A ARCHIVER

≈ Turn me on with your electric feel ≈
★★★

Une nouvelle dispute. Celle de trop. « Tu vas où ? » hurlait Lyov à travers la maison, malgré l’heure plus que tardive, tandis que Jenna était en train d’enfiler sa veste, fuyant son regard empli de colère. La dernière fois qu’elle l’avait vu dans cet état, elle s’était ramassé une gifle, elle ne tenait pas vraiment à renouveler cette expérience. Elle claqua la porte sans ménagement après avoir hurlé qu’elle avait besoin d’être seule. Un mensonge. Elle avait juste besoin d’être loin de lui. En ce moment, et ce depuis quelques jours déjà, il n’y avait qu’une seule personne qu’elle avait envie de voir. De revoir. Alors elle grimpa dans sa voiture et fila à vive allure vers ce quartier qu’elle avait appris à connaître ces derniers temps. Sans s’en rendre compte, elle avait pleuré en roulant. Elle savait que ce n’était pas une bonne idée de traîner sa voiture ici, mais elle s’en fichait. Elle se gara sur le parking de ce bar. Elle s’y engouffra presque à la course, comme si sa vie en dépendait. A peine passa-t-elle l’entrée de ce bâtiment que la musique résonna en elle. Pas de guitare, ni de piano mais une musique à la fois électro mais aussi douce. Les battements de cette musique s’alliaient à ceux de son cœur, lui procurant cette sensation étrange de vibration. Elle était vivante. Vivante comme elle ne l’avait pas été depuis qu’elle n’était pas revenue ici. Au milieux de la foule elle se fraya un chemin. Une chemin vers la petite piste de danse, vers la scène plongée dans l’obscurité. Elle se stoppa et ferma un instant les yeux, savourant la musique, savourant chaque battement faisant résonner son cœur. Elle se déhancha à peine, laissant pourtant s’échapper chacune de ses pensées, chacun de ses maux. Et puis, elle se tourna vers ce comptoir. Elle était trop loin pour distinguer les traits de l’homme qui se trouvait de l’autre côté de ce comptoir, pourtant elle pouvait les deviner. Elle s’y aventura presque sur la pointe des pieds. Elle avait chaud. Ce monde, cette musique, ce bar, cet homme. Arrivé à destination, elle grimpa sur l’un des rares tabourets encore libre et s’accouda au comptoir. L’homme qu’elle ne quittait pas du regard était un plus loin, il lui tournait le dos. Il ne mit que quelques secondes à faire volt face, à s’avancer et à croiser son regard. Il la reconnu visiblement en un instant puisque les traits de son visage changèrent. Vraisemblablement professionnel, il finit par s’avancer et faire face à Jenna. « Qu’est ce que tu veux ? » Lui lança-t-il, légèrement hostile. Mais d’une manière irrémédiablement différente de l’hostilité dont pouvait faire preuve Lyov. « Je veux danser. » Elle savait qu’il allait répliquer. Qu’il allait lui rappeler que son boulot était de servir à boire. Pas de lui offrir une danse. « Je veux voyager dans ton monde. Je veux que tu me fasse danser Nolan. Je veux t’entendre chanter. Entendre ta voix. Sentir ton souffle sur ma peau. » C’était sans doute pas le lieux, encore moins le moment. Pourtant c’était là, à cet instant et en ce lieu qu’elle était certaine de le trouver. Qu’elle était certaine de le revoir. Qu’elle savait qu’elle pourrait s’évader le temps de quelques minutes au moins.

