can't forget (gigi)

Passer du temps hors de chez eux. Cette vérité était maintenant devenue une nécessité pour Alex. Son couple partait de plus en plus à la dérive et les récents évènements n'arrangeaient en rien la donne. Non, chaque rencontre avec Giulia semblait, au contraire, rendre les choses encore plus compliquées, encore plus difficiles, encore plus douloureuse pour lui. Non, il ne pouvait rien faire, ou plutôt il ne savait plus quoi faire. Ce passé, ce délicat et plaisant passé, ce passé qu'il avait oublié petit à petit, qu'il s'était forcé à ne plus penser parce qu'il resterait à jamais passé lui revenait maintenant à la figure. Revenir quand on ne veut plus de lui, quand on ne veut plus y penser. Quand tout va pour le mieux. Alex devrait être un homme heureux, impatient même de se marier, de fonder une famille, d'avoir des enfants. Impatient d'être cette personne, tout simplement et pourtant tout ce bonheur se perdait un peu, il se trouvait diluer par de nouvelles informations. Par ce passé qui revenait à la surface. Non, l'homme ne pouvait s'empêcher d'y penser, de chercher la vérité derrière les sous-entendus.  Non, il ne pouvait pas continuer sa vie comme si de rien n'était, comme s'il n'avait pas découvert de nouvelles informations. Il en était tout simplement incapable. Ce n'était pas son genre, cela ne le serait jamais. Il ne pouvait se plaire totalement dans sa vie avec Neve maintenant que les doutes envahissaient son esprit. Et si… Ce et si avait fait apparition dans le fil de ses pensées. Et s'il avait tout dit à Giulia à cette époque ? Et s'il ne s'était jamais mis avec Neve. Autant de et si qui ne trouvait en aucun cas sa vérité dans son univers mais qu'il était contraint d'envahisseur. Non, il ne pouvait faire autrement. Elle l'y obligerait. Et cela le détruisait. Parce qu'il était heureux dans son couple, parce qu'il aimait Neve, parce que son avenir semblait tout tracer et même plus que plaisant. Une vie telle qu'il ne l'aurait jamais rêvé tant elle semblait parfaite dans son ensemble. Une perfection qu'il avait longtemps recherché, être heureux en affaire, en amour, être heureux et épanouis dans tous les champs de sa vie. Neve était ce bonheur quasiment parfait, ces moments de joies à n'en plus finir, ses occasions qui jamais ne s'arrêtaient. Elle était cette perfection, une personne qui le complétait à la perfection. Et il l'aimait, c'était une certitude. Mais alors, pourquoi malgré tout cela est-ce que Giulia continuait de s'imposer dans son esprit, continuait de le torturer ? Il ne le savait pas. Mais elle était là. L'empêchant d'avancer, de se projeter dans son mariage dans ces préparatifs qui ne l'avaient jamais inspirés mais que maintenant devenaient une torture. Oui, quelque chose n'allait pas. Quelque chose clochait totalement et Alex avait peur de découvrir de quoi il s'agissait… L'homme se raccrochait à son travail quitte à y passer des nuits. C'était toujours plus facile que d'affronter le regard accusateur de sa fiancée. Oui, beaucoup plus évident. Cette après-midi, l'homme avait simplement envie de se détendre, prendre un petit verre au Nell&Carter's et oublier tout le reste. Tout laisser de côté pour un peu de tranquillité. Oui, c'est tout ce dont il avait envie, tout ce dont il avait besoin un petit verre en compagnie de lui-même, cela était bien plus que suffisant. Malheureusement, le destin semblait ne pas être de son avis puisqu'il l'amenait dans une toute autre direction, puisqu'il amenait sur sa route une toute autre personne. Oui, le destin se jouait de lui pour le faire croiser Giulia et le pire dans cette situation c'est que la demoiselle n'était nullement seule. Non, elle se trouvait en charmante compagnie prête à trouver une nouvelle personne à aimer. Son sang ne faisait qu'un tour. Il ne comprenait pas pourquoi elle agissait de la sorte. Comment elle pouvait un jour lui lâcher une bombe et quelques jours plus tard se trouver en bonne compagnie comme si tout cela ne comptait pas. Oui, la demoiselle s'amusait ce qu'il était loin de trouver amusant. Son couple était approuvé par les récents évènements tandis qu'elle se contenait de rire et de s'amuser. Oh, il aurait été si évident de ne rien dire, de ne rien faire, de simplement laisser la demoiselle en bonne compagnie mais il n'y arrivait en aucun cas. « Bonjour Giulia, quel étrange coïncidence de se retrouver ici en même temps. » Le destin se moquait de lui alors il allait agir de la même manière. « Bonjour je m'appelle Alex je suis un ami de Giulia et vous êtes ? » Il fallait tout de même se présenter et puis, l'homme avait bien envie de découvrir qui était la personne qui prenait place dans le cœur de Giulia. Il en avait le droit pas vrai ?

