Et on répare le vitrail

- nom complet : Jim Dust. - âge, date et lieu de naissance : 20 ans. 22 Novembre 1994.  - origines et nationalité : A moitié tout, à moitié rien. Surement américaine, du sang breton, même peut être un peu d'irlande là dedans. En bref, on en sait rien.  - occupation, situation financière :  Jim elle travaille dans une radio. Le nom de la boite, elle l'a jamais su. Combien elle gagne elle sait pas non plus. Elle sait pas vraiment en quoi son  travail consiste, elle a signé le contrat sans même regarder les mots à l'encre noirs, qui jouaient les colonies de fourmis sur des pages et des pages. Elle fait tout et rien à la fois, elle apporte le café, elle passe des coups de fils, dépanne le patron, se contente parfois juste de se mettre dans un coin du studio et d'écouter.. - statut civil : célibataire. ça veut dire solitaire dans ton coeur, ça veut dire surpeuplée dans ton lit peut être, à moins que ça soit un mélange de batarde et solitaire, avec un peu de céli, juste parce qu'il fallait bien un préfixe. - orientation sexuelle : orientée vers le ciel. - traits de caractère : décomplexée - tendre - bordélique - inconsciente - têtue - habitée/passionnée - sans gène - talentueuse - cynique -  - quartier de résidence : Dana Point.  - groupe : Wild rabbit.

my silver spoon has fed me good

✗ Jim elle vendrait son âme pour un vinyle. Elle tuerait pour poser ses doigts sur une Stratocaster.
Pourtant elle chante pas, elle joue pas vraiment, elle compose pas. Elle écrit un peu, rien de transcendant, rien de beau, juste des mots de traviole sur un ticket resto.
Jim son truc, c'est juste le son, celui dont on ne fait rien.
Quand il hurle, quand il tue ses tympans, sur ses genoux le claquement de ses mains,
le son du train dans les tunnels, celui du voisin qui baise encore de l'autre côté de la salle de bain.
Le son de la pluie sur le PVC, des matins tranquilles,
celui de ta cuillère dans ton assiette, celui du diamant sur les vinyles.

✗ Jim elle se contente de marcher le matin parce qu'elle n'a pas le permis. Mais la plupart du temps elle fait du stop, elle adore ça, c'est comme un nouveau monde qui se dessine, avec des gens qui défilent beaucoup trop vite dans les bagnoles. Avec le battement de cœur qui s'accélère toujours un peu, quand tu te penches à la vitre pour voir si t'es tombée sur une mémé gentille ou sur un pédophile.

✗ Jim elle louerait son corps pour qu'on lui donne la main.
Qu'on la prenne, qu'on lui dise encore entre deux coups de reins,
« Vas y petite, t'es presque sur le bon chemin ».
Elle aspire à plus, toujours plus. Déception qui se conjugue au pluriel ensuite.
Déception, déceptions, déceptionS. Et ça s’enchaîne toujours plus vite.

✗ Jim elle a jamais qu'un seul amour, qu'un seul tambour,
qu'une seule main à tenir, à suivre au carrefour.
Jonas c'est pas que son frère, c'est pas que son jumeau.
C'est elle en mieux, c'est Jim en plus beau.
C'est comme si le ciel lui avait donné un astre au lieu d'une putain d'étoile comme les autres ont.
Jonas dans les veines, planté dans l'coeur, standing dans la tête.

✗ Jim on la verra jamais en talons, on la verra jamais en robe ni en jupe, jamais totalement coiffée non plus.

✗ Jim elle déteste le superficiel, la couche de vernis, la couche de crasse,
qui recouvre les gens comme si c'était une carapace.
Donne lui du sec, du râpé, du métallique, du brut, rongé, rogné, défait, rayé.
Elle aime les tordus, quand ils sont beaux d'être scarifiés, camés, paumés,
beaux d'être innocents, intelligents, sages.
Des gens qui rayonnent d'échecs. Qu'éclatent derrière le maquillage.

we kings of cosmopolitan love and nihilistic suffering

Appelle moi fratricide.
[Belmont Springs, hiver]