≈ Turn me on with your electric feel ≈
★★★

Ses yeux s’ouvrèrent difficilement au retentissement de son téléphone, les paupières lourdes il avait du mal à voir dans l’obscurité qui baignait dans son petit loft. Il répondit difficilement à l’appel du gérant du Rusty Pelican, qui râlait pour le faire venir au vu de la soirée au bar. Nolan se redressa, il était vingt heures et il n’avait aucune idée de l’heure à laquelle il s’était endormi. Une nuit blanche passée à écrire et composer des chansons, exploitant son insomnie créativement est l’une de ses petites habitudes dorénavant. Le jeune homme alluma une lumière, trainant des pieds vers la douche pour finir par s’habiller. La nuit allait être longue et chargée, et il valait mieux s’y préparer. Ce job ne l’intéressait pas plus que ça, mais cet argent il en a besoin pour ne pas risquer des représailles de son fournisseur. Malgré qu’il continue de dealer de temps en temps de l’herbe, Nolan désire indéniablement couper court à cela et en finir une fois pour toute. Sauf que lorsqu’on franchit ce coté obscur aussi facilement, en revenir se révèle être une tache des plus dures. Il n’aurait jamais pensé dealer si on lui avait posé la question une dizaine d’années plus tôt, mais l’argent était devenue une question de survie, ses études –qu’il n’a jamais terminé d’ailleurs-, son loyer et ses factures. Nolan aurait risqué se mettre dans la rue, si cette entrée d’argent garce à la vente ne s’est pas présenté à lui. Aujourd’hui, il est plus vieux, moins déraisonnable, quelques regrets et une vraie envie de s’en sortir. D’ailleurs la dernière chose qu’il fit avant de sortir de chez lui, c’est planquer l’herbe qu’il devait vendre cette semaine. Une petite niche sous l’évier de sa cuisine était conçue pour cela. Ensuite l’artiste se mit derrière le volant de sa vieille Chevrolet noire, et se dirigea directement vers son lieu de travail. Nolan prit le temps de fumer une cigarette dans sa voiture, se préparer mentalement à la foule de ce soir et la quantité de travail qui l’attendait, avant d’entrer dans le bar. Il passa un peu plus d’une heure à faire l’inventaire, ranger le comptoir et réceptionner les courses avant de voir du monde arriver petit à petit. Aux alentours de minuit, le lieu était quasi bondé, une musique un peu chill-out, et une sacrée quantités de commandes à prendre en charge. Le jeune homme n’avait pas trop le temps de penser à autre chose pendant un certain moment passant de droite à gauche, puis il marqua un temps de pause. Ce n’était pas parce qu’il prenait son souffle ou quoique ce soit. Il aperçu ce visage familier, qu’il ne pouvait plus ignorer. Il avait très souvent pensé à elle, mais n’a jamais envisagé l’éventualité de la revoir. Le jeune homme s’avança vers elle, lui lançant d’un ton légèrement hostile « Qu’est ce que tu veux ? » Elle l’a abordé la première fois pour lui soutirer des informations, ce qui le vexe toujours autant. Et malgré la nuit qu’ils ont pu partagé il ne lui fait pas confiance. « Je veux danser. » Répondit-elle, avant de venir ajouter à la suite « Je veux voyager dans ton monde. Je veux que tu me fasses danser Nolan. Je veux t’entendre chanter. Entendre ta voix. Sentir ton souffle sur ma peau. » Il analysa chaque contraction de son visage, elle avait l’air bouleversée et cette proposition et surement sa venue ici étaient des décisions prises sur un coup de tête. Il s’avança vers elle, en attrapant une bouteille de vodka sur son passage. Il posa un verre devant elle, le lui remplit avant de lui dire. « Je peux te servir un verre, parce que c’est ce que je suis censé faire tout ce soir »

