mozart.

   CVIKO PAVLOVIC
   

la musique est un puissant excitant du rêve. la musique est une drogue douce. j’aimerais mourir, rêveur, dans un fauteuil en écoutant soit l’adagio du concerto no 23 en la majeur de mozart, soit, du même, l’andante de son concerto no 21 en ut majeur, musiques au bout desquelles se révéleront à mes yeux pas même étonnés les paysages sublimes de l’au-delà.

ft. benjamin eidem | © pivot et weheartit

   

- nom complet : de son nom, pavlovic, cviko garde la trace d'un patrimoine qui lui est chère. cet accent entre la blanche et la noir, si représentatif de ses origines serbes. un nom qui parle à tout adepte de classique puisque si sa mère est une chanteuse d'opéra connue à travers le monde, c'est son père, actuel chef d'orchestre de l'orchestre royale d'amsterdam, qui a fait toute la renommé des pavlovic.  - âge, date et lieu de naissance : âgé de vingt-deux ans, il est né le onze novembre à belgrade, quelques parts entre quatre heure deux et quatre heure trois. à l'heure où les insomniaques parcourent les rues. - origines et nationalité : aucunes gouttes de sang américaines coulent dans ses veines torturées. seul, la serbie s'échappe des pores de sa peau comme un parfum enivrant. - occupation, situation financière : violoniste talentueux depuis son plus jeune âge, cviko n’a toujours rêvé que de musique et de gloire éternelle à l’image de mozart et beethoven. et après plusieurs années au conservatoire à faire saigner ses doigts de fées, il est devenu le premier violon de l’orchestre philharmonique de new-york. une vraie fierté jusqu’à son burn out. ($$$$$) - statut civil : célibataire endurci. sa carrière avant tout. la musique avant le reste. cviko n’a jamais réellement souhaité se stabiliser. amant de la musique et seulement d’elle, le jeune serbe a toujours éconduit les filles qui s’intéressaient de trop près à lui. - orientation sexuelle : hétérosexuel. - traits de caractère : exigeant. c’est sans doute le premier mot qui viendrait en tête en cherchant à sonder le serbe. on a toujours beaucoup attendu de lui, c’est donc normal qu’il attende beaucoup des autres. son exigence – souvent à la limite de la démesure – le pousse parfois à s’éloigner des gens, à les écarter de sa vie comme on enlèverait la poussière d’un meuble : d’un battement de main, d'un claquement de doigt. sans éprouver une once de remord. une exigence démesurée qui s’insuffle dans l’anxiété qui est continuellement la sienne. la peur ne pas être assez bon. de ne pas en faire trop. d’être derrière. le pousse constamment à être à l’extrême limite de l’épuisement psychologique et physique. la deuxième place n’est pas quelque chose qu’il accepte, tout autant que l’échec est hors de ses principes. on le croit arrogant et dédaigneux, regardant le monde d’un œil critique (vrai en réalité) pour mieux le sonder. c’est pourtant bien loin d’être la vérité. son silence pesant, sa distance protocolaire ne sont le fruit que de ses pensées face à un monde qu’il ne chérit pas. si il voue un culte à la musique parce qu’elle est vraie, sans rature, sans égratignure, ce n’est absolument pas le cas des relations humaines. jugées – par lui-même - fausses et superficielles, cviko ne cherche pas le contact humain, ni ne s’y implique, imposant une limite qu’il est le seul à connaître, sans pour autant être associable. ses rares amis n’échappent pas à la règle, si bien qu’il est souvent très dur de savoir vraiment ce qu’il pense, comme de le voir accepter un compliment ou une simple aide amicale. résolument solitaire, à la bordure du génie, quand il fait entendre sa voix, ce sont souvent des paroles brèves mais cyniques. a l’image d’un anticonformiste qui se voudrait en dehors du temps et des règles qu’imposent cette société qu’il trouve obsolète. mais dans laquelle, il aime tellement briller  - quartier de résidence : center drive.  - groupe : wild rabbit.

gnaw upon my roots:

we kings of cosmopolitan love and nihilistic suffering
 
new-york. trois mois plus tôt.

