When the dusk settles in

- nom complet : Ernest Hans Bartels. Comme Ernest Hans Bartels parce qu'il n'y en a pas deux comme lui. Son patronyme n'a aucune histoire à raconter qui ne soit pas de notoriété publique. Le monde s'incline depuis toujours, l'argent pousse sur les arbres des vergers qu'ils collectionnent. Les Bartels, c'est l'Allemagne qui salue et vous invite toujours à faire bonne chère. L'apparat compte bien plus que les tréfonds souvent planqués chichement. Autant de valeurs et de principes désuets qui se révèlent lettres de noblesse. Ernest comme. Un ascendant dont il se contrefout profondément. Hans. Parce que. Voilà tout, question suivante- âge, date et lieu de naissance : vingt sept juillet. à Berlin. sur les terres Bartels comme tous les enfants depuis des générations. Une tradition stupide mais capitale, d'après Gerhardt, doyen et chieur de première heure. - origines et nationalité : allemandes et danoises. Papiers en règle. La bureaucratie est plutôt amourachée des individus qui puent le fric. Suffisamment pour arranger les visas sans qu'un poil vienne tout faisander - occupation, situation financière : financièrement, ça n'est jamais un problème. Jamais. Cependant, palabrer pognon c'est franchement vulgaire. Il vous le dira, avec diplomatie et ce sourire "cause toujours". $$$$$$$$(...)$$$$- peut-être multiplié par dix puissance quelque chose comme...six ? Pour ramasser autant d'argent , il faut globalement être très peu scrupuleux et salement ambitieux. Être un Bartels exhorte à la réussite. Pas vraiment pour rien qu'il a fondé sa propre compagnie et prévoit même une fusion, sous peu. L'argent appelle l'argent. Ernest c'est le produit d'une jeunesse dorée dopée aux meilleures écoles et aux semelles maculées de sang.statut civil : il occupe la première place du classement Challenges, la troisième de Forbes. Il est supposément célibataire parce qu'il garde sa vie privée, privée, Ernest. Aucune conférence de presse encore donnée mais, même si on lui prête une réputation plus que sulfureuse, son coeur n'est plus à prendre. En ce qui la concerne, la certitude est là. Mais il est tel est le pris qui croyait prendre. Fait comme un rat. - orientation sexuelle : les femmes naïades de volupté, dangers aux chevilles fines et aux jambes insolentes. Leurs sourires l'assassinent. Les siens, surtout. - traits de caractère : Ernest, il ne cachera pas sa suffisance et la finesse de son palais. Il a des goûts de luxe. Il a baigné dans l'air imprégné d'une note de rose lorsqu'autour, pour certains, tout s'effondrait. S'il se révèle élitiste, il est aussi compatissant. Chose surprenante, compte tenu les discours grandiloquents servis par les Bartels. S'il est charitable, c'est pour émouvoir le fisc et les rageurs qui pullulent. Ernest, s'il a de l'argent plein les poches, il en connait pourtant la valeur et, ses achats spontanés ont toujours quelque chose de réfléchi. Il délègue, il divise, toujours, pour mieux régner. Combattif, il est d'une possessivité effrayante lorsqu'il s'agit de défendre ce qui est acquis, à lui, labelisé. Estampillé Bartels property. Ernest territorial, Ernest glacial. Ernest imprévisible. Pourtant, il est le parfait gentleman. En amitié, il embarque la pelle, prêt à creuser. En amour, il oublie les œillères.  La perte de son estime est toujours définitive. Trop d'orgueil, trop de rancune. Il n'est pas parfait, Ernest. Tout le monde le sait. Carriériste désabusé capable de tout pour proliférer, prospérer, promouvoir la suprématie Bartels. Surtout bien formaté, Ernest. Bartels dans le sang, jusqu'au bout de ses chaussures italiennes. Jusqu'au bout - motto, le sien. C'est sa parole contre la votre, point - quartier de résidence : bayview valley - groupe : ( king of the jungle )

