- TC N°3 □ COMIC CON ADVENTURES.

Le Comic Con. Un Eldorado pour les gars comme Ren passionnés par les jeux vidéos. PDG de la boîte qui domine le marché dans ce domaine, le jeune homme avait évidemment son invitation gratuite tous les ans pour présenter le dernier jeu produit par sa boîte, mais il en profitait également pour se balader un peu partout, pour assister à des projections et revêtir un costume qu'il aurait voulu porter en vrai pour sauver sa ville des âmes malintentionnées, mais tout ceux connaissant Ren savaient à quel point cette idée était ridicule et impossible. L'année passée, le trentenaire s'était vêtu du costume de l'homme-araignée mais il était malheureusement tellement maigrichon que le juste-au-corps qu'il avait trouvé pour dix euros dans un boui-boui de la ville l'avait rendu encore moins viril qu'il ne l'était au naturel. Cette année il avait décidé de faire les choses différemment et s'était dégoté un costume de Superman, l'un de ses super-héros préférés de tous les temps. Superman était beaucoup plus musclé que lui et afin que le slip rouge ne le fasse pas ressembler à un fou qui s'était habillé à l'envers, Ren avait aussi acheté un déguisement de muscles qu'il comptait glisser sous son costume pour se donner plus de présence. Comme il ne prévoyait jamais les choses, Ren n'essaya son costume que le jour-même du Comic Con, à quelques minutes de partir de chez lui. Et le résultat était... désastreux. N'ayant acheté que des muscles pour le torse, le reste de son corps semblait difforme, et puisqu'en plus il avait choisi une taille XL alors qu'il faisait du M (à cause de sa taille et non pas de son poids, sinon ç'aurait été du S), le tout prenait beaucoup trop de place et donnait l'impression que Ren n'avait pas de cou. Entièrement vêtu de son costume, le jeune PDG s'observa dans le miroir de sa chambre et haussa les épaules. Il ne ressemblait pas à grand-chose, mais pouvait-il faire pire que le Spiderman au Lac des Cygnes de l'année dernière? Et pour une fois qu'il avait des muscles, il n'allait pas refuser cette opportunité. Quelques longues minutes plus tard, Ren était au Comic Con, au milieu de tous ces geeks déguisés, complètement dans son élément, comme un poisson dans l'eau. Un sourire heureux sur le visage, il se déplaçait avec la grace et la légèreté d'un éléphant mais au moins sa bonne humeur se ressentait. C'est quand il remarqua une chevelure rousse qu'il connaissait bien à quelques mètres de lui que son visage se décomposa. Quand leurs regards se croisèrent, Ren paniqua et, incapable de trouver mieux pour se cacher et lui échapper, il se retourna et s'immobilisa, comme si cette simple action suffirait à le rendre transparent.

« Plus haut ta main. » C’est avec un sourire forcé pour son fiancé que Ginger attrapa la main de ce dernier, jusque-là posée sur ses fesses, et la remonta un peu plus haut, dans son dos. « Mon lapin », ajouta-t-elle avec un sourire si grand qu’il était impossible pour ses lèvres de s’étirer davantage. Il était évident qu’Otis prenait un malin plaisir à la torturer à abuser de toutes ces démonstrations d’affection en public, sachant pertinemment qu’elle ne pourrait y émettre la moindre objection avec l’une des ses colères devenues habituelles, pas devant tout ce monde. Pourtant Ginger estimait avoir fait bien assez d’efforts pour en plus devoir supporter toute cette mise en scène. En plus d’avoir accepté de l’accompagner au Comic Con - qui n’était clairement pas son univers - elle avait cédé à son caprice d’y aller costumée, en un personnage dont le nom continuait de lui échapper mais qui lui avait valu de colorer la moitié de sa chevelure rousse en noir corbeau, d’arborer deux couettes ridicules et une tenue d’arlequin qu’elle considérait comme vulgaire (microshort et bas résilles, on avait connu plus classe), sans oublier le maquillage qui allait avec. Autant dire qu’elle était bien assez mal à l’aise sans que le chanteur ne s’amuse en plus à la tripoter. « Et puis tu peux me rappeler ce qu’on est venus faire ici ? Non parce qu’à part me trimballer dans cet accoutrement ridicule et d’avoir tes sales pattes qui traînent sur moi, je vois pas tellement l’utilité. » Même si elle était forcée de reconnaître que cette convention n’était pas si mal, elle qui avait toujours vu cet évènement comme une réunion de personnes un peu étranges aux loisirs tout aussi peu ordinaires. Toutefois, et malgré son agréable surprise, elle ne comprenait pas pourquoi Otis avait voulu qu’ils viennent ici, à se faire des papouilles devant ces gens. Pour son rôle, elle attrapa la main du grand blond et entremêla ses doigts aux siens, balayant la salle du regard jusqu’à croiser celui de la dernière personne qu’elle s’était imaginée croiser en venant ici. « Viens avec moi. » Sans laisser le choix à Otis, Gin l’entraîna avec elle en direction de son meilleur ami, vêtu d’un costume de Superman disproportionné, qui visiblement ne s’était pas attendu non plus à la voir dans les parages. « Tu pensais vraiment passer inaperçu ? Avec -- ça », dit-elle en désignant Ren tout entier tandis que le regard qu’elle lui lança suffisait à montrer combien elle était vexée. Elle aurait dû être ravie de le voir, surtout après toutes les occasions qu’il avait décliné pour passer du temps avec elle, seulement le brun n’aurait pas dû être là. Ni même en Californie, à vrai dire. « J’en déduis par ta présence ici que ta tante va mieux. » Peu intéressée par ce qu’il avait à lui répondre, elle reporta son attention sur son fiancé dont elle enlaça la taille. « C’est l’occasion de vous présenter, du coup. Otis, voici Ren, mon meilleur ami. Ren, Otis. Mon fiancé. » Elle savait qu’il n’approuvait pas cette union mais en véritable gamine contrariée, Ginger avait décidé de le provoquer.

