(nobody said it was easy) - (délai 24/03)

Une larme qui s'écoule pour une brise qui la fige avant de la chasser. La morsure du froid te rappelle qu'en dépit du trou béant qui berce désormais ta poitrine, la terre continue de tourner. Elle continue de vivre au rythme d'un quotidien qui ne sera désormais plus jamais le même et auquel tu te devras faire face car même s'il est venu à disparaître une partie de lui vit à travers toi mais également en ce qui vous lie l'un à l'autre, le cadeau le plus précieux qu'il est pu te donner : votre fille. Quelques mois à peine, mais elle ne comprendrait pas. Tu lui parles et tu continuerais de lui parler de celui qui était son père. La croyance en l'existence des anges n'est qu'un leurre, une image chimérique et illusoire pour apaiser la perte, le manque. Embellir une image qui dépeint toute autre chose que ce cercueil brun recouvert du drapeau américain qui descend vers une profondeur qu'il rejoint. Les anges sont-ils injustes  de le rappeler à leurs cotés ? Donner sa vie au prix d'une autre ? L'honneur devrait minimiser la tristesse, atténuer la perte mais il n'en est rien. Ethan était à l'aube d'une apogée celui d'être père, balayant tous ses projets, les vôtres mais tu sais en ton for intérieur ce qu'il t'aurait murmurer à l'oreille. Tu y songes tellement fort, avec tellement de conviction que cette déchirure de vérité est brutale. Tes paupières se ferment alors que deux autres larmes coulent le long de tes joues. Tu presses fortement les yeux afin de chasser cette vision de  ta tête quand bien tu sais qu'elle demeure réelle et bien encrée dans le marbre ainsi que sur le papier. Tu les rouvres avant de te t'avancer et de déposer une brindille de lilas blanc sur l'épitaphe, la fleur témoin de bons nombres de souvenirs mais également de votre première rencontre. A l'époque de cette dernière, il n'éprouvait aucun intérêt pour les plantes en générale mais depuis les choses avaient changés et elles changeaient malgré tout encore. Tu restes là un instant à regarder davantage le cercueil s'enfoncer lentement dans la terre mais une pression sur ta main te ramène au moment présent. Ton frère te considère d'une expression soucieuse qui traduit en silence l'inquiétude qu'il a ton égard, mais il te serre dans ses bras en une étreinte fraternelle et protectrice à la fois. Ta famille a toujours su se soutenir les uns et les autres, tu as toujours pris du recul gérant tes propres soucis seule, prenant ceux des autres à bras le corps. L'écoute attentive, la confidente tu étais cette camarade seulement aujourd'hui, tu te devais d'apprendre à communiquer et laisser quelqu'un d'autre t'épauler. Bien que tu sois proche  de ta famille, Jacob a toujours su se montrer persistant pour te montrer qu'il n'était pas près de te laisser tomber. Il ne dit rien, il sait que c'est inutile tu sais déjà l'essentiel. En hochant lentement la tête, tu observes ton père qui tient dans ses bras ta fille de quelques mois. La tête posée sur l'épaule de son grand-père, elle est bien loin saisir toute la portée de ce rassemblement funéraire et d'une certaine manière c'est un soulagement. Tu recules de quelques pas, les traits de ton visage impassible si ce n'est que le sentiment de tristesse et de vide te gagne de plus en plus. Neve s'approche de toi avant de te prendre à ton tour dans ses bras, un soutien on ne peut plus confiant qui t'apportait beaucoup. Les marques de condoléances ne font que se réitérer encore et encore jusqu'à ce que les parents d'Ethan viennent à leur tour partager leur chagrin. « Surtout, ma chérie si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite surtout pas. ». Te confie la mère d'Ethan avant de déposer une bise sur ta joue, ses deux mains serrant les tiennes. Sa famille a toujours été des plus accueillantes, des plus ouvertes, des parents fiers de leur fils unique. Elle te serre une dernière fois  avec bienveillance alors que son mari te considère d'un sourire emplit de douleur et de force à la fois. «  Lorsque vous aurez un peu de temps, toi et Lussy venaient nous rendre une petite visite d'accord ? Cela nous fera plaisir. ». Te dit-il t'offrant une brève étreinte avant de quitter les lieux non sans entendre le chagrin de ton ex belle-mère reprendre le dessus. Le visage un brin trop blanc, les cernes présentent sous tes yeux, le stress et le manque de sommeil sont des freins mais tu feins l'ensemble de ces détails, tu ne peux te laisser aller. Tu ne peux pas, tu n'as pas le droit. Les mains dans les poches de ta veste de laine noire, tu soupires lorsqu'un représentant de la SEAL s'avance en te remettant une médaille et les honneurs à titre posthume. Tu baisses la tête sur ce que tu tiens désormais entre tes mains, des honneurs qu'il ne pourrait avoir mais qui serait un vestige précieux pour les partager plus tard avec Lussy. Une dualité entre colère et souffrance fait rage à l'intérieur de ta conscience, mais tu te dois de la dominer. « Ethan était un homme d'une droiture et d'un courage sans faille, vous pouvez être fier de lui et de vous également Ava. Je sais que nous nous connaissons que très peu mais  à travers chacune de ses paroles, son équipe et moi-même savons combien vous étiez importante pour lui dans sa vie. Ce ne sont que des mots mais toutes mes condoléances. Prenez soin de vous et de votre petite fille. ». Te dit-il avec un profond respect avant de poser une main sur ton épaule et de quitter à son tour les lieux. La vie est injuste, elle n'épargne personne. Cependant les anges ne t'avaient pas abandonnés, il y avait Lussy, il y avait toi. Toutes les deux toujours ensemble.