my silver spoon has fed me good
   Ernest convoite toujours ce qu'il n'a pas. Une vie simple. Sans obligation. La bagnole dernier cri du connard qui déboite à la dernière minute. La femme assise à ses côtés. La clôture blanche. l'herbe et le béton. il n'est pas indécis, juste profondément désintéressé par toutes les pécules qu'il a. Il en veut plus, pour tromper l'ennui ‣ il a du style, Ernest, le style qui coûte aussi cher qu'un mètre carré Londonien ‣ il collectionne les montres. Parce que le temps et sa maudite fuite le rendent soucieux. Et si ? Et s'il n'en faisait rien ? ‣  il a quelques troubles obsessionnels compulsifs. A vous de les trouver. ‣  son sens de l'humour est. Particuliers, dira-t-il. direz-vous ‣ il court. Il ne va jamais à la salle de sport. Il court à en perdre haleine, à s'en déchirer les muscles. Il extériorise comme ça les frustrations du quotidien. C'est moins bien que le sexe, cela dit ‣ les activités extrêmes, toujours ‣ les mondanités - il n'aime pas particulièrement. C'est bon pour les affaires ‣ les bons vins ‣ la littérature anglaise, il ne supporte pas. Ça lui donne envie de vomir ‣  la musique classique , il n'écoute que ça. L'opéra est un lieu qu'il "squatte" souvent. Il est mélomane dans son genre et sponsorise pas mal de jeunes talents ‣  le football celui qui se joue avec les pieds et des vrais crampons ‣  les plats traditionnels allemands : pas son truc, non plus ‣  les chants de noël : pourquoi ? Peux-t-on lui expliquer ? ‣ la mesquinerie, il hait. vous êtes prévenues ‣  les champignons - les comestibles - il s'en fait livrer des caisses, invariablement ‣  Bagdad café, regardez, vous comprendrez ‣ le ski, il ne comprend pas l'intérêt mais, l'hiver, il s'envole vers Courchevel. Aspen et finit par se dorer la pilule à St Barth. ‣  Ernest fonctionne selon une vérité : tout s'achète. donnez-lui un prix. Raisonnable, bien entendu ‣  il est proche de sa famille mais, il en est désormais complètement indépendant ‣  Une sœur et un frère, une flopée de cousins, cousines. Des qu'il n'arrive pas à pifer, des qu'il aimerait voir crever en plein désert, des qu'il apprécie de loin et puis d'autres de près. Bartels, un clan ‣ Ruth, la femme. Sa confidente, celle qui attise la jalousie de ses compagnes. Dire qu'il n'a jamais pensé à la mettre dans son lit serait un véritable mensonge. Étant donné que les hommes pensent au sexe au moins dix-neuf fois par jour... ‣ une ex conquête l'a marqué bien plus qu'aucune  autre. Paige. parce que ça lui a pris un temps fou d'en faire le deuil. Parce qu'inconsciemment, il y était attaché bien plus qu'il ne l'aurait voulu. Bien plus. Bien plus, bien plus encore. ‣ Sa femme de ménage, Rosa, l'a obligé à se mettre à l'espagnol. Après l'achat d'un dico, il compte prendre des cours. Parce qu'il s'en sort plus trop avec ses por favor, buenos dias, mucho et gracias.

J’ai souffert. Je me suis accroché à quelque chose qui fuyait, dérapait sous mes baisers, ma tendresse, et mes tentatives de trouver le vrai.