Qu'est-ce que Ginger faisait là? Il n'avait pas choisi ce week-end par hasard pour lui raconter le plus gros bobard de leur amitié mais bien parce qu'il savait qu'il y avait zéro chance de la croiser au Comic-Con et qu'il pourrait ainsi se balader tranquillement tel l'idiot du village sans s'inquiéter de croiser la belle rouquine. Pour le coup il avait très mal calculé et tellement paniqué à l'idée qu'elle le voit, Ren se retourna dès qu'il croisa son regard, ne remarquant même pas avec qui elle était venue à cette convention qu'elle trouvait "débile" (c'était ses mots). Elle n'avait jamais compris pourquoi Ren adorait ce rassemblement "de pauvres geeks" et n'avait surtout jamais accepté de l'y accompagner malgré ses supplications. Les yeux fermés comme si ne pas voir les autres faisait que les autres ne le voyaient pas non plus, il se pinça les lèvres quand la voix de Ginger lui parvint aux oreilles. Pourquoi pas? J'ai croisé au moins dix Superman depuis mon arrivée ici. Il était tout à fait sérieux, bien qu'il était conscient qu'il était aussi le plus ridicule d'entre tous et qu'à cause de ça, il se faisait obligatoirement remarquer dans la foule. Et toi, tu crois que ça te va ce look? La fille du film le porte beaucoup mieux. C'était très bas et surtout très faux. Les premières images de Suicide Squad ne l'avaient pas totalement satisfaits et s'il devait avouer que l'actrice choisie pour interpréter Harley Quinn portait très bien le costume, Ginger était magnifique dans son ensemble. Il la préférait autrement, certes, et ça restait très vulgaire, mais elle aurait pu porter un sac poubelle qu'elle aurait été belle aux yeux de Ren. Des yeux qui ne purent s'empêcher de parcourir le corps de la belle qui n'avait désormais plus de secrets pour lui, bien qu'il essayait de ne la regarder que dans les yeux. Leur nuit ensemble ne signifiait rien, il n'avait fait que lui rendre un service, et en plus de ne pas l'aimer il n'avais pas non plus envie de remettre ça. C'était du moins ce qu'il essayait de se dire car c'était la version de Ginger. Elle va très bien, merci de t'en inquiéter. répondit-il alors que ce n'était pas nécessaire, simplement pour lui montrer qu'il lui faisait la gueule et elle pouvait l'entendre à son ton. Il était tout autant énervé contre elle, pour être là, avec lui, alors qu'elle n'avait jamais pris la peine de lui faire plaisir durant toutes leurs années d'amitié. Quand elle passa son bras autour de la taille d'Otis, Ren serra les dents. On se connaît déjà. répliqua-t-il sèchement en portant machinalement sa main sur sa blessure au niveau de la lèvre, reste de sa bagarre avec le blond devant lui. Enfin j'veux dire, j'ai déjà vu un film de Tintin ici présent. se reprit-il rapidement avant que Ginger ne découvre la vérité. Il n'avait aucune envie de lui dire ce qu'il s'était passé entre son fiancé et lui.

Le Comic-Con, évènement préféré d’Otis. Mieux que Thanksgiving, mieux que Noël. BSCC. Difficile à croire mais, Otis est un nerd, il avait passé son enfance & son adolescence à lire des comics, à jouer aux jeux-vidéos. Venir au BSCC avec sa mère, à l’époque, était le meilleur week-end de sa vie. Le fait que son père refusait de l’accompagner jouant un grand rôle dans son amour pour l’évènement. Personne pour le critiquer, pour lui faire une remarque à la con. C’était devenue une tradition, jusqu’à ses 21 ans, sa mère l’accompagnait ici, il se déguisait en deadpool, Superman, Green Arrow, Jack (Adventure Time) & passait des semaines à préparer son costume. La seule différence aujourd’hui étant qu’il ne payait plus son billet d’entrée, et qu’il faisait en sorte de porter un costume qui cachait son visage pour être tranquille pendant les 3 jours. Son rêve ultime était de se trouver sur scène un jour, pour pouvoir présenter son film. Pas cette année malheureusement. Non, il devait y aller avec Ginger, sa prétendue fiancée. Il avait d’abord demander à sa mère de l’accompagner, comme au bon vieux temps mais cette dernière avait insisté pour qu’il invite le minimoys. Elle avait accepté avant même qu’il n’ai eu besoin de lui dire que ça serait un bon coup de pub, et avait proposé d’y aller en Joker et Harley Quinn, c’était parfait comme costume. D’actualité en plus, avec le tournage de Suicide Squad, même si lui préférait y aller déguisé en Joker d’Heath Ledger, n’étant pas convaincu par les premières images de la version de Jared Leto. Il s’était occupé de tout, et avait même demandé à une maquilleuse professionnelle avec qui il avait travaillé, de faire les finitions, pour que leurs costumes soient parfaits. Restant lui même, il ne pu s’empêcher de faire glisser sa main sur les fesses de Ginger, qui était magnifiquement sexy dans ce costume. Remontant sa main dans le bas de son dos, il la dirigea à l’intérieur, connaissant les couloirs par coeur. « Je me suis lavé les mains avant de venir. » dit-il avec un grand sourire. « Et j’y vais tous les ans. Si tu ne voulais pas venir …» Avant même d’avoir eu le temps de dire quoi que ce soit de plus, la rouquine disparue dans la foule, le trainant au passage pour se retrouver devant un coton-tige qui avait l’air plus que ridicule dans son costume de Superman. Suivant l’échange entre les deux, il fut surpris de voir Ginger se coller un peu plus à lui, elle avait tendant à le fuir. Otis n’était pas stupide, il comprit rapidement qu’il y avait un froid entre sa fiancée & … Ren. Putain, il le connaissait, c’était le connard qui lui avait donné un coup de poing à la course. Sans raison. Un grand sourire sur le visage, il tendit sa main libre en direction du dit Ren. « Otis Paetz, ravi de te rencontrer. » Toujours sa main sur la taille de Ginger, il la regarda du haut de sa tête de plus, un regard amoureux. « Je trouve que tu le portes beaucoup mieux que Margot Robbie moi, mais je ne suis pas objectif, tu le sais. » Un clin d’oeil complice, il se retourna de nouveau vers Ren. Qui n’avait apparement rien dit de leur rencontre. « J'espère que ta tante va mieux. » Entre faire chier le gars qui avait décidé de s’attaquer à son visage parfait, et sa fiancée, son choix était fait.

