no sex but sea and sun (/benny)

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blood means nothing to us
you're like my brother, you never let me down
@tumblr

Ce jour-là, Asher avait rendez-vous avec l'un de ses plus vieux amis : Benjamin. Ils se connaissaient depuis qu'ils avaient treize ou quatorze ans et avaient grandi ensemble depuis lors. Ensemble, ils avaient traversé une multitude d'épreuves et d'aventures et au fil des années, Benny était devenu comme un frère aux yeux d'Asher, si bien que sa famille l'avait hébergé à de nombreuses reprises. Tous deux étaient plus ou moins issus de la rue et ils avaient finalement réussi à s'en sortir. A la mort du père de Rutherford, Benjamin fut l'un de ses rares supports, sans doute parce qu'il était le mieux placé pour connaître ses points faibles. Quant à Asher, il l'avait aidé avec son fils et sur bien d'autres plans, à croire que malgré les rumeurs, ils possédaient bel et bien un cœur, même si c'était plutôt difficile à reconnaître. Même s'ils étaient différents sur bien des points, ils étaient restés amis malgré les changements dans leurs vies respectives et surtout malgré leurs opinions divergentes sur plusieurs points. Les souvenirs étaient plus forts que tout le reste. Ils n'étaient pas liés par le sang mais n'en demeuraient pas moins de vieux frères. Malgré leurs nouveaux emplois du temps plutôt chargés, les deux jeunes hommes mettaient toujours un point d'honneur à s'accorder un peu de temps dans la semaine pour se tenir au courant des derniers rebondissements et des trames qui rythmaient leurs existences. Rien de bien passionnant, en somme. Enfin, cela dépendait des semaines. Aucun des deux ne pouvait prétendre être sportif de haut niveau, néanmoins, ils se retrouvaient chaque semaine à la plage pour courir un peu, histoire de se donner bonne conscience. Et puis, les sportifs, cela plait aux jolies filles. Et Asher adorait voir Benny entouré de femmes, cela le confortait dans son idée que non, il n'était pas comme toutes ces pédales qu'on peut voir à la télévision et que malgré ce qu'il clamait, il n'était pas gay ni bi ni quoi que ce soit d'autre. Benjamin était un homme, un vrai et point final. Il était hors de question d'en dire davantage à ce sujet. Malgré toute l'affection qu'Asher pouvait lui porter, sa sexualité restait un point délicat à ne pas aborder parce qu'en réalité, Rutherford n'aimait pas les homosexuels. Mais il ne s'avouait pas homophobe pour autant, non, non, monsieur n'était pas de ce genre là. Il n'aimait pas les avoir en vue, c'est tout. Quoi qu'il en soit, Asher avait retrouvé son ami une bonne demi heure auparavant. Ensemble, ils avaient parcouru quelques kilomètres le long de la mer et ce n'est qu'une fois à bout de souffle (où plutôt quand ils jugèrent bon de mettre fin à la mascarade) qu'ils se laissèrent tomber dans le sable. Le soleil tapait au dessus d'eux, la météo était clémente et les jolies filles de sortie, que demander de mieux ? « Alors mon Benny, raconte-moi » Dit-il le sourire aux lèvres. Par là, il entendait qu'il voulait tout savoir à propos de ce qui avait bien pu se passer dans sa vie depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus. Asher était allongé, appuyé sur ses coudes, les yeux fermés. Il profitait du beau temps et du vent marin qui caressait sa peau. Tout était parfait. « Et mon filleul, comment il va ? Il me manque, je passerai le voir bientôt. » Ajouta-t-il d'une petite voix apaisée par l'ambiance qui régnait à la plage où il faisait bon de vivre. Il s'imagina un instant avec des enfants, puis il abandonna l'idée. Il n'était pas prêt à devenir père, et encore moins avec une femme comme Lili.

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Courir. Histoire de respirer, juste un peu, de laisser derrière lui, l'espace d'un instant, les tornades qui semblent se causer sur son passage ces derniers temps. Respirer et s'envoler. Ils le font souvent ici. Et certainement, la plage n'est pas le meilleur endroit pour courir. Le sable est un obstacle, du genre qu'il est impossible à contourner. Et les pieds s'enfoncent, et peu importe, sans un mot, sans consacrer grande attention au monde qui l'entoure, il respire. Ou fait de son mieux pour. Il n'a pas souvent de temps pour lui. Et le peu qu'il a est plus souvent consacré à Peter. Mais Asher, c'est... Différent. Une relation qu'il ne saurait juste pas briser. Une des rares relations qu'il ait, et qui ne soit pas négative, qui ne l’entraîne pas plus au fond du gouffre qu'il est déjà. C'est un frère. Et oh, il n'approuve pas de tout ce qu'il a pu faire, mais il s'est fait une place. Et il ne pourra jamais nier que c'est son ami. Probablement plus qu'un ami. Oui, frère est le mot le plus approprié dans leur cas. Il avait été moins que ça a une époque, juste un gamin. Et au milieu de rien, il avait trouvé un îlot, un peu de paix, et réussi à s'y accrocher. S'y accrocher assez pour être invité à un mariage, pour que son fils devienne le filleul d'Asher, pour que toutes ces choses aient du sens. Pourtant, même à lui, il ne prête guère attention, voulant juste vider sa cervelle. Mais peut-être que seul les mots pourront l'aider. Pourtant il ne sait que trop rarement les poser sur les actions. Et comme à chaque fois, la course se finit dans le sable. Tout ceci ne sert pas vraiment à grand chose, pas vu la façon dont ils courent, mais c'est un moment qu'ils partagent après tout. Et il ferme les yeux, récupérant sa bouteille d'eau. Et il le laisse parler un instant. Ne sachant pas vraiment quoi répondre après tout. Lui racontez quoi? Trop de choses sont nouvelles, le prennent de court. Trop de choses font bouger son monde comme une multitude de séismes, en tous les cas, c'est ce qui s'est passé ces derniers jours. Et il sourit pourtant, à la mention de Peter. « T'as intérêt à venir le voir. Je pense qu'il attends tes cadeaux d'anniversaires plus que les miens. » Il grandit trop vite ce gosse. Beaucoup trop vite. Et c'est plus simple de parler de lui, de choses plaisantes, que des choses qui peuvent bouleverser sa vie quand en arrivant, même des années avant, il n'avait jamais rien demandé d'autre que du calme. Quelque chose qui ait du sens. Un boulot qui lui plairait. Une relation stable. Une famille. Une petite maison de banlieue avec une grande cuisine. Toutes ces conneries qu'on lui avait vendues comme un stupide american dream. Et a la place, maintenant, il n'a que Peter a qui s'accrocher. Et Asher aussi, peut-être. C'est la famille qu'il a pu se faire. Et au moins, s’agrippant à ceux-là, il ne tombe plus. Et il redoute le moment ou son gamin aura trop grandi. Le moment ou c'est certain, il le perdra, et il perdra tout. Pourtant il rit. Ne laisse rien paraitre. Il sait qu'il peut être honnête avec Asher. Mais c'est avec lui-même qu'il ne veut pas l'être. « Et chez toi, Lili va bien? »