« .. Ce.. c'était un accident.. Jonas je t'en prie, c'était un accident ! » Jim figée dans les escaliers. Ses ongles qui labourent le bois, ses yeux sec qui lâchent pas des yeux l'autre en bas. « Jonas ! ».
C'est rauque, c'est brisé, ça sonne comme une SOS, comme un appel à l'aide, comme le dernier hurlement d'un loup en cavale. Jim contemple un peu sonnée, le corps étendu au bas des escaliers, aux pieds de Jonas. Ses cheveux bruns comme tout le monde chez les Dust, qui recouvrent le visage d'Anna, la petite, la dernière, la cinquième. Le goût acide de la bile qui remonte dans sa gorge quand ses yeux se posent sur le corps inerte. Tout le monde sait que Jim et Anna ne s'entendaient pas du tout, mais c'était un accident. Un accident bordel! Un putain d'accident.
Un accident.  Jim le répète, Jim le hurle. Jim pleure pas, pourtant c'est bien des larmes de sang qui pleurent en bas de l'escalier. Les yeux de Jonas, son Jonas, qui se vident, qui assassinent, qui ne comprennent pas. Elle dévale en tremblant les marches, s'éloigne du corps de sa soeur, horrifiée, terrifiée.
Elle fait un pas vers lui.
Il en fait deux en arrière.
Bras tendus vers lui. Deux mains qui se tendent, qui supplient. Jonas jette un coup d'oeil sur le sol, recule encore. Ses deux mains là sont meurtrières. Ses deux mains là, qui se jettent vers lui, sont des loups, des fauves en furie. Ces deux mains là se sont un peu les siennes. Celles qu'il chérit, celles qu'il aime.
C'est comme un seul corps qui se sépare en deux.
La foudre qui frappe en plein milieu,
qui détruit les repères, qui répand le feu.
Deux bras tendus, tremblants, suppliants, deux bras morts.
Deux autres fermés, qui crèveraient de la prendre pourtant, de fusionner encore.
Il la regarde sale. Il la regarde meurtrière, assassin. Il la regarde comme un morceau de lui même qui noirci, qu'est habité par le venin. Leurs coeurs qui tambourinent au même rythme.
Jim c'est lui. Elle c'est Jonas.
ça sera toujours ainsi quoi qu'on y fasse.


Appelle moi encore Jim.
[Belmont Springs, trois ans plus tard]

Trois années loin de la maison. Jim en cavale, qui fuit. Jim est partie dans l'heure qui a suivie la mort d'Anna. Le regard éteint de ses parents. C'était même pas un regard de tristesse profonde. C'était de l'inquiétude pour le "qu'en dira-t-on?". Les Dust sont aisés, trop aisés. Une fille riche qui tue sa soeur ça plombe un peu l'image.
Le vide dans les yeux de Jonas.
Surtout Jonas.
Elle s'est barrée, elle a couru,
levé le pouce au coin de la rue,
est montée dans le premier camion qui s'est arrêté, sans pouvoir s'empêcher de regarder dans le rétroviseur.
Sans pouvoir s'empêcher de regarder derrière à s'crever le coeur.
Trois ans a jouer les mortes, les fantomes, sans donner de nouvelles.
Elle est de retour Jim, elle est prête pour la belle.
Retour aux source, aux enfers, retour au ciel.
Jim a pris une chambre dans un hôtel en attendant de trouver mieux.  Elle peut pas encore remettre les pieds là bas. Elle veut pas retrouver les yeux vides de Jonas. Elle l'a pas encore vu. Pas encore croisé.
Elle a beau ne plus être en cavale, elle fuit encore.
Elle fuit la culpabilité, elle fuit la tristesse, elle fuit les remords.
Jonas est-ce que t'as changé?
Est-ce que tu m'aimes encore?
Jonas je suis pas que ta jumelle, pas que ta soeur, je suis toi.
Jonas dis moi que tu m'aimes.



Appelle moi.

Maman a su qu'elle était revenue en ville. Elle a appelé, elle a laissé des messages que Jim ne lira jamais. Elle a plus peur des morts Jim. Anna est morte, c'est de sa faute. Pas fait exprès on dira, mais de sa faute quand même. Elle a plus peur d'Anna, elle est prête pour le deuxième round. Pour danser dans un bar, draguer la lune sur le trottoir et prendre la mort par les cornes, et prendre la vie par le cul.
Jim elle a changée en trois ans.
Ya plus de pinz de ses groupes préférés sur sa veste.
les clopes ont remplacés les chewing-gum, de Jim ya plus que des restes.
Trois ans, qui changent, qui mangent le temps.
On dit adieu virginité,
on remplace les coups de coudes, les coups de pieds,
par des coups de bassin bien assénés.
Trois ans a griffonner sur les tickets de caisse, sur les billets de train,
des mots sans valeurs, des bouts de rien,
qui chantent doucement au rythme des pas qui claquent.
Elle a dit au revoir a la princesse d'avant.
Maintenant y a plus que le son et elle, il se démerde l'argent,
il va voit d'autre poches, il va voir d'autres gens.
Jim elle veut plus rien d'avant.
Avant c'était la mort. Celle avec une faux, celle avec un M majuscule.
Elle veut vivre encore Jim.