Ginger fit son plus beau sourire forcé puis leva les yeux au ciel. Comme si elle avait eu véritablement le choix de venir tiens, surtout depuis l’annonce officielle de leurs fiançailles. Contrainte de suivre Otis comme si elle était son ombre, elle ne regretta cependant pas sa venue, ou du moins les premières minutes. Dès qu’elle aperçut Ren, la petite rousse s’empressa d’aller le retrouver, entrainant son fiancé dans la foulée. « Disons que tu es le seul à être aussi disproportionné. Rien d’étonnant venant de toi, tu me diras. » Si l’on pouvait voir l’effort de son meilleur ami à vouloir ressembler au superhéros, le résultat n’en restait pas moins ridicule et typique du beau brun, qui était toujours à côté de la plaque. Toutefois Ginger ne s’était pas attendue à recevoir à son tour une remarque sur son apparence et c’est vexée qu’elle croisa les bras, autant pour montrer son mécontentement que pour cacher son accoutrement. Comment osait-il alors qu’il savait combien elle pouvait manquer de confiance en elle ? Mais Otis rectifia le tir et qu’il le pense ou non, ses propos firent plaisir à la jeune femme qui vint poser ses lèvres sur les siennes pour le remercier. « Tant que ça te plait, c’est tout ce qui compte. » Jamais elle n’aurait pensé se donner en spectacle de la sorte devant Ren mais puisqu’il la cherchait, elle la trouvait. Bien décidée à ne pas se laisser faire, elle présenta les deux hommes et leva une fois de plus les yeux au ciel quand le sujet de la tante revint sur la table. « Je pense que sa tante s’est toujours portée comme un charme. N’est-ce pas, Ren ? » Le voir maintenir cette version devant elle la déçut un peu plus. Elle secoua la tête et s’apprêta à détourner son regard lorsqu’elle remarqua une blessure au niveau de la lèvre de Ren, ce qui lui fit oublier toute colère pour laisser place à de l’inquiétude. Gin lâcha alors Otis et s’approcha de son ami, sa main autour de la mâchoire de ce dernier pour mieux constater les dégâts. « Comment tu t’es fait ça ? Est-ce que ça va ? » Son pouce passa sur la blessure et elle évita toute pression pour ne pas lui faire mal. Lorsqu’elle réalisa leur proximité et combien son geste pouvait être mal interprété par qui ne connaissait rien de leur amitié, elle lâcha sa prise et se recula d’un pas puis croisa à nouveau les bras. « Pourquoi tu m’as menti ? » demanda-t-elle avec beaucoup plus de calme mais attristée qu’il en soit arrivé à ce point avec elle. Puis, alors qu’elle attendait une réponse de son meilleur ami, elle repensa à ce qu’il avait dit un peu plus tôt et quelque chose la frappa. « Attends… Tu as dit on se connait déjà. » Elle se tourna pour jeter un coup d’oeil en direction d’Otis, l’observa pendant de longues secondes puis reporta son attention sur Ren. Venaient-ils tout juste de se moquer d’elle, en prétendant de se rencontrer pour la première fois ?

Ren détestait ce petit jeu évident entre Otis et Ginger. Il connaissait assez sa meilleure amie pour savoir qu'elle le détestait et qu'elle ne faisait ça que pour l'énerver mais il voyait aussi que son compliment lui avait fait plaisir. Un compliment qu'il aurait dû faire s'il n'avait pas été aussi têtu. Gngngngngn. grimaça-t-il les bras croisés, énervé par les propos d'Otis. A vrai dire il l'énervait dès qu'il ouvrait la bouche mais si en plus c'était pour charmer sa meilleure amie alors c'était le pompom. Quand les deux fiancés s'embrassèrent sur la bouche, Ren fit mine de vomir — une idiotie simplement pour masquer à quel point il était blessé par ce geste anodin. Il savait que ce n'était qu'une façade mais il savait aussi que Ginger fantasmait depuis longtemps sur lui et qu'il avait beau être un connard de première, il restait beau, beaucoup plus beau que lui, et n'importe quelle fille le choisirait à sa place. Même Ginger, apparemment. Vous savez que je suis au courant de votre supercherie, hein? Vous êtes pas obligés de vous faire des papouilles devant moi, en plus d'être dégueulasses vous êtes ridicules. Il leva les yeux au ciel pour accentuer son attitude désinvolte qui n'avait rien à voir avec ce qu'il ressentait vraiment. Il avait compris depuis bien longtemps que Ginger l'avait démasqué et que l'alibi de sa tante était tombé à l'eau dès lors qu'elle avait posé le regard sur lui, alors Ren n'allait pas continuer à faire semblant. Qu'est-ce que ça peut t'faire? C'est pas comme si tu m'aurais accompagné de toute façon. dit-il en haussant les épaules, le ton accusateur. Ne réalisait-elle pas ce qu'elle était en train de faire? C'était peut-être idiot mais Ren voyait sa présence ici avec Otis comme une véritable trahison. Il avait toujours voulu lui faire découvrir l'univers du Comic Con tout simplement parce que c'était son univers à lui, et voilà qu'elle y allait avec son fiancé qu'elle n'aimait même pas. Ou du moins c'est ce qu'elle lui avait dit, plus la conversation avançait et plus il se posait des questions sur leur relation. Après tout qu'est-ce qu'il en savait, elle s'était peut-être servie de lui pour se débarrasser de sa virginité et batifoler avec n'importe qui ensuite, Otis le premier. Ouais ça va. répondit-il boudeur, déviant le regard vers la gauche alors que sa mâchoire se resserrait. Il désirait son contact depuis leur nuit ensemble mais il ne voulait rien d'autre qu'elle le lâche à ce moment précis. Finalement elle se rétracta et recula, lui posant la question qu'il redoutait tant. Je sais pas. Et pour la première fois depuis le début de cette conversation, Ren disait la vérité. Il ne savait pas pourquoi il lui avait menti ni pourquoi il ressentait ce besoin de rester le plus loin possible d'elle. Cette nuit aurait dû les rapprocher; au lieu de ça il ne supportait plus d'être à ses côtés et il se détestait pour ça. Hein? Non j'ai rien dit. répliqua-t-il soudainement paniqué, lançant un regard au beau blond devant lui. Il espérait qu'il ne dirait rien et s'il était intelligent il se la fermerait car ce n'était certainement pas Ren qui allait s'en prendre une par Ginger si elle venait à être au courant.