Fut un temps où Giulia Vescovi ne passait pas un jour sans penser à Alex Martell. Une époque qui la dévorait de l’intérieur, qui remuait ses démons noirs, qui la rendait encore plus aigrie qu’elle ne l’était. Les repas familiaux qu’elle appréciait moyennement en temps normal avaient pris une tournure dramatique dès lors que Neve avait fait son apparition. Un enfer, voilà ce que Giulia Vescovi vivait depuis deux ans désormais. Elle pensait que révéler ses sentiments ne jouerait pas en sa faveur, qu’elle ne pourrait décemment regarder Alex directement dans les yeux sans ressentir ce sentiment d’humiliation profonde et pourtant, ça ne fut pas le cas. Alors que la jeune femme avait violement du s’accommoder à la réponse de l’homme qu’elle aimait, une histoire qui aurait pu s’écrire mais qui, finalement, était passée au travers de la page, Giulia avait finalement pu mettre un point final à cette mascarade rapidement. Enfin, en théorie, c’était ce qu’elle croyait. En pratique, c’était tout autre chose. Une rencontre fortuite lors d’un vernissage avec un jeune doctorant en histoire de l’art avait, en partie, changé la donne. Sam Mulvaney, loin d’être aussi beau qu’Alex, avait su, en quelque sorte, capter l’attention de Giulia. Pas totalement au point d’en oublier sa peine de cœur mais il contribuait grandement à sa guérison. Il ignorait tout de l’histoire, cependant, afin de ne pas compromettre ce que Giulia avait en tête. Enfin, celui qu’elle attendait pour passer à autre chose semblait pointer le bout de son nez. Non, la jeune femme ne s’entichait pas déjà et bien au contraire, elle semblait plus prudente que jamais. L’expérience Alex lui avait ouvert les yeux sur un certain nombre de choses et jamais ô grand jamais elle ne voulait revenir à cette période. Quant à sa relation avec le trentenaire ? Inexistante depuis le tournoi de tennis. Giulia avait même supprimé son numéro de téléphone et celui de Neve de son répertoire une bonne fois pour toute. Quant aux repas dominicaux ? Elle s’y rendait sans grande envie, comme d’habitude, mais elle profitait désormais de la présence d’Alex pour s’impliquer plus en cuisine avec sa mère ou avec son frère cadet Battista. Un changement de comportement qui n’était pas tombé dans l’oreille d’un sourd et qui surprenait même ses propres parents, à tel point qu’ils lui demandèrent directement si la jeune femme ne voyait pas quelqu’un. Elle leur avait répondu non pour le moment, soucieuse de préserver ce qui émergeait peu à peu avec Sam et finirait par leur présenter en temps voulu et ce, peu importait la réaction d’Alex. Il n’avait pas grand-chose à dire de toute façon, lui qui allait se marier. Jusqu’à preuve du contraire, Giulia n’avait jamais émis le moindre doute concernant Neve. Mais pour le moment, la jeune femme ne pensait guère à tout ça. Le vide dans sa tête, ses pensées étaient plutôt tournées vers sa conversation avec Sam, un débat sur l’art de Margaret Keane que le jeune homme avait du mal à saisir. Giulia n’était pas une grande fan de l’artiste mais sa vie l’inspirait, une vie de femme indépendante après avoir passé de très longues années dans l’ombre. « Bonjour Giulia, quel étrange coïncidence de se retrouver ici en même temps. » La jeune femme reconnut aisément la voix de l’homme et sursauta brusquement lorsqu’elle vit Alex à ses côtés. Génial, songea-t-elle, il ne manquait plus que ça. D’un côté se tenait l’homme qu’elle espérait oublier rapidement et de l’autre, celui avec qui elle espérait peut être construire quelque chose pour oublier Alex. Un système complexe qu’elle seule pouvait malheureusement comprendre. Toujours fut-il qu’une gêne la saisit, gêne qu’elle eut du mal à dissimuler. « Hey. Alex ». Ce fut tout ce que la blonde fut capable de prononcer face à un Sam qui les observait alternativement. « Drôle d’endroit oui, je ne savais pas que tu venais là fréquemment. » Pour la première fois depuis longtemps, Giulia parlait normalement. Pas de ton agressif. Pas de sous-entendus. Juste une jeune femme normale, jeune femme qu’elle n’avait pas été depuis longtemps. « Bonjour je m'appelle Alex je suis un ami de Giulia et vous êtes ? » Il