dark twisted fantasy >

- nom complet : Holden Gray. Pas le tien. Le nom des autres. Le prénom sur un carnet. T'es le gamin d'une rue, le panier à l'abandon. Le gosse qu'on se refuse à tuer. Orphelinat. Ton identité est la leur - âge, date et lieu de naissance : vingt-six. Parait que tu en fais plus, parfois moins. Age indistinct. Londres, c'est la première terre. 25 décembre. - origines et nationalité : T'es pas d'ici, ni de là-bas. Sans origine. Vu ta gueule, on t'imagine des origines de l'ailleurs. Serbe qu'ils évoquent, toi tu ne sais pas - occupation, situation financière : Artiste. Tu peins, des fresques noires, des tortures qui sortent de ta caboche trouée. Ton art est somptueux mais tu ne le sais pas, tu ne mesure pas ton talent. A la rue que tu vis, au crochet d'un autre, la main qui s'est tendue - statut civil : En laisse. C'est ce qu'il te répète, que tu es à lui, qu'il ne t'abandonnera pas, qu'il t'aime. Tu y crois aux mensonges - orientation sexuelle : les hommes, les plus vieux, les beaux dans leurs costumes soyeux. Tu les suis, eux les rois, eux pour qui tu ploies - traits de caractère : autonome, courageux, créatif, déterminé, débrouillard, franc, empathique, impulsif, influençable, borné, violent, colérique, vulgaire, impatient, insouciant, solitaire.  - quartier de résidence : la rue, ici, partout, jamais au même endroit, pas de toit.  - groupe : underdog.

my silver spoon has fed me good
L’encre au corps, l’aiguille qui perfore. T’as commencé à quinze ans. T’étais trop jeune et surtout bien con. Des figures, des n’importe quoi. T’as le torse bombé en affichant les coups d’aiguilles. Chaque année tu recommences, t’aimes ça, tu ne peux pas t’en passer et peut-être que tu finiras le corps recouvert. Fresque ≡ Une clope aux lèvres, toujours, c’est ton vice, jusqu’à t’en éclater les poumons ≡ Pas de parents. T’es un gosse à l’abandon. Des frères et soeurs, t’en as des dizaines. Pas malheureux. C’est juste que t’es un cabot abandonné, que tu t’accroches au premier venu, que l’abandon, ça te fait chialer ≡ Ton corps que tu vends au plus offrant, à ces chiens enragés ≡ Une moto, une vieille triumph, c’est ta seule possession, le bijou pour lequel tu pourrais crever, la bécane dans laquelle tu verses tout ton fric ≡ La cuisine, c’est ton truc, tu peux faire ce que tu veux, t’inventes, petit chimiste fou. Ca te plait… mais pour les autres, parce que toi, ça t’écoeure la bouffe, tu manges le minimum ≡ Tu vois rien sans lunettes, t’en porte pas, tu trouves ça laid. Tant pis, tu te prends des lampadaires dans la gueule ≡ Collectionneur d’animaux. Tu pèches tout ce que tu peux, les clébards à tes pieds, le confort, et l’assurance ≡ La nuit est à toi. Tu traines, tu te perds. T'aimes pas le soleil, ça te bouffe la peau

we kings of cosmopolitan love and nihilistic suffering
La rue. Les potes. Parfois une clope. Rien à envier aux autres, sa vie, elle est bancale, à la dérive, peut-être qu’il est condamné à crever demain, ou le jour d’après, ça n’a pas d’importance, il avance Holden, il ne se laisse pas abattre, de toute façon, il a connu pire. Les galères, c’est pour lui. La rage aux tripes. Papa et maman sont inconnus, c’est le début de l’histoire, c’est comme ça qu’il se retrouve à l’orphelinat, avec d’autres gosses, d’autres égarés. Ils sont comme lui, à l’abandon, des chiens errants. Gamin qui se construit, gamin qui a l’avenir tracé. Chef cuisinier. C’est ce qu’il veut, les fourneaux, avoir son restaurant, inventer. Et ça s’écroule, parce qu’il n’écoute rien en cours, qu’il n’a pas la patience, que lui mélange tout. Techniques et procédés. Holden ignore, s’en fout de tout ça, des mots, des livres, c’est l’invention qu’il veut. Créer. Les portes se referment. Dix sept-ans et plus rien. Sac à dos à l’épaule. York qui le suit, c’est le boiteux qui tire la langue à chaque pas, un animal à moitié crevé, un compagnon pour les nuits froides. Il est fidèle le sac à puces mais il claque trois mois plus tard. Ne plus compter sur eux. Le dessin. Ça revient. La passion première, celle de l’enfance. Les pages barbouillées de noir. Il ignore les couleurs, n’utilise qu’un feutre et rien d’autre. On lui dit d’apprendre, le tétu refuse. Ecole d’art et autres conneries, il envoie tout voler, les emmerdent.  Les croquis se réfugient dans des carnets, des précieux qu’il garde contre lui mais le dessin, ça ne nourrit pas. Parfois il vend, accepte qu’on pose, ces foutaises pour touristes. Pas assez, jamais suffisant. Holden pense à d’autres solutions, les moins enviables. Ça le regarde de travers. Les potes qui se moquent. Trottoir. Les hommes qui l’accostent, c’est depuis toujours. Paraît qu’il a une belle gueule, de celle qu’on oublie pas, et le corps qu’on veut briser en deux. Ça éclate au visage. La gorge qui brûle. C’est le début. Après, il accepte plus. Les reins qui cravachent. Parfois il pleure le gosse, s’étouffe dans l’oreiller. Ne jamais les revoir, c’est la règle. Jusqu’à lui. Pourquoi lui ?  

Esben. Le prénom de l’homme, de celui qui réclame une autre nuit. Pas violent comme les autres, pas d’envies dégueulasses comme certains. Les mots doux, la politesse, l’amour. Il s’accroche Holden, lui donne tout, se réfugie, chat contre le torse du plus vieux. Animal boiteux. Paraît qu’il a choisi le mauvais, que c’est un truand, des histoires qui circulent, de la prison, un assassin. Il hausse les épaules. Rien à foutre des commérages. Ceinture au cou. Laisse. Il n’a pas compris le gamin, n’a pas saisit qu’il était tombé dans les pattes d’un diable amoureux.