Jouer au fiancé fou amoureux, le rôle de sa vie. Peut-être pas, en tout cas il ne l’espérait pas mais, il était ravi de voir qu’il n’avait aucun problème à se mettre dans la peau du personnage. Et puis, il avait beau adorer faire chier la Ginger, il devait reconnaitre qu’elle avait du répondant, et ça il adorait. S’embrassant, ce qui était une première devant quelqu’un, il garda la rousse proche de lui, ignorant les regards qu’il pouvait y avoir sur eux. Il avait déjà remarqué les deux-trois regards s’arrêtant sur lui, sur eux, plus particulièrement sur lui. Rigolant lorsqu’il entendit Ren grogné, mécontent du spectacle qui s’affichait devant lui, il regardait Ginger avec un regard tendre, et un sourire amoureux. Regard qui disparu lorsqu’il se retourna vers le meilleur ami de sa fiancée, elle lui avait dit, elle avait du ouvrir sa bouche. Pourquoi avait-elle fait ça ? Oui, Miles était au courant de la supercherie, mais Miles n’aurait jamais fait ce genre de remarque en plein milieu d’une foule, là où tout le monde pouvait entendre ce qu’il disait. Ayant envie d’énerver un peu plus le coton-tige, le chanteur garda sa main sur la hanche de Ginger, sans se rapprocher de ses fesses cette fois-ci, il avait bien compris qu’elle n’appréciait pas & ne voulait pas l’énerver devant son meilleur ami, il voulait le faire sortir de ses gonds lui, pas elle. « Oui, je sais que tu es au courant des fiançailles arrangées. Ginger m’a dit qu’elle te l’avait dit. » Mensonge, mais il n’avait aucun problème avec ça. Il mentait aussi bien qu’il respirait. « Mais je dois dire que je suis ravie d’être tombé sur elle, je n’aurais pas pu rêver mieux comme fiancée. » Et allez, il en faisait trop, Ginger ne l’avait jamais encore jamais vu jouer le fiancé amoureux. Déposant un baiser sur le crâne de cette dernière, il estima qu’il n’avait pas besoin de relever la dernière partie de la phrase de Ren. Papouille ? Dégueulasse ? Il avait quoi ? Sept ans ? Il était encore puceau ? Ce qu’il apprécia beaucoup moins par contre, c’était sa fiancée se jetant sur son meilleur ami pour regarder sa blessure à la lèvre. Ils étaient proches, très proches, et il sentait qu’il y avait anguille sous roche, ce qui aurait pu lui passer au dessus de la tête s’ils n’avaient pas été dans un lieu public. Serrant les dents, il ne fit aucune remarque, attendant patiemment que cette dernière reprennent ses esprits & s’éloigne. Et puis Ren était un piètre menteur, il avait lui-même dit qu’ils se connaissaient, il ne pouvait pas faire comme si ce n’était pas le cas. Ginger n’était pas stupide, déjà qu’elle avait relevé ce détail, au plus grand désespoir d’Otis, Ren ne pouvait pas la prendre pour une conne. Et le chanteur n’allait pas le faire. « Pas besoin de lui mentir. » Dit-il en regardant le CEO. «  Se connaître reste un grand mot. On a été présenté rapidement lors de la course automobile. Mais je ne savais pas que c’était ton meilleur ami, donc on peut dire qu’il s’agit de présentation formelle. » Il n’avait qu’un petit sourire sur le visage, il ne servait à rien d’en faire trop à vis-à-vis de ces présentations. Il ne s’agissait que de la vérité en plus, ils avaient été présenté lors de la course automobile, ce n’était cependant qu’une partie de l’histoire. L’autre partie n’avait pas besoin d’arriver aux oreilles de la rousse.

La maturité de Ren fit soupirer Ginger qui secoua la tête, blasée. Quand elle voyait le petit con qu’il pouvait être pour un homme de trente ans, elle se demandait comment ils faisaient pour être amis et surtout comme elle le supportait. Et bien sûr, pour couronner le tout, la discrétion n’était pas l’une des qualités du jeune homme. « T’as beau être au courant, tu n’es pas tout seul à cette convention, Ren. T’es qu’un détail, au cas où tu semblerais l’oublier. » Si elle disait la vérité et qu’Otis et elle devaient s’appliquer pour leurs rôles aux yeux de tous, elle savait aussi que cette formulation n’était qu’un coup bas de plus. Toutefois Otis avait très bien géré la situation même si elle redoutait qu’une fois en tête à tête, il lui remonte les bretelles pour avoir avoué la vérité sur leurs fiançailles à un membre de son entourage autre que la famille. Mais malgré le cinéma qu’il était en train de leur faire, Gin avait confiance en Ren et son silence. « J’aimerais bien te retourner le compliment mais contrairement à ce qu’il en a l’air, Ren n’est pas aussi con et sait très bien que je peux pas t’encadrer », dit-elle avec son plus beau sourire à son fiancé tout en prenant soin de garder un ton assez bas. Ils avaient beau jouer le jeu à fond pour emmerder son meilleur ami, ils n’allaient pas le berner avec quelques belles paroles pour autant. Ce qu’elle entendit ensuite, en revanche, eut le même effet sur elle qu’une claque. Une bonne claque. « Si ça avait été le seul moyen de passer un peu de temps avec toi je serais venue sans hésiter. » La pensait-il aussi superficielle ? Croyait-il vraiment qu’il comptait aussi peu pour elle et qu’elle ne souffrait pas de cette distance récente entre eux, alors qu’elle aurait sauté sur la moindre occasion pour être avec lui, ne serait-ce que quelques minutes ? Bien que blessée, Ginger se précipita vers lui quand elle vit sa blessure mais elle remarqua tout aussi vite qu’il ne semblait pas vouloir d’elle à ses côtés, ce qui lui fit encore plus mal. « Tu ne sais pas… Si tu voulais venir ici, il aurait suffi de me le dire au lieu d’inventer une excuse bidon. Je me serais pas imposée. » Il lui donnait la sensation d’être un élément gênant, comme si sa présence était devenue un fardeau alors qu’elle avait longtemps cru que, tout comme elle avec lui, elle pensait lui être indispensable. Erreur. Déçue, elle retourna auprès d’Otis et passa à nouveau son bras autour de sa taille, cette fois non pas par provocation mais parce qu’elle avait besoin de réconfort. Plus encore lorsqu’elle découvrit qu’une fois de plus, Ren lui avait menti. « Whoa, deux mensonges en moins de cinq minutes. Super. Vraiment, génial. » Elle avait beau chercher, elle ne comprenait pas pourquoi il agissait de la sorte ni à quel moment il avait décidé d’avoir recours au mensonge avec elle. « Il y a d’autres choses que je devrais savoir ? Non parce que là on m’a l’air bien parti donc autant continuer sur cette lancée. Hum ? » À ce stade elle n’essayait même plus de cacher sa déception ou sa colère. Elle ne pouvait plus.