plaisantait, sérieux ? Était-ce une blague de mauvais goût qu’il se plaisait à faire comme s’il était son père ? Comme s’il avait le droit de décider qui était bon pour prendre sa place ? Non vraiment, la jeune femme n’en revenait pas. « Sam. Je suis aussi un ami de Giulia. » Un malaise prit place entre les trois jeunes gens. Giulia n’osait pas renchérir, de peur de trahir de nouveau sa couverture. Ou de dire une bêtise qui causerait les deux jeunes hommes de partir. « Je vais y aller, Giu, boulot oblige. On se voit demain ? » « Oui, bien sûr. » Sam lui adressa un bref sourire à elle et à Alex avant de se dérober sans rien dire. Nul doute que la rencontre avec Alex était bien loin de lui plaire. Après le départ de Sam, Giulia resta un long moment sans parler. Elle ne savait sérieusement pas quoi dire. Ni quoi faire. « Tu peux t’asseoir, si tu veux », finit-elle par dire doucement, sans grande envie. « Comment ça va, les préparations du mariage ? Ça avance comme vous voulez ? » Le regard de la jeune femme ne fixait pas l’homme. Elle fixait le vide, cette immensité  qui lui procurait plus d’intérêt qu’Alex. Était-elle prête à entendre les histoires de leur mariage bien heureux, de leur cérémonie plus que parfaite qui se profilait ? Pas vraiment. Giulia pouvait tolérer beaucoup de choses actuellement mais tout ce qui était lié à Alex n’en faisait pas partie.

Voir Giulia était vraiment une chose qu'il ne désirait nullement. Du moins pas maintenant, pas alors que tout était en train de se casser la gueule dans son couple. Alex voulait un peu de silence, un moment de répit et non pas se retrouver en face de celle qui avait compliqué encore davantage son existence. Le pire dans tout cela c'est qu'il n'aurait eu qu'à l'éviter, qu'à la laisser en plan et s'en aller. Elle ne l'avait pas vu et puis même, passer du temps en sa compagnie ne semblait en aucun cas être l'une de ses priorités. Elle évitait cette action comme la peste et il ne pouvait vraiment rien faire contre cela. Il n'avait pas non plus cherché à la revoir depuis l'évènement au match de tennis. Parce qu'elle avait déjà assez souffert par sa faute. Parce qu'il ne voulait pas rajouter une couche alors qu'il y aurait eu tellement de choses à dire. Cette manière de penser rendait sa réaction actuelle encore plus compliquée à comprendre. S'il voulait la laisser en paix pourquoi avait-il été vers elle ? Pourquoi avait-il été incapable de la laisser en paix ? Pourquoi avait-il ressenti ce besoin d'aller vers elle alors qu'elle était en charmante compagnie ? Oh, en toute honnêteté ce comportement était bien loin d'être simplement désintéressé. Non, une part de lui ne pouvait s'empêcher de ne pas apprécier la situation, de ne pas comprendre pourquoi lui devrait continuer à subir le poids de ses révélations tandis qu'elle passait déjà à autre chose. Ce genre de pensées n'était pas celle d'un ami et encore moins celles qu'il lui serait possible de révéler à la belle parce que ce n'était pas beau. Ce n'était pas gentil. C'était un comportement d'une jalousie un peu mauvaise et mal placée. Mais ce n'était qu'une partie de son être, l'homme ne pouvait pas seulement désirer que Gigi n'ait personne. Une part de lui-même était même heureuse pour elle. Mais trop de choses se mélangeaient, trop de choses entraient en ligne de compte. Oui, une part de lui n'appréciait pas l'idée qu'elle tourne aussi facilement la page même s'il ne lui demandait rien, même s'il ne voulait rien, mais si rien était toujours mieux que quelque chose. Parce qu'il n'était pas libre, parce qu'il aimait sa petite amie mais le problème restait le même, encore et toujours, il était définitivement et totalement incapable d'enlever la demoiselle de son esprit. Elle restait dans son être comme une pensée automatique qui refuserait à jamais de s'en aller. « Hey. Alex. Drôle d'endroit oui, je ne savais pas que tu venais là fréquemment.» Ils n'étaient plus Gigi et Alex, simplement deux personnes qui se connaissaient, deux personnes qui se disaient bonjour sans pourtant être véritablement proches. L'homme était toutefois étonné du ton qu'elle adoptait avec lui mais son étonnement