La sonnerie quotidienne de la fin des cours retentit tandis que tous les visages enfantins de ta classe se figent avant que les bavardages ne fusent à nouveau. Tu te lèves en mettant un doigt sur ta bouge pour les inciter au silence avant de rejoindre ton bureau. Le silence d'un maître mot dont ils ont chacun la connaissance. Tu balayes d'un regard attentif l'ensemble de tes élèves et quelques uns ont le coin de la bouche rieur. « Bien vous pouvez sortir, n'oubliez rien en partant surtout ! ». Leur dis-tu en souriant tout les regardant quitter précipitamment la salle de classe sans omettre de te souhaiter un très bon week end. D'ici quelques mois, tes jeunes élèves rejoindraient les bancs du collège pour une classe supérieure où ils auront tout à prouver et à découvrir en même temps. A cette pensée, tu ne peux t'empêcher de songer à ta propre fille qui bientôt entrera en dernière année de maternelle. Une vague de mélancolie te gagne doucement lorsque ton cellulaire vibre de manière tonitruante dans le tiroir de ton bureau. Sortant de tes pensées, tu ouvres le tiroir pour prendre l'appel rapidement sans prendre le temps de noter l'émetteur de ton appel. « Ava ?! ». Une voix coutumière, catégorique et chaleureuse à la fois cela ne pouvait être que ta meilleure amie. Cette dernière allait très bientôt avoir la bague au doigt, de quoi la rendre heureuse et énergique d'où sa dynamique de ces derniers jours. « Oui, oui je suis là et je t'écoute. ». Dis-tu tout en enfilant ta veste bleue et de prendre ton sac et de quitter l'établissement scolaire. Tu devais aller récupérer Lussy à l'école et préparer la cuisine avec elle pour l'anniversaire d'une de ses camarades de classe. Une activité que mère et fille appréciait énormément, un temps où tu voyais combien elle n'avait cessé de grandir et de ressembler à son père. « Il faut que tu viennes ce soir, fait un effort. ». Revoilà Neve qui revient au galop pour une soirée entre fille à laquelle tu modifiais quelque peu les règles. Un bon quart d'heure et une négociation en ta faveur plus tard, c'est les mains dans la farine et le rire de Lussy qui accompagne la conversation. Ses boucles brunettes rassemblée en une haute queue de cheval accusent rebondissent alors qu'elle secoue la tête d'un geste négatif, un rire cristallin éclairant son visage malicieux. Elle te racontait avec enthousiasme le métier de pompier qu'exerçait le père de sa camarade. « Alors, je lui ais dis que mon papa était membre de l'armée mais qu'il n'était plus là … ». Te dit-elle tout en déposant ses coudes sur le rebord du comptoir en bois de la cuisine. Elle soupire d'un air gêné, signe avant coureur que quelque chose la tracasse. Elle a beau être âgée de seulement quatre ans – presque cinq comme elle insiste souvent – mais son comportement lui donne bien plus. Certains aspect de la disparition de son père lui pèsent, poussant sa curiosité à se révéler. Elle sait que sa famille est loin de se ressemblait à celles de ses amis du même âge mais elle sait également que les autres membres de votre famille comble ce manque. Tu t'avances de l'autre coté de la table de manière à ce que vos yeux se rencontrent. « Qu'est-ce qui se passe ma puce, il s'est passé quelque chose à l'école aujourd'hui ? ». L'interroges-tu légèrement soucieuse. Tu avais déjà une petite idée sur la question mais tu attendais qu'elle s'exprime d'elle-même. « C'est la semaine des pères à l'école, je me demandais si Isaac serait d'accord pour venir ? J'ai déjà demandé à oncle Miles mais il ne peut pas ce jour là. ». Sa moue timide et malicieuse à la fois te rappelle l'esprit espiègle qu'elle tient de son paternel à n'en point douter. Tu esquisses un sourire amusé avant de rire de bon cœur. Cette journée mettait à l'honneur les figures paternelles et le métier qu'il exerçait. Isaac était l'un des amis d'Ethan à l'époque, une amitié qui avait conduit à votre rencontre. Lussy avait l'habitude de passer du temps avec lui et cette idée lui était venu tout naturellement. La spontanéité d'une enfant de bientôt cinq ans. « Le seul moyen de le savoir c'est de lui poser la question Lussy. ». A peine as-tu terminer ta phrase qu'elle s'élance dans le salon avant de revenir munit de ton téléphone portable où elle fait défiler ton répertoire. Une seconde plus tard, elle est en pleine conversation avec Isaac lui-même en pleine réunion. Pour autant, il prend le temps de lui parler à l'autre bout du fil rendant une petite Lussy des plus heureuses.