Si Ren préférait ignorer Otis le plus possible, les remarques de sa meilleure amie étaient beaucoup plus importantes. Il avait beau se montrer indifférent, le tout additionné à ces quelques jours à l'ignorer et le mensonge pour sa tante, le jeune PDG se souciait de Ginger et de son avis. Alors quand elle lui jeta à la figure qu'il n'était qu'un détail, une méchanceté gratuite, il se redressa subitement, en alerte. C'était comme ça que ça allait être, entre eux? L'un blessait l'autre alors l'autre se vengeait en lui faisant encore plus mal? Des meilleurs amis n'étaient pas censés fonctionner comme ça. Malgré lui la réplique de Ginger pour remettre Otis à sa place le fit rire — pas un fou rire ni un éclat de rire, simplement un petit rictus moqueur. Oh vraiment? Parce que tu vois, dans mes souvenirs t'as jamais accepté de venir. Si Ginger pensait qu'il lui avait menti pour aller au Comic Con tranquillement, il n'allait pas la contredire; c'était bien mieux que la vérité. Mais cette discussion soulevait un problème bien plus profond. Ce n'est pas que Ren était blessé qu'elle ne soit jamais venue avec lui, c'était pas son truc, il le comprenait et s'éclatait tout seul ou avec ses potes aussi geeks que lui. Ce qui lui faisait du mal c'était sa présence ici, avec Otis. Lui faisait-il tellement honte qu'elle ne voulait pas s'afficher avec lui à un événement si public, qu'elle voulait seulement s'afficher aux bras d'un homme plus grand, plus musclé et plus blond que lui? Il haussa simplement les épaules quand elle continua sur sa lancée. Il n'avait plus rien à lui dire. Elle lui en voulait, il lui en voulait, et ce n'était pas avec Monsieur Tintin qu'ils allaient arranger les choses, ni dans un lieu public au milieu d'une foule de dégénérés — dégénérés dans lesquels Ren se reconnaissaient. Mais quand Otis affirma qu'ils s'étaient déjà rencontrés auparavant, il le fusilla du regard avant d'entendre dans la voix de sa meilleure amie à quel point elle était blessée. Son regard glissa rapidement sur elle et se radoucit instantanément. Il aurait voulu la rassurer, tout lui expliquer, mais ce n'était pas vers lui qu'elle chercha du réconfort. Quand Ren la vit mettre son bras autour d'Otis, il serra les dents et les poings. T'es qu'un fumier. siffla-t-il entre les dents, déviant un regard furieux vers Otis. Ne voyait-il pas que Ginger et lui étaient dans une mauvaise passe et qu'il ne faisait qu'ajouter de l'huile sur le feu? Mais là encore, vu son sourire il était probablement fier de lui. Tu paies rien pour attendre pour t'en reprendre une. Son coup de poing, bien qu'efficace, avait été d'un ridicule comparé à ce qu'Otis lui avait fait subir, mais il était tellement énervé qu'il aurait apprécié lui refaire le portrait. Mais ça lui avait échappé, et quand il croisa le regard plein d'incompréhension de Ginger, il réalisa qu'il avait encore fait une boulette. Et merde... soupira-t-il en se passant une main dans les cheveux, attendant les conséquences de sa révélation.

Otis ne savait pas dans quelle situation il venait de se mettre, mais elle sentait la merde à plein nez. Et il avait horreur de ça. Il était là pour promouvoir son couple, certes mais surtout pour profiter de ces deux jours dans son paradis. Il n’avait aucun cas prévu de se faire pourrir la journée par sa « fiancée » et par le coton tige qu’était Ron. Ou Ren. Il s’en tapait de son prénom. Ce dernier l’insulta de nouveau, menaçant à haute voix qu’il méritait de s’en reprendre une. Otis avait essayé de sauver les meubles, en affirmant qu’il ne servait à rien de mentir, il essayait de rattraper la situation que cet imbécile avait crée. Il était miraculeux qu’il soit encore vivant. Incapable de mentir, incapable de se sortir d’une situation compliquée. Sa mère l’avait bercé trop près du mur ou quoi ? Maintenant ils étaient définitivement dans la merde, et l’attardé l’avait bien compris. L’acteur ne pouvait pas faire de miracle à ce stade, et il avait bien envie de laisser ce dernier se débrouiller dans la situation qu’il avait crée. Maintenant de toute façon Otis allait passer un mauvais moment avec Ginger, qui n’avait pas intérêt à briser le rôle de la fiancée aimante. Sinon il la foutait dans sa voiture & lui demandait de se casser. Personne n’avait le droit de gâcher ces 72h, elles étaient siennes. Regardant la jeune femme dans les yeux, il prit la parole. « Je ne savais pas que c’était ton meilleur ami, je venais de le rencontrer. Il m’a donné un coup de poing sans raison particulière. Je n'ai pas commencé la bagarre. » Il n’avait même pas fait de remarque désobligeante, à l’encontre de Ginger ou de qui que ce soit. Ren avait simplement décidé de lui donner un coup de poing. Otis en avait donné trois. Ren avait encore les marques d’un de ses coups, alors que le chanteur se portait à merveille. S’il avait su qu’il s’agissait du meilleur ami de sa fiancée, il se serait limité à un coup. Histoire de lui rendre la monnaie de sa pièce mais de ne pas en faire trop. « Je vais vous laisser, il semble que vous ayez des choses à vous dire. » Il voulait juste s’éloigner du drama. Et puis il avait remarqué un groupe de jeunes femmes qui le fixaient. Un sourire amoureux, il déposa un baiser sur le front de Ginger et disparu en direction du petit groupe. Les saluant, acceptant de prendre des photos, de signer des autographes, restant pour parler avec elle, il se retrouva rapidement entouré d’un groupe composé d’autant d’homme que de femme. Son bouclier humain contre une fiancée éventuellement en pétard. Il sentait qu’il allait s’en prendre plein la figure, alors qu’il n’avait fait que se défendre après que coton tige l’ai attaqué.