était en même temps étrange. Parce qu'il avait pris l'habitude de la voir sortir les griffes, parce que c'était même trop gentil pour eux, pour ce à quoi il était habitué. Quelque chose clochait, alors qu'il aurait dû être totalement heureux que la demoiselle ait réussi à lui parler plus agréablement à trouver quelqu'un, il n'arrivait pas totalement à se réjouir. Non, une part de son être l'en empêchait. Et Alex n'était pas au bout de ses conneries lorsqu'il chercha à savoir qui était l'homme avec Giulia. Il se doutait qu'il était le prochain petit ami en lice et cela ne lui plaisait pas totalement. Il ne le trouvait pas vraiment charmant et puis Sam quel prénom idiot. Et puis elle le voyait demain. Super. En plus il lui paraissait jeune trop jeune, ou peut-être pas finalement, il l'était simplement bien plus que lui… Sam parti, aucun des deux n'osaient ouvrir la bouche comme s'ils avaient peur de découvrir quelque chose, d'apprendre une toute autre vérité. De s'énerver ou peut-être tout simplement de regretter certains mots qui pourraient être prononcés. « Tu peux t'asseoir, si tu veux. Comment ça va, les préparations du mariage ? Ça avance comme vous voulez ? » S'assoir ? Lui parler ? Non, il ne pensait nullement à cela ou plutôt, il ne s'était nullement imaginé le départ de l'autre homme ni ce qu'il pourrait mettre en place. Non, tout ce qu'il savait c'est qu'il ne pouvait faire autrement que de s'asseoir avec son verre même s'il n'avait aucune idée de la tournure que prendrait les évènements. Il ne savait pas quoi dire, pas quoi penser et surtout que dire. La question de la demoiselle était bien loin de laisse indifférent. Elle était encore plus difficile à répondre que les choses ne se passaient pas vraiment de la meilleure des manières qu'il soit. Devait-il s'enfoncer dans le mensonge ou plutôt relever la vérité à la demoiselle ? Il ne savait pas vraiment… « Cela avance moins vite que prévu ma faute j'imagine mais je ne pense pas que tu es aies très envie de t'attarder sur le sujet. » Lui non plus n'en avait pas très envie comment allait-il lui expliquer que depuis le baiser il n'arrivait pas à se mettre totalement dans son mariage, que ce qui auparavant était déjà compliqué était maintenant un enfer et qu'il ne savait nullement comment changer cet état des choses ? Qu'il était en partie coincé et que rien ne pouvait changer la donner, pas maintenant, jamais. « Tu penses présenter bientôt Sam à tes parents ? » Si cela avait déjà été le cas il en aurait entendu parler et comme aucun mot n'était jamais arrivé au détour d'une conversation cela ne devait pas être le cas. Alors oui, il mettait les pieds dans le plat et surtout d'une manière qui ne laissait aucun doute sur ce qu'il avait véritablement en tête. Oui, ce qu'il désirait vraiment savoir c'est si la demoiselle était déjà passée à autre chose même s'il n'avait aucun droit pour se comporter de la sorte. « Il a l'air très sympathique en tout cas ? Il fait quoi dans la vie ? » Alex s'enfonçait dans un comportement qui n'apporterait rien de bon et pourtant il n'arrivait pas à s'en empêcher comme tout ce qui faisait son être le poussait dans cette direction et que rien ne pourrait l'empêcher de faire le chemin inverse. « En tout cas je suis certain qu'il plaira à tes parents, il est beau, sans doute avec une belle situation et puis jeune… Tu devrais l'inviter un dimanche, il plaira à tout le monde pas vrai. » Il savait qu'il allait trop loin et pourtant il n'arrivait plus à s'arrêter, il était vraiment incapable de contrôler le flux qui sortirait de sa bouche et ce que cela pouvait inclure dans son existence. « De toute façon, c'est ainsi que les choses se déroulent pas vrai ? On rencontre quelqu'un, on commence à l'apprécier, on passe du temps en sa compagnie et puis finalement on sort avec lui, on le présente à sa famille, ses amis et il finit par venir aux dîners du dimanche dans une suite totalement naturelle des choses… Sam, Neve, toi et moi à la même table si cela ne serait pas merveilleux. » Le ton de sa dernière phrase ne laissait aucun doute sur ce qu'il avait en tête et combien tout cela se passerait d'une manière plus que difficile, l'homme soupirait conscient qu'il allait loin, bien trop loin mais il était vraiment incapable d'agir autrement. Il ne pouvait en aucun cas s'en empêcher comme si tout ce qui sortait de sa bouche était une connerie de plus… Comment empêcher les choses de dégénérer ? Il n'en savait rien et chaque mot qu'il disait continuait de l'enfoncer dans une mauvaise direction… « Je devrais y aller pas vrai ? Je ne suis qu'un point de ton passé rien de plus. » L'homme était sur le point de se lever lorsqu'il rajouta quelques mots… « J'aurais aimé qu'on puisse être amis… »

