tu viens, contre ton gré, te faisant plaquer la poitrine contre le mur, te faisant retenir les bras derrière ton dos. Tu te débats, tu pleures l’impuissance, tu pleures l’ire qui ne s’évacuera jamais. C’est déjà terminé. Ils t’ont repéré avant que tu ne puisses faire quoique ce soit, et maintenant, tu vas finir sur le caniveau, comme elle, sans pouvoir honorer sa mémoire. On te somme de te calmer, on te rassure qu’on est de ton côté. Tu le fixes, médusé. Il te parle, il t’explique. Tu t’y prends mal. Il y a un meilleur moyen. Tu l’écoutes. Il te convainc.

Jamais tu n’aurais cru devoir te remettre à la police. Tu t’es toujours méfié des forces de l’ordre, persuadé qu’ils viennent toujours du côté des riches, de ceux qui possèdent le plus de moyens. Mais il s’est avéré que vous avez des ennemis en commun. Ils t’ont contacté, ils ont compris, eux aussi. Ils voient clair dans le jeu de ces infâmes scélérats. Ils comptent sur toi. Pour infiltrer, pour rassembler des informations. Un mouchard. C’est à ça que tu es réduit désormais. Owen aime les garçons, ce n’est un secret pour personne, l’autre qui t’a rallié à sa cause t’a persuadé qu’avec ta gueule d’ange, tu pourrais facilement le faire tomber dans le panneau. C’est lui qui envoyait les enveloppes. Tu en es sûr. Terrassé par le poids de ses actes répréhensibles. Ou peut-être essaie-t-il de t’acheter. Peut-être pense-t-il qu’un jour, il pourra se délester de sa culpabilité, il pourra soulager sa conscience. Tu l’attends au tournant. Un faux pas, et tu l’auras, et ils l’auront. Lui et ceux qui lui servent de parents. Lui et les horreurs inqualifiables qui l’entourent. Son argent sale, il peut se le foutre là où il pense. Tu l’as refusé, et tu feras mine de l’accepter quand tu arriveras à l’atteindre, quand la façade avec laquelle tu te pareras arrivera à le soumettre à ton emprise. Tu te souilleras pour arriver à tes fins. Tu prétendras qu’il te plaît. Ils croient que ce n’est pas bien difficile vu comment il est agréable à regarder. Ils ne te connaissent pas. Ils ne savent pas ce que ça va te coûter. Mais pour elle, tu le feras. Pour elle, tu ferais tout, autant à la vie qu’à la mort.

Tes yeux s’ouvrent, les lunettes les protègent du vent. Grisé par la dégringolade, tu te laisses faire, les bras étendus, ailes temporaires, libératrices. Tous tes soucis s’en vont, la mélancolie se métamorphose en exaltation. Tourner dans le vide. Une tentation momentanée. Ne pas ouvrir le parachute. T’écraser lourdement sur le sol, être fidèle à ce que tu es vraiment, devenir à l’extérieur les ruines que tu es à l’intérieur. Mais tu ne peux pas. Pas encore. D’abord le détruire, les détruire. De toute façon, pour les amateurs comme toi, il doit se déployer automatiquement à un moment critique. Emporté au gré de tes envies, tu dévales des couches invisibles, tu sens le changement qui opère à chaque fois. Et bien plus tôt que tu ne le crois, tu es déjà en bas, et tu te redresses sur tes deux jambes qui tremblent encore un peu. Il se rapproche, et tu dois remettre le masque en place, tu dois prétendre que tout va bien, que tu es heureux, que tu es reconnaissant. Que chaque parcelle de ton épiderme ne l’abhorre pas totalement et incontestablement. Le sourire vient s’afficher, hypocrite, et tu as à peine le temps de reprendre ton souffle qu’il te le coupe avec un baiser passionné qui te fait trembler malgré toi. Tu t’écœures. De faire ça, d’aimer ça. Pourtant, ce n’est pas optionnel, tu dois jouer le jeu. Et le fait que ça te plaise est plus fort que toi.
Il te demande si tu as apprécié.
Tu lui réponds que c’était génial et que ça aurait été mieux s’il t’avait accompagné.
Il te demande pourquoi tu pleures.
Tu lui réponds que c’est parce que tu penses à ta sœur.
Il te prend dans ses bras.
Tu t’y blottis tandis que ton cœur bat.
Plus fort que tu ne le voudrais.
Plus violemment que tu ne l’escomptais.
Il périra.
Tu te vengeras.