Ginger dévisagea son meilleur ami, consternée par ses propos. Elle comprenait qu’il soit aussi dubitatif puisque comme il l’avait si bien souligné, jamais elle n’avait accepté de l’accompagner à la Comic Con, persuadée qu’elle n’y serait pas à sa place. Ce monde avait toujours été celui de Ren et non pas le sien, mais lui s’était toujours adapté à elle tandis qu’elle n’avait que rarement fait cet effort, et elle s’en rendait compte bien qu’il était trop tard à présent et que l’erreur était faite. Toutefois elle restait sur sa position. Ren était son meilleur ami et avait été sa moitié, son tout au cours de sept dernières années. Il ne s’était pas passé une seule journée sans qu’ils ne se voient ou se parlent alors que maintenant c’est à peine s’ils trouvaient le temps d’échanger quelques mots. Et constater que l’entrepreneur la pensait aussi indifférente à cette situation la blessa. Il lui manquait. Il lui manquait plus que tout, elle le lui montrait, et il s’en fichait. Pire même, il avait décliné toutes les occasions où ils auraient pu passer un peu de temps ensemble. Le message était désormais clair. Elle tenta alors de se concentrer sur Otis et le but de leur sortie avant qu’ils ne rencontrent Ren, mais cet échange prit une toute autre tournure quand le brun enchaîna les mauvais pas et Ginger commença peu à peu à comprendre ce qui était en train de se passer, ou plutôt ce qui avait eu lieu entre les deux hommes. « Pardon ? » demanda-t-elle quand Otis lui résuma les grandes lignes de leur interaction avant de prendre la fuite comme un gros lâche. « Tu restes ici, Otis -- Otis ! » Elle tenta de le retenir par le bras, sans succès. La petite rousse lança alors un regard noir à son fiancé et croisa ses bras maintenant libres. « S’il croit qu’il va s’en tirer comme ça… Qu’il attende seulement qu’on soit rentrés à la maison. » Ginger se tourna à nouveau vers Ren et réalisa qu’elle ne lui avait encore rien dit sur son déménagement chez le chanteur. Comment aurait-elle pu alors qu’il refusait de lui parler ? « Je peux savoir c’est quoi cette histoire ? Depuis quand tu te bats ? Et surtout depuis quand tu frappes les gens ? Non parce qu’apparemment c’est toi qui as commencé en plus de ça. » Il s’agissait plus d’inquiétude que de colère mais à voir les deux gabarits d’Otis et Ren, deviner qui était ressorti vainqueur de cette bagarre n’était pas bien difficile. Plus encore lorsqu’on le voyait le visage blessé du plus fin. Ginger se retint de revenir vers son ami et observa autour d’eux. « Suis-moi. » Elle commença à s’avancer dans la foule et s’arrêta quand elle remarqua que Ren ne lui avait pas emboîté le pas. Le coeur tambourinant contre sa poitrine, elle lui fit un signe de la tête pour l’inciter à venir avec elle, ce qu’il fit enfin. Elle traversa la marée humaine, contourna Otis à qui elle jeta un regard noir, puis attrapa la main de Ren pour l’entraîner vers elle quand elle eut trouvé un coin à l’abris des regards. Il n'en fallut pas plus pour qu'elle reprenne ses vieilles habitudes, laissant ses mains retrouver le visage du brun. « Est-ce que ça va ? » Ginger lui avait déjà posé cette question mais cette fois, elle voulait qu’il lui dise la vérité. « Qu’est-ce qui s’est passé ? Et ne me mens pas cette fois. Il t’a frappé autre part ? » Elle essaya de l’examiner mais impossible de voir quoi que ce soit sous ce costume difforme.

