≡ anything could happen (w/ elsa)

Cover your eyes
So you don't know the secret
I've been trying to hide
© lyrics by ellie goulding.

Comment étais-je arrivé dans cette galère ? Je n'étais définitivement pas le genre de mec à donner rendez-vous. Je ne me souvenais pas avoir expérimenté ce genre de chose auparavant. Je n'étais pas forcément conventionnel, à vrai dire. Je ne supportais pas les couples en terrasse de café et encore moins ceux qui se bécotaient sur les bancs publics, comme disait la chanson. Ce n'était pas par jalousie, loin de là. Je ne les enviais pas, ces gens-là. L'amour n'était pas pour moi. Alors, que faisais-je à la terrasse de ce café, attendant une rousse aux atouts plus que certains ? Si j'étais insensible aux sentiments et à l'amour en général, je n'étais pas insensible à la beauté. Je reconnaissais les belles courbes et les beaux sourires bien que ça me laisse de marbre. La fille que j'attendais répondait à ma définition de la beauté. J'avais apprécié posé les yeux sur elle dès la première fois où je l'avais rencontrée. Dans d'étranges conditions, d'ailleurs. Quelques années plus tôt, autour du corps sans vie de sa vieille tante. Je débutais dans le métier, sans doute plus arrogant que jamais. J'avais choqué sa famille avec mes remarques mais je l'avais vu sourire derrière ses parents, cachant le bas de son visage avec ses mains. Malgré tout, ses yeux n'avaient pas menti, elle riait.

Lorsque j'avais failli la renverser sur le parking du lycée, j'avais entendu ma soeur pousser un cri d'effroi. J'avais levé les yeux au ciel en disant : « C'est bon, je maîtrise. ». Mahault était tout de même sortie de la voiture et avait été s'excuser à ma place auprès de la prof de français totalement paniquée. Voyant que la discussion s'éternisait, j'étais sorti de la voiture en disant : « On ne va pas en faire tout un plat, si ? Pose tes fesses dans la bagnole, Mahault. » Ma jeune soeur avait eu la honte de sa vie et m'avait accusé de ruiner sa vie. Elle avait dit « Si j'ai des sales notes en français pour le reste de l'année, ce sera de ta faute... et bla bla bla. » Une véritable tragédienne grecque. Puis, elle avait fini par lancer : « Invite la à boire un café. » J'avais ronchonné, peut-être lâché quelques insultes. Mahault avait fait son regard de chien battu et j'avais cédé. Je m'étais présenté au lycée et avait dit : « Un café après vos cours, demain après-midi ? Une prof de français, ça finit à quelle heure ? 14h00 ? » Moqueur, je l'étais. Toujours. Mais elle avait accepté donc je devais être plutôt drôle, en fait. Et maintenant, je l'attendais.

Elsa se rappelle encore de la peur qui avait noué son ventre lorsqu'elle avait vu cet immense quatre-quatre foncer droit sur elle. Elle n'avait pas eu le temps de sauter sur le côté, ou plutôt, ses jambes refusaient d'avancer, bloquées par la peur. Heureusement pour la jeune professeur, le conducteur eut le temps de freiner à temps, épargnant ainsi la vie d'Elsa. Alors que se remettait à peine de la frayeur qu'elle venait d'avoir, sa jeune élève était sortie en trombe de la voiture, s'excusant platement. « C'est bon, Mahault. » avait-elle répondu, un sourire poli aux lèvres. Et puis le conducteur avait finalement daigné descendre, et le sourire poli s'était transformé en un rictus plus... moqueur. « Mr. Lannister, j'aurais dû m'en douter. »

Elsa se gara sur le parking le plus proche, puis fit le reste du trajet à pieds, une main sur son sac à main, plus par protection qu'autre chose - bien que son sac ne vaille pas une fortune, et que des milliards de dollars se trouvaient encore moins à l'intérieur. Elle finit par arrivée au lieu de rendez-vous, le repérant facilement au milieu de la foule qui s'était installée en terrasse. Elle ralentit le pas et arriva à sa hauteur, tout sourire. « Bonjour. » dit-elle simplement, en s'installant face à cet homme qui avait mis sa grande-tante en terre, non sans quelques commentaires affreux selon ses parents. Elle souffla discrètement, laissant le silence s'installer petit à petit entre eux. Elsa refusait de l'avouer, mais Loup l'impressionnait. En dehors de Robin, de sa famille et de ses quelques amis, elle avait pour habitude de fréquenter des "banlieusards", des gens comme elle. Et non des personnes qui pourraient acheter son appartement cinq fois le prix de départ. Elle sourit timidement en direction du jeune homme. « Et si on commandait ? »

Cover your eyes
So you don't know the secret
I've been trying to hide
© lyrics by ellie goulding.

Elle était enfin arrivée, tout sourire. Elle eut de la chance de ne pas être en retard. Je détestais les personnes qui se permettaient de ne pas être ponctuelles à leurs rendez-vous. C'était sans doute mon côté maniaque. Ou bien simplement mon entêtement à vouloir tout contrôler, toujours. Le retard était une variable que je détestais devoir prendre en considération. Je l'avais vu arriver de loin, agrippée à son sac comme si elle y trimbalait sa vie. Lorsqu'elle s'installa en face de moi, elle ne le lâcha toujours pas et je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils. « Tu caches les bijoux de ta grande tante ou quoi ? » Rictus un peu moqueur de ma part. Un bonjour était sans doute plus poli mais je n'étais pas du genre à faire dans la norme. Je me fichais un peu de ce que les gens pouvaient penser de moi. Souvent, ils me désignaient comme étant vulgaire, insolent, arrogant. Et franchement, ça me faisait une belle jambe. Ces gens ne valaient pas mieux que moi, j'en étais persuadé. « Garçon. » Je levai rapidement le bras en claquant des doigts pour attirer le garçon de café. Un brin autoritaire. Je n'étais pas du genre à traiter les gens comme des moins que rien pour leur métier mais après tout, ce gars-là était là pour faire son boulot. Rien de plus, rien de moi. Alors papoter avec la belle blonde en terrasse, ce n'était pas censé être dans son programme. « Un demi pour moi. » Il y avait plus chic, comme boisson. Mais j'adorais venir dans ce café, plutôt huppé, et commander la boisson la plus cheap de la carte. « Je paris sur le diabolo violette pour la demoiselle. » lançai-je en questionnant Elsa du regard. « Elle est prof. » ajoutai-je à l'égard du garçon de café. Il n'y avait sans doute que les profs pour boire une telle boisson. Ca ressemblait à une boisson d'un film de Woody Allen, un truc bien intello.