« Ravie » n’était guère l’état actuel de Giulia. Elle était tout sauf ravie de revoir Alex avec Sam à ses côtés. D’une part parce que cela rendait la situation peu crédible, d’autre part parce que Sam n’avait aucune idée de ce qui se tramait entre ces deux-là En fait, les deux jeunes gens étaient encore loin de se raconter leurs vies amoureuses respectives et la blonde y voyait là un moyen de repartir à zéro. Pas d’Alex. Pas d’humiliation. Juste une jeune femme ayant terminé ses études à l’université et travaillant modérément pour son premier contrat de travail à durée indéterminée. Rien de plus. Rien de moins. Quant à Alex, il vivait sa vie, loin du problème Giulia. C’était tout ce qu’elle pouvait lui souhaiter, d’être heureux loin d’elle et loin des drames qui rythmaient leur vie depuis quelques mois. Non au lieu de ça, il revenait et la jeune femme mettait les pieds en plein dans les problèmes. Comme à chaque fois. Alex avait donc pris place à ses côtés dans un silence qui n’annonçait rien de bon. Giulia passa en revue la liste des expressions polies qui lui étaient à disposition et décida que prendre rapidement de ses nouvelles fut probablement la meilleure chose à faire. Enfin pas vraiment.  « Cela avance moins vite que prévu ma faute j'imagine mais je ne pense pas que tu es aies très envie de t'attarder sur le sujet. » Voilà. Giulia l’avait cherché, Giulia avait eu sa réponse. Alors au lieu de sortir une énième bêtise par politesse, la jeune femme resta silencieuse et but une gorgée de smoothie plutôt que d’envenimer la situation. « Tu penses présenter bientôt Sam à tes parents ? » La blonde sursauta lorsque cette douce mélodie parvint à ses oreilles. Ainsi, n’y avait-il que ça qui comptait pour Alex ? Parce qu’elle s’affichait avec un jeune homme qui pouvait très bien être son ami de suite il fallait que ça veuille dire beaucoup plus ? Giulia haussa les sourcils et reposa son verre sur la table. « Non. On n’est pas ensemble. », se contenta-t-elle de répondre d’un ton neutre. « Il a l'air très sympathique en tout cas ? Il fait quoi dans la vie ? » Etait-ce une blague de mauvais goût ? La jeune femme laissa échapper un soupir d’exaspération et détourna la tête en direction d’autres clients. Alex l’embarrassait de la pire façon possible. Que cherchait-il au juste ? Voulait-il d’une Giulia plus bas que terre, à souffrir silencieusement pendant que lui prenait du bon temps avec son épouse ? Il était d’un culot monstre, songeait la jeune femme. Un culot monstre qu’il finirait par payer s’il continuait à employer ce ton sarcastique. « Il commence un doctorat en histoire de l’art. » Sa réponse n’était pas plus élaborée et ne le serait pas plus. Pas besoin de s’éterniser sur le sujet. « En tout cas je suis certain qu'il plaira à tes parents, il est beau, sans doute avec une belle situation et puis jeune… Tu devrais l'inviter un dimanche, il plaira à tout le monde pas vrai. » Et il continuait. Il continuait de plus belle. Giulia le trouvait pathétique. D’un calme olympien lorsque l’homme s’était manifesté, elle n’était plus certaine de pouvoir rester aussi sereine s’il continuait à remuer le couteau dans la plaie. Car la plaie n’était clairement pas refermée et Giulia lui en voulait de tout faire pour la replonger dans ce cauchemar qu’elle détestait désormais. « De toute façon, c'est ainsi que les choses se déroulent pas vrai ? On rencontre quelqu'un, on commence à l'apprécier, on passe du temps en sa compagnie et puis finalement on sort avec lui, on le présente à sa famille, ses amis et il finit par venir aux