En venant ici, dans ce bar qui avait ce don de la faire instantanément évader, Jenna savait pertinemment qu’elle ne serait pas accueilli les bras grands ouverts par celui qu’elle voulait voir. Mais c’était un risque qu’elle avait choisi de prendre. De toute manière, cette nuit serait tout de même mieux dans ce bâtiment plutôt que sous son propre toit, alors elle n’avait rien à perdre. Le sourire qu’elle tenta de dessiner s’effaça un moment, lorsque le jeune homme lui répondit avec cette froideur qui finalement le caractérisait assez bien. Mais ce sourire s’accentua en même temps en elle, lorsqu’elle put parvenir à entendre aussi bien que mal sa voix. Cette voix qui lui semblait si particulière, cette voix qui la faisait vibrer. Malgré ses traits tirés, elle pouvait voir que Nolan scrutait son visage, cherchant sans doute à l’analyser. A tenter de deviner ce qu’elle pouvait bien ficher ici. Elle le vit s’avancer vers elle, toujours ce regard sombre sur son visage, il attrapa une bouteille au passage. Il posa avec ferveur un verre devant la jeune femme avant de ne lui remplir de ce liquide incolore. « Je peux te servir un verre, parce que c’est ce que je suis censé faire tout ce soir » lança le brun à Jenna d’un ton des plus neutre possible. Elle arqua un sourcil tout en portant son verre sous son nez et comprenant que ce que venait de verser le beau barmaid dedans était de la vodka. « Vraiment ? De la vodka ? » En plus d’être un alcool trop fort pour elle, elle n’en appréciait pas le gout, d’autant plus pur. Qu’importe, elle le but d’une traite avant de faire claquer son verre sur le comptoir, attirant ainsi de nouveau l’attention de cet homme se qui trouvait de l’autre côté de celui-ci. « On pourrait croire que tu essais de me saouler. » Un sourire se dessina clairement sur ses lèvres tandis que Nolan lui resservait déjà un second verre. Elle pinça sa lèvre inférieure lorsqu’elle observa avec attention le bras du jeune homme pendant qu’il la resservait. Certains de ses tatouages étaient visibles grâce à ses manches courtes et laissaient deviner l’étendue de ses derniers.  Le souvenir de ceux se trouvant sur le reste de son corps, suffit à Jenna pour la faire légèrement rougir. « Merci » Lança-t-elle avant de lever son verre en direction du brun et de le boire aussi rapidement que le premier. Elle le fit claquer à nouveau sur le comptoir mais cette fois-ci l’éloigna d’elle. Elle se leva du tabouret, tombant sur ses talons et se penchant en avant. « Tant pis. Je vais danser seule. Je te laisse à tes bouteilles. » Sur ce, elle tourna les talons, après avoir laissé un billet sur le comptoir, et retourna sur la petite piste de danse où trop de monde s’entassait déjà. Plus elle avançait, plus Jenna avait chaud. Le monde, ses émotions, l’alcool n’y étaient pas étrangers. Elle se laissa guider par le rythme de la musique, fermant par moment les yeux pour en apprécier chaque vibration. Evidemment son regard ne pouvait s’empêcher de glisser vers ce barmaid, il avait ce truc magnétique en lui que la journaliste ne pouvait pas contrôler. Se trémoussant plus proche que jamais de la foule, elle sentie vers elle une présence plus insistante que les autres. Elle se rendit rapidement compte qu’un homme était venu danser près d’elle. Très près d’elle. Elle joua le jeu. Sans pour autant cesser de jeter des coups d’œil furtifs du côté du bar, rougissant au passage si ce regard brillant croisait malencontreusement le sien. Mais elle ne fut capable de jouer cette mascarade bien longtemps. Une main baladeuse la ramena sur terre. Se retournant vers l’accusé, elle lui lança un regard noir. D’ordinaire franche et à transmettre aisément ses pensées et sentiments, l’alcool l’aidait sûrement à le faire d’autant plus. Elle tourna les talons, elle mourrait de soif. Elle mourrait d’être encore capable de penser à la soirée qu’elle avait passé avant de venir ici. D’encore penser à son mariage, loin d’être idyllique. Tiraillé entre l’envie de s’enfuir et d’aller pleurer dans sa voiture et celle d’aller s’offrir un verre de plus, elle opta pour le verre. Elle opta pour lui. Grimpant à nouveau sur un des rares tabourets encore libre, elle tendit la main pour se faire repérer. Ce qui ne mit qu’une seconde. « Finalement, je préfères t’attendre. Je ne suis pas contre un verre pour me faire patienter. Et puis, puis-ce que c’est la seule chose que tu es en mesure de m’offrir, autant en profiter. » Alors qu’elle est au bord du gouffre à l’intérieur, elle lui sourie.