D’un geste lent, suspendu dans le temps, elle caresse la forme de sa mâchoire. Elle éprouve sa parallèle, les yeux rivés dans les siens, perdant pied à chaque battement de cils. Il se laisse faire, attendri par ce geste si obsolète. Le silence s’instaure entre eux comme un chant de moineaux endormis et un maigre sourire se dessinent sur ses lèvres à elle. Doucement, Cviko effleure le contour de sa bouche, le soupir las. « Pourquoi tu ne m’as pas rappelé ? » Elle souffle et sa voix se brise sur le sérieux du violoniste. Elle essaye de savoir, de chercher au plus profond du serbe les mots qu’il ne souffle pas. Elle cherche mais ne trouve rien d’autre qu’un océan vide, qu’une étendue limpide. Des yeux bleus semblable à des trous noirs venus d’ailleurs. « Ca n’en valait pas la peine. » Il lui répond simplement, gardant le contact de son regard qui se voile devant lui. Son sourire s’efface. Ses doigts se crispent sur sa mâchoire. Elle brise cette caresse d’un battement de main qui rougit la joue du serbe, avant de se blottir aussitôt contre lui. « Ce n’était pas assez bien pour toi ? » Elle connait Cviko. Elle sait qu’il a ce besoin constant, cette façon d’être, propre à l’artiste. Celle de n’être jamais satisfait de rien. Ses yeux verts salés se lèvent sur lui. Elle le maudit, pourtant elle ne peut s’empêcher d’éprouver l’envie insatiable de goûter à sa bouche. Là. Maintenant. Elle aimerait perdre haleine. Succomber à ses baisers. A ses caresses effrontés. Mourir demain. « Non. » qu'il répond en baladant sa main dans son cou. « C'était l'une des meilleurs nuits de mon existence. » Incrédule, elle s'efforce de ne pas sombrer dans ses pulsions qui l’assaillent. « Je crois simplement que tu ne pourras pas me donner plus que ça, sans me décevoir.. et je ne veux pas être déçu. » Bing. Bang. Le coeur de la belle explose en un millier de confettis, brulés par une nuée ardente qu'on appelle : Cviko. Ce même Cviko qui ne laisse transparaitre que les traits secrets de son visage, derrière le masque de sa neutralité déconcertante. Elle attrape sa main, entremêle leurs doigts. Mais il refuse aussitôt se contact, s'écartant simplement d'elle. Il fait rouler le dos de sa main sur les épaules de sa veste, enlevant les plis qu'elle a laissé derrière elle. Elle baisse alors les yeux. « Tu as juste peur.. » Rêve hagard. « Je n'ai pas peur. Je préfère garder le souvenir de cette nuit intact plutôt que d'essayer de le revivre encore une fois, au risque de le ternir. » Le serbe ferme un peu les yeux. Il sait qu'elle ne comprend pas vraiment, mais qu'importe, il ne veut pas la convaincre. Finalement, il s'approche d'elle et dépose un rapide baiser sur son front. Pour la rassurer. Flatter son égo, sa confiance, qu'il devine meurtri. Adieu la belle.

(refrain éternel)

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new-york. deux mois plus tôt.

Le violon tombe au sol. L'inconscient se fait conscient. Cviko disparait sous une tonne de cris surpris, horrifié. Il s'éloigne du réel, comme peter pan laissant son ombre derrière. L'orchestre s'arrête et on se précipite. Cviko. Cviko. Trop de fatigue ou plus que ça. Les deux peut-être. Oui, peut-être.

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belmont springs. aujourd'hui.

Chopin en lointaine ambiance. Les rideaux tirés sur un soleil de plomb, laissant la pénombre s’installer dans l’appartement. Allongé à même le sol, le serbe laisse sa main voler dans l’air. Il dessine les notes du concerto, happé par le rythme lent de la nocturne. Quelques syllabes chantante s’échappent de ses lèvres entre ouverte et il attend, profite, succombe. Son torse se soulève doucement, une respiration lente et contrôlé. Et puis la porte claque. Les talons de sa mère martelle le sol et le font crier. Sans un mot, le serbe reste par terre sous le regard inquiet de madame. « Cviko, il est dix-sept heures. Nous t’attendons. Que fais-tu ? » souffle-t-elle en allant éteindre la musique. La réponse ne tarde pas. « J’attends la mort. Tu ne le vois pas ? » Cynisme dans l’âme. Sa mère ouvre alors les rideaux électriques. Le soleil s’engouffre dans le salon, mange l’obscurité comme un dévoreur d’être. Les yeux de Cviko se plissent. Il déteste le soleil et la chaleur de la californie. Surtout depuis qu’il est obligé d’y séjourner. Péniblement, il se redresse. Il s'efforce de sentir les courants de vie qui circulent sous sa peau, mais les cris de l'âme abandonnée sont plus fort. « Cesse d'en faire toute une pantomime mon chéri. Ce n'est l'histoire que de quelques mois. Tu as besoin de repos. » Qui a payé le médecin pour dire ça ? Pour lui enlever sa sève ? Pour brider ce qu'il est vraiment. Repos forcé. Burn out déclenché. « Je n'ai pas besoin de repos. » soupire le serbe avec l'accent qui est le sien. « La musique n'attends pas. » Sa mère secoue la tête. Elle sait que son fils n'entendra jamais raison et elle s'en inquiéte d'autant plus. Les flacons de xannax vident ne sont que les prémices, que le début du gouffre dans lequel son fils se plonge. Elle a beau dire non, il ne comprend que oui.
Et il ne comprendra toujours que son oui. Jusqu'à la mort.