dîners du dimanche dans une suite totalement naturelle des choses… Sam, Neve, toi et moi à la même table si cela ne serait pas merveilleux. » Non, cela ne serait absolument pas merveilleux. Se retrouver à la même table que son ex, marié, avec son copain était loin d’être une situation que Giulia désirait vivre. Elle n’observait pas son interlocuteur directement dans les yeux mais intérieurement, elle bouillait. Même son smoothie qu’elle espérait déguster calmement ne pourrait plus l’apaiser. « Alex… », tenta Giulia, en espérant le calmer. « Je devrais y aller pas vrai ? Je ne suis qu'un point de ton passé rien de plus. » C’en était trop. La blonde bondit de sa chaise, ses mains posées sur la table. « ASSEZ. Tu te fous de moi, ou quoi ? » Le ton de sa voix s’était brutalement durci. Non, Giulia ne continuerait plus d’être civile tant que lui ne l’était pas. Surtout quand il voulait la précipiter de nouveau dans ce tourbillon incessant qu’était la souffrance amoureuse. Son regard s’était également durci et Giulia avait clairement renoncé à être indulgente avec lui. « J'aurais aimé qu'on puisse être amis… » Comme d’habitude, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. « AMIS ?? AMIS… ? », commença-t-elle tout en essayant de garder son calme. La jeune femme était au bord de l’implosion. Alors pour ne pas se donner en spectacle, elle attrapa brusquement la manche de la chemise de l’homme pour l’attirer à part, à l’extérieur, là où on ne les dérangerait pas. « Qu’est-ce que tu veux Alex BORDEL ? Tu veux que je continue à pleurer, à t’envoyer chier, à me sentir plus bas que terre ? Tu veux que je me casse ailleurs, c’est ça ? Tu veux me pousser à bout ? » Une pause, tandis que Giulia essayait de se maîtriser. « NOUS NE SOMMES PAS AMIS POUR LA ENIEME FOIS. JE NE VEUX PAS DE TON AMITIE, JE NE VEUX RIEN DE TOI. » La jeune femme ne cherchait plus à se maîtriser alors elle hurlait, épuisée d’avoir constamment à se justifier. D’abord justifier ses sentiments, maintenant justifier la présence d’un potentiel petit ami à ses côtés. « Tu vas trop loin et là, je ne peux plus le supporter. Alors dégage parce que franchement, je ne sais pas ce qui me retient de t’en mettre une. Tu es un connard et un sans cœur, Alex MARTELLI et tu as dépassé les bornes. Plus JAMAIS tu m’entends, plus JAMAIS tu ne m’adresses la parole. » Et la gorge serrée, Giulia revint à l’intérieur de la bâtisse payer son smoothie avec comme seule envie partir loin de cet être infâme qui ne méritait clairement pas son amour.

Alex ne comprenait pas pourquoi il avait dit tout ce qu'il avait dit. Pourquoi sa bouche continuait de prononcer tous ses mots et faisait, par la même occasion, de la peine à Giulia. Ce n'était nullement ce qu'il cherchait. Juste un contact, juste une occasion pour se revoir, une fois encore, une fois de plus. Une fois où les choses pourraient se passer différemment. Et si cela avait été le cas la tournure des évènements était vraiment loin d'être à son avantage. Il avait tout d'abord réussi à faire fuir l'ami de Giulia qui n'avait rien demandé à personne, qui ne voulait rien demander à personne. Non, il passait du bon temps avec une fille qu'il devait sans nul doute trouver charmante. Une fille avec laquelle il n'aurait surement pas été contre de bien plus, de la découvrir, de l'aimer, de tellement de choses que la donzelle méritait. Tant de choses qu'elle ne possédait pas en ce moment. Alors, pourquoi avait-il agit de la sorte Pourquoi ? Pourquoi avait-il ressenti un besoin si grand de réagir au quart de tour ? Il n'en savait vraiment rien. Il n'était même pas certain de ce qui sortait de ses lèvres. Finalement, il réagissait mais sans aucune certitude. Quelque chose dans le fait de savoir la donzelle en couple ne lui plaisait pas. Quelque chose sonnait faux, terriblement faux. Comme leur conversation sur leur mariage. Une conversation sans sens pour eux deux. Elle ne voulait pas parler de cet évènement et lui, il ne savait plus vraiment où tout cela allait le mener… Il ne s'y investissait pas assez et il y avait cette zone d'ombre que personne n'était en mesure de combler. « Non. On n'est pas ensemble. » Cette réponse le rassurait mais seulement à moitié. Une voix dans sa tête n'arrêtait pas de lui rappeler qu'il y en avait un, qu'il y en aurait d'autres après, qu'il y aurait toujours quelqu'un de plus, d'autres, quelqu'un qui finirait par sortir avec elle, par l'aimer, par l'épouser et finalement par lui offrir son cœur. La demoiselle méritait le bonheur et il désirait la voir heureuse. Ce qu'il ne comprenait nullement c'est que cela le dérangeait en même temps et le fil des mots sortant de sa bouche ne faisait qu'aller dans ce sens. Pris dans sa spirale infernale, il ne regardait même pas l'effet que provoquaient les mots chez la demoiselle et il n'écoutait pas non plus ce qu'elle énonçait sur Sam. Parce qu'au fond ça ne comptait pas vraiment pour lui. Ce n'est qu'après coup qu'il se rendit compte de ses bêtises mais il était trop tard pour tout rattraper. « Alex… » Elle voulait l'arrêter, il voulait s'arrêter mais non, c'était bien trop difficile, bien trop compliqué… Non, il était incapable de s'en aller véritablement et de laisser la porte se refermer sans même savoir qu'elle était ouverte. Non, même ses pensées étaient sans sens… « ASSEZ. Tu te fous de moi, ou quoi ? » L'homme sursauta entre la demoiselle qui venait de se lever d'un seul bon et puis le temps qu'elle employait tout cela ne disait rien qui vaille. C'était même le contraire. Il l'avait mise à bout et pourtant ses mots continuaient, devaient s'acheter par une phrase. Une simple et douce phrase qui voulait dire tant et peu à la fois, tant que même lui n'avait pas conscience de ce que son esprit tentait de lui dire… « AMIS ?? AMIS… ? » Oui cela n'annonçait vraiment rien de bon et le fait qu'elle ressente le besoin de sortir annonçait encore plus de choses mauvaises. Oui, il avait été loin bien trop loin et il ne comprenait nullement ce qu'il lui avait pris. Tout ce qu'il pouvait faire maintenant c'était attendre. Patienter juste un petit peu, laisser l'orage gronder tout en tentant de ne pas trop être blessé. « Qu'est-ce que tu veux Alex BORDEL ? Tu veux que je continue à pleurer, à t'envoyer chier, à me sentir plus bas que terre ? Tu veux que je me casse ailleurs, c'est ça ? Tu veux me pousser à bout ? NOUS NE SOMMES PAS AMIS POUR LA ENIEME FOIS. JE NE VEUX PAS DE TON AMITIE, JE NE VEUX RIEN DE TOI. Tu vas trop loin et là, je ne peux plus le supporter. Alors dégage parce que franchement, je ne sais pas ce qui me retient de t'en mettre une. Tu es un connard et un sans cœur, Alex MARTELLI et tu as dépassé les bornes. Plus JAMAIS tu m'entends, plus JAMAIS tu ne m'adresses la parole. » Et il ne savait pas non plus ce qui la rentait de la taper, de lui faire comprendre qu'il était le pire conard de la terre car c'est ce qu'il était en agissant de la sorte. Il voulait son bonheur mais en même temps il faisait tout son possible pour lui pourrir la vie. Il la privait de toute chance d'être heureuse en intervenant de la sorte… Il ne devait pas faire ça et pourtant il ne pouvait s'en empêcher. Il savait le mal qu'il lui avait fait, qu'il lui faisait encore à cet instant précis et rien ne pourrait changer cela… Alors, il la laissait repartir à l'intérieur. Il éviterait les dîners de famille durant un moment, il lui laisserait de l'espace. Il arrêterait de lui parler, de vouloir la voir, de l'approcher et même de penser à elle. Il était heureux pas vrai ? Amoureux ? Il était en relation avec une femme qu'il appréciait, une femme qui serait toujours géniale avec lui, qui l'aiderait à s'enrichir, qui lui donnerait une famille. Une femme qui lui apporterait toute la stabilité dont un homme de trente ans avait besoin. Neve était géniale et il n'était qu'un idiot pour venir pourrir la vie d'une jeune fille plutôt que de s'occuper de ses futures épousailles. Oui, tout ne tournait pas rond chez Alex Martell et il ne savait que faire pour arranger les choses… Partir, c'était tout ce qui lui restait maintenant. Peut-être que c'était lui qui avait besoin de changer d'air, de passer à autre chose, une nouvelle vie dans une nouvelle ville, un monde loin de tout ce qui pourrait l'amener sur un mauvais chemin, loin de Giulia… Loin de… Pourquoi restait-il sur place ? Son esprit était prêt à partir mais tout son être lui disait de rester, comme un gout d'inachevé dont il n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Un gout de… Oui, il ne lui restait plus qu'à partir. Et ses pas avançaient encore et encore loin de l'endroit, loin d'elle, loin de cette demoiselle qui lui mettait la tête à l'envers qui … Un dernier regard en arrière, un seul regard pour l'apercevoir en train de sortir du bâtiment. Le dernier plan de Giulia Vescovi à qui il rendait maintenant sa liberté…

La porte venait de s'ouvrir et l'homme semblait plus que perdu. Il se trouvait devant cette habitation qu'il connaissait si bien. Il ne prit pas la peine de dire bonjour, encore moins celle de se présenter. Elle le connaissait et il ne pouvait en aucun cas se mettre à parler, pas tout de suite, pas de cette manière, pas alors que tout se brouillait dans son esprit. Quelques secondes, ce fut le temps qu'il mit pour se jeter sur la demoiselle. Sa bouche rencontra la sienne, ses maisons se placèrent autour de son visage, une contre son cou l'autre dans sa chevelure et il l'embrassait. Ses baisers étaient le résultat de tout ce qu'il avait ressenti depuis quelques mois, ce baiser était tout ce qui n'avait pas encore été prononcé. Il appréciait chaque seconde de ce baiser et pourtant il commettait l'une de ses plus grandes erreurs. Parce que la demeure n'était pas la sienne. Parce que la femme qu'il embrassait n'était nullement Neve mais une autre demoiselle qui hantait ses pensées depuis quelques temps, une demoiselle au doux prénom de Giulia… S'il avait pu, il aurait figé le temps à ce moment parfait, laissant de côté tout ce qui allait intervenir maintenant. Toutes les explications qu'il allait devoir donner… S'il avait bien laissé la demoiselle partir durant quelques heures, il n'avait pu s'empêcher de revenir, de sonner chez elle et puis de laisser éclater ce que les mots n'arrivaient pas à définir. Mais le temps du baiser était maintenant terminé, seuls les mots avaient leur place maintenant… « Frappe-moi si ça peut te faire plaisir Giulia, je le mérite sans doute bien davantage que toutes les personnes que tu connais… Je voudrais pouvoir te donner une réponse claire Giulia. J'aimerais te dire ce qui se passe, pourquoi j'agis comme j'agis. » Il marqua une petite pause tandis qu'il n'arrêtait pas de tourner en rond, de faire les cent pas comme pour se donner un courage qu'il ne possédait pas… « Je veux te voir heureuse, je ne veux que ton bonheur mais je ne peux pas m'empêcher d'agir comme un con, de perdre mes moyens quand je te vois avec Sam. Je … J'arrive plus à réfléchir Giulia… J'arrive plus à penser, à même avancer depuis que je sais tout, depuis que tu m'as embrassé ! » Un rire mauvais sortit des lèvres de l'homme, un rire qu'il ne dirigeait à nul autre que lui-même. « Je n'arrive plus à me projeter dans mon mariage. Neve est une femme parfaite, elle est géniale sur tous les points de vue, elle fait de moi un meilleur homme, un meilleur entrepreneur, elle complète à la perfection tous mes défauts. Elle m'offre une stabilité propre à mon âge… Mais elle n'est pas toi ! Et je me hais de penser ça parce que je ne suis pas ce genre de type qui pense à une autre femme que celle avec qui elle est mais … Elle n'est pas toi et je pense à toi et je ne comprends plus rien Giulia. Tu me rends fou, complètement fou, tu m'as toujours rendu fou et je te veux pour cela, parce qu'avec toi, je n'arrive pas à penser correctement, je n'arrive pas à te laisser, à te voir disparaitre alors que je n'ai aucun droit. Alors que je suis heureux et que je devrais te laisser avoir droit au même bonheur mais je n'arrive pas à te laisser partir et …. » Une pause durant laquelle il laissa échapper un soupir. « Et je regrette, je regrette d'avoir laissé la peur que nos familles nous juge m'empêcher d'avoir plus avec toi. Je regrette d'avoir raté notre chance… » L'homme plongea finalement son regard dans le sien… « Maintenant tu peux me frapper aussi fort que tu veux Gigi, je le mérite. » Il en avait dit trop bien trop, jamais plus il ne pourrait revenir en arrière.