Quand Otis tourna les talons pour fuir vers un groupe plus consistant que le leur, Ren ouvrit la bouche sans qu'aucun son n'en sorte avant de la refermer aussitôt. Il n'arrivait pas à croire que cet imbécile les plantait là après une telle révélation. Inutile de préciser que le PDG redoutait les foudres de sa meilleure amie, qu'il pensait dirigées vers lui à coup sûr. Pourtant elle le surprit à crier contre Otis qui était déjà loin. Légèrement satisfait par le retournement de situation — il préférait largement la voir le détester plutôt que de se lover contre lui — Ren déchanta rapidement quand il comprit que Ginger et Otis habitaient ensemble. Il lui en voulait, encore une fois, de ne lui avoir rien dit, mais comment aurait-elle pu alors qu'il évitait toutes les occasions pour la voir? Tout simplement parce qu'il était trop entiché d'elle et qu'il n'osait plus lui faire face après leur nuit ensemble. Alors Ren ne rajouta rien, il ne releva même pas ce petit indice afin d'éviter de repartir sur une dispute. Il avait beau se tenir éloigné de la jeune femme, son but n'était pas de la perdre définitivement. Il avait simplement besoin de temps pour faire le tri dans sa tête mais cela ne voulait pas dire qu'il aimait se disputer avec elle. Il n'avait jamais aimé ça, ça n'allait pas commencer maintenant. J'ai commencé et si c'était à refaire je lui en mettrais même deux. répondit-il, la mâchoire serrée. Tu vas épouser un connard narcissique. Tu voulais que je fasse quoi, que je lui serre la main et lui souhaite le meilleur? Je peux pas. La voix de Ren était relativement plus douce qu'elle n'avait pu l'être depuis le début de cette conversation. La colère qu'il ressentait envers Otis était toujours présente mais celle envers Ginger se dissipait petit à petit. Il n'avait fait que défendre son honneur ce jour-là et il recommencerait s'il le fallait. Parce qu'il ne supportait pas l'idée que Ginger finisse avec un type comme lui. Quand la rouquine lui tourna les talons pour s'éloigner, Ren resta immobile sans la quitter du regard. Il n'était pas sûr de vouloir la suivre, peu importe où ils allaient. Mais quand elle insista une nouvelle fois, il abdiqua et la suivit d'un pas traînant jusqu'à un petit coin reclus. Mais oui ça va. dit-il une nouvelle fois en tournant la tête sur le côté quand elle prit son visage entre ses mains, comme pour échapper à son toucher. Peut-être. répondit-il, têtu comme il était. Il n'allait pas lui mentir mais comment pouvait-il avouer une défaite aussi cuisante? Me regardes pas comme ça, Ginger. Tu crois que ça me fait plaisir de m'être pris une raclée? J'ai pas besoin que tu me prennes en pitié. Ren avait fait le deuil d'une quelconque relation avec elle et il n'avait pas l'habitude de se soucier de ce que les gens pensaient de lui en général, mais il ne voulait pas se ridiculer encore plus à ses yeux. Il n'avait pas beaucoup d'ego mais il en avait un quand même, et il détestait l'idée de paraître aussi faible devant Ginger. Vous habitez ensemble? Sa voix était douce, presque résolue. Ses épaules, elle, s'affaissèrent quand il posa la question. Il connaissait déjà la réponse, et les conséquences terribles sur son coeur.

« Ren ! » Venait-elle vraiment d’entendre ces mots sortir de la bouche de son ami ? Ginger peinait à y croire, bien que plus rien ne devrait la surprendre venant du brun : elle ne le reconnaissait pas. Il n’était pas le Ren auquel elle tenait tant et qui lui avait manqué, juste un petit con arrogant qui lui faisait perdre patience. « Tu crois que je ne le sais pas déjà ? Crois-moi, il m’a pas fallu beaucoup de temps pour comprendre avec qui je suis censée passer le reste de ma vie. » Ce qu’elle regrettait un peu plus chaque jour. Otis avait beau vendre du rêve dans la presse, c’est très vite que Ginger avait déchanté en découvrant la véritable personnalité de l’artiste. Elle qui avait pensé tout connaître sur son connard de fiancé dès leur premier tête à tête avait dû faire face à la réalité : il était encore pire dans l’intimité. « Tu aurais pu l’ignorer, passer ton chemin, ce que tu veux. Ne fais pas comme si les options manquaient alors que tu aurais pu faire absolument tout sauf le frapper. Je comprends même pas comment t’en es arrivé à penser que c’était une bonne idée. » Non seulement il avait eu un comportement aussi dangereux que ridicule mais en plus il ne faisait clairement pas le poids face à Otis, beaucoup plus costaud que lui. Toutefois elle était forcée d’avouer qu’elle était touchée par le geste, même si le voir aussi affecté par son mariage l’affectait en retour, parce qu’elle savait qu’elle ne pouvait rien faire pour changer quoi que ce soit. Ginger s’isola avec Ren dans l’espoir de s’expliquer avec lui mais aussi de retrouver ce qu’ils avaient toujours été, seulement il la repoussa une fois de plus et la jeune femme sentit son coeur se briser. Elle ignorait ce qui se passait et pourquoi l’entrepreneur avait adopté une telle attitude envers elle; tout ce qu’elle savait était qu’elle détestait ça. La rousse se résolut à le laisser tranquille et le lâcha, se reculant d’un pas. « Parce que tu penses que j’ai pitié de toi ? Vraiment ? Je m’inquiète pour toi, Ren, c’est différent. Mais merci de l’opinion que tu te fais de moi, j’apprécie vraiment. » Elle avait beau vouloir se calmer, elle s’énervait un peu plus chaque fois que son ami ouvrait la bouche. « Tu sais quoi ? Je dégage. Fais ta vie, je fais la mienne. Contente de ravoir revu. » Elle se battait pour rien, faisait face à un mur, et elle en avait marre. S’il voulait qu’elle le laisse tranquille alors soit, il avait gagné. Ginger s’éloigna tout juste de quelques pas puis fut retenue par la voix de Ren, qui l’arrêta dans son élan. « Oui. » La rouquine soupira puis se tourna vers son meilleur ami. « Mais pas par choix. » Mais parce qu’il le fallait. Otis et elle étaient fiancés, vivre sous le même toit était obligatoire s’ils voulaient rendre leur histoire crédible. « J’ai ma chambre, il a la sienne. De même pour toutes les autres pièces sauf la cuisine, où on évite de se croiser le plus possible. Je suis comblée. » Elle ne l’était pas et ne chercha même pas à le cacher. Pas à Ren. « On vit dans le même quartier maintenant. Ce qui aurait facilité les choses pour qu’on passe du temps ensemble, mais je pense qu’on peut faire une croix dessus désormais. » Ginger n’était plus en colère, juste déçue et perdue. Comment les choses avaient-elles pu changer en si peu de temps entre eux, et à ce point ? « Qu’est-ce qui se passe, Ren ? J’ai beau essayer, je comprends pas pourquoi tu m’en veux. Je sais pas ce que je t’ai fait ni pourquoi tu me rejettes. Je -- » Sa gorge se serra tandis que sa vue commença à s’embuer : la jeune femme craquait. Si elle parvenait à supporter toute cette mascarade dans laquelle elle s’était embarquée et le stress qui l’accompagnait, elle ne pouvait pas en faire de même quand il s’agissait de Ren et de cette distance entre eux. C’était au-dessus de ses forces.

Ren haussa les sourcils quand Ginger cria son nom. Il ne voyait pas où était le problème, il était un mec et une bagarre de temps en temps ça n'avait rien de grave. Certes c'était surprenant quand on savait qu'il ne s'était jamais battu de sa vie mais défendre l'honneur de Ginger était une plutôt bonne raison pour commencer. J'ai jamais dit que c'était une bonne idée, juste que j'en avais envie. Il était là avec son sourire suffisant devant moi, je pouvais pas ne rien faire. Ca me tue de savoir que tu vas passer ta vie avec ce connard. Rien que d'en reparler, ça l'énervait. La mâchoire et les poings serrés, Ren jeta un regard noir vers le principal concerné un peu plus loin avant de suivre Ginger au loin. Il voyait la douleur et l'incompréhension dans le regard de son amie quand il détourna la tête mais il était incapable de faire autrement. J'ai perdu, c'était couru d'avance. J'ai pas besoin qu'on en reparle ou que tu m'engueules comme si j'avais fait une bêtise. Il se sentait assez mal comme ça, il n'avait pas besoin qu'elle enfonce le couteau dans la plaie et le fasse se sentir encore plus nul que ce n'était déjà le cas. Ce n'est que quand Ginger baissa les bras et tourna les talons qu'il se rendit compte qu'il agissait peut-être mal. Il savait qu'il se comportait comme un petit con mais ce n'était pas contre elle, il était simplement perdu et pour la première fois de sa vie, la présence de Ginger à ses côtés ne feraient que le perdre un peu plus. Il avait besoin de temps pour remettre de l'ordre dans son esprit. C'est alors qu'il demanda s'ils vivaient ensemble. L'espace d'un instant il crut qu'elle n'allait pas s'arrêter, qu'elle allait le laisser là et l'abandonner totalement. Mais elle finit par se retourner vers lui et lui expliquer la situation. Ca ne le soulageait pas, d'avoir ses soupçons confirmés. Ils avaient beau vivre chacun de leur côté, ils vivaient quand même ensemble. Et la simple idée suffisait à mettre Ren dans tous ses états. Mais sa colère envers Otis se dissipa rapidement quand Ginger avoua être complètement perdue. Il l'avait déjà vue dans des moments vulnérables, après tout ils étaient meilleurs amis et ils avaient vécu beaucoup de choses ensemble, mais jamais il n'avait été la cause de ses larmes. Son coeur se resserra et il soupira, ses épaules s'affaissant au passage. Je suis désolé, Gin'... Il fit un pas vers elle et glissa son bras autour de ses épaules pour la serrer contre lui. Je ne veux pas te faire de mal, j'ai juste la tête ailleurs en ce moment. Je suis désolé... répéta-t-il en la serrant un peu plus contre lui, pour la simple et bonne raison que son costume suffisait à garder une distance entre eux bien trop grande selon Ren. Ignorant le ridicule de la situation à cause de ses faux muscles, il déposa un baiser sur le front de la rouquine puis posa son menton sur sa tête.

Les yeux de la jeune femme regardèrent rapidement autour d’eux pour s’assurer que personne ne prêtait attention à la petite crise que faisait son meilleur ami. Attirer l’attention sur eux était la dernière chose qu’elle souhaitait et elle n’avait aucune envie d’avoir à justifier ce genre de scène. « Eh bien tu vas devoir te faire une raison, c’est tout. Maintenant tu te tais. » Agacée mais surtout préoccupée par l’état de Ren, Ginger l’attira dans un coin plus calme, mais rien ne se passa comme elle l’avait espéré et c’est fatiguée de se battre contre le jeune homme qu’elle baissa les bras et s’apprêta à partir. La rouquine avait toujours été quelqu’un de fier, parfois même trop et refusait de se montrer vulnérable devant qui que ce soit. Sauf Ren. Il connaissait tout d’elle, chaque aspect, chaque réaction, chaque pensée, pourtant il n’avait pas été capable de réaliser combien son attitude envers elle lui faisait mal. Alors c’est malgré elle qu’elle commença à pleurer, baissant aussitôt la tête pour ne plus voir son ami et qu’il n’ait pas à assister à un spectacle aussi ridicule, bien qu’au final c’était plus pour elle que pour lui. Ginger se recula d’abord quand il vint vers elle puis se laissa attirer contre lui, passant tant bien que mal ses bras autour de son corps. Elle le serra à son tour un peu plus fort mais elle eut de plus en plus de mal à respirer, le visage enfoncé dans ces faux muscles. « Ren, j’étouffe. » Les deux meilleurs amis relâchèrent leur étreinte et c’est d’un geste rapide qu’elle tapota sur ses joues humides pour sécher ses larmes sans toucher à son maquillage. Enfin elle renifla un coup, sans aucune grâce ni finesse. « Je peux comprendre mais je préfèrerais que tu me dises que tu as besoin de temps pour toi au lieu de me repousser sans cesse. Je peux pas le supporter. » Être loin de lui et aussi longtemps était déjà bien assez difficile sans qu’en plus il ne la rejette alors oui, elle préférait qu’il lui fasse comprendre qu’il voulait être seul plutôt que de la laisser dans l’ignorance, l’inquiétude, et surtout cette peur qui était de le perdre. « Enlève ça, je veux un vrai câlin. » Sa voix était basse, presque suppliante, car elle avait besoin de ce contact avec lui. « Tu me manques, Ren… » Quand il commença à se débattre, Ginger s’attela à l’aider à se débarrasser de la partie supérieure de son costume et c’est quand il retira ses faux muscles qu’elle remarqua l’ampleur de ses blessures. La rousse se figea, sentit son coeur se serrer et son estomac se tordre, et déglutit difficilement. Elle n’osa même plus venir contre lui, de peur de lui faire, et elle ne put retenir une nouvelle larme de couler sur sa peau. « Ne recommence. S’il te plaît. » Qu’importe si c’était Ren qui avait commencé, à cet instant ce n’était plus à son meilleur ami qu’elle en voulait mais à son fiancé, et elle comptait bien le lui faire payer.