   « Putain » il crache, l'accent écorchant le gros mot, il enfouit sa tête sous son oreiller, prêt à  demeurer là , en espérant rester dans cette position jusqu'à ce qu'il tombe dans l'coma. Aujourd'hui, c'est le lendemain. Lendemain du jour où Chloe a tout découvert. Alors, son monde où nagent les squales, peut bien aller s'faire foutre. La terre ne s'arrêtera pas de tourner parce qu'il ne se pointera pas au boulot. L'inutile qui lui sert de vice président a grand intérêt à prendre la relève. C'est le moment de prouver à tous les cons vénaux qui travaillent avec lui qu'il sait faire quelque chose de ses dix doigts. « Rosa, refermez les rideaux, s'il vous plait ». La politesse étouffe sa rage. Parce qu'il lui a bien fait comprendre qu'elle ne devait plus entrer dans sa chambre, Rosa. Mais il n'est pas très sûr que leurs accents respectifs n'entrent pas en compétition. Pas sûr qu'elle comprenne les subtilités de la langue de Shakespeare, Rosa. Pas sûr même qu'elle ait sa carte verte. De toute façon, trêve de questionnements, ce n'est pas son problème. Plus son problème. Son problème le hait, actuellement. Il s'agite, sommeil s'est tiré. Ernest, il finit par se redresser. Passant une main lasse sur son visage, tiraillé par l'envie effroyable de s'allumer une clope. Pressante, l'envie. Vitale, presque. Il serait capable, Ernest de désavouer une promesse qu'il s'est fait juste pour se détendre et l'oublier, elle. Parce qu'elle l'oublie déjà, à cet instant. Alors qu'il est assis là comme une loque humaine à se morfondre sur sa putain de propension à aligner les mensonges. Mensonges. Par omission. Sur elle, il voudrait rejeter la faute mais, elle revient : faute, comme un boomerang lui arracher la gueule. Il prend une profonde inspiration, Ernest. Rosa est -encore – là. Elle n'comprend rien, sérieusement ?«  Monsieur Bartels » elle murmure. « Oui , Rosa » ton las, ton sec. Tranchant comme la lame que Chloe lui a planté dans l'coeur. « Quelqu'un est passé ce matin ». Il relève la tête qu'il avait baissé. Ses yeux se fixent sur la masse sombre qui se découpe dans la chambre plongée dans le noir. « ... ». il attend.«  Une jolie dame, elle a déposé un carton lleno de cosas ». Trop tard, il file déjà, manquant de se manger le sol in extremis, les pieds enroulés dans le drap dont il réussit à se défaire. Chloe. «  Quand ? Il y a combien de temps ? ». Il se passe une main fébrile dans les cheveux, mâchoires crispées. « Environs une heure ». Il s'en approche, du carton. Il trône sur la table basse. Piégé. Il le fixe, Ernest. Il sait ce qu'il contient. Il contient les souvenirs qu'elle lui renvoie. Ceux dont elle ne veut plus. Elle lui rend les sourires, les éclats de rires. Nerveux. Il ravale les larmes et le vague à l'âme. Il sait qu'il ne devrait pas, Ernest mais, doucement il s'en détourne, d'ce foutu carton, il ouvre le tiroir du meuble près de lui, fauche avec célérité le paquet de longilignes. Il allume et tire la latte salvatrice. Celle qui doit lui embrumer l'cerveau. Celle qui dit « tant pis ». Ernest. Il est né pour être seul. La seconde qui change tout. Il se ressaisit. Il efface cet épisode de sa vie. Immole le chapitre Chloé. Comme un rien. « Rosa ! » elle accourt, Rosa. « Préparez-moi un costume. Appelez ma secrétaire et dites-lui d'arranger une réunion.». Aujourd'hui, il n'a pas le temps. Pas le temps de larmoyer. C'est un luxe qu'un monarque ne peut pas se payer. Surtout pas un Bartels. Il se répète "tant pis". Juste pour. Juste pour se convaincre. De ne pas la pleurer. Dans une semaine, peut-être, après avoir lécher ses plaies, il décidera, peut-être, de la recontacter. De la reconquérir. De tout raccommoder. Mais là, il dit qu'il s'en fout